Pourquoi c’est culte #2 : Diam’s
Plus de 10 ans après la sortie de son dernier album “S.O.S”, Diam’s reste l’un des emblèmes du rap et de la scène française en général. À son actif, seulement quatre opus mais des dizaines de punchlines et de refrains tous plus efficaces les uns que les autres. Ayant fait ses adieux à une scène médiatique qui lui a tout apporté aussi bien dans le positif que le négatif, Diam’s est désormais redevenue Mélanie mais elle a laissé derrière elle un héritage culte qui continuera de traverser les années.
Pour beaucoup, c’est en 2003 et avec le titre “DJ” que Diam’s a commencé sa carrière. Affirmant haut et fort qu’elle est une femme différente, loin des stéréotypes, elle a fait de son single un véritable tube qui a permis à son album “Brut De Femme” de se vendre à plus de 200.000 exemplaires. Auréolée, l’année suivante, d’un NRJ Music Award et d’une Victoire de la Musique, elle a imposé son talent sur la scène française mais ce sacre qui ne fait alors que commencer n’arrive qu’à la suite d’années de galère et de combats. En effet, avant de connaître la gloire Mélanie Georgiades a dû traverser de nombreuses épreuves et sa réussite n’est que la rançon de ses années difficiles. Née à Chypre en 1980, Melanie arrive en France à l’âge de 3 ans. Élevée par sa mère et abandonnée par son père, elle passe une partie de son enfance à Paris puis dans l'Essonne. Confrontée à la dure réalité de l’immigration, elle doit très vite faire face au racisme mais aussi au sexisme, deux sujets qui seront plus tard inhérents à sa musique. Se réfugiant dans le rap pour évacuer et se libérer, elle grandi au son de NTM et découvre au gré de ses fréquentations la dure réalité des cités françaises. Drogues, difficultés financières, violences, la jeune adolescente observe le pire et c’est ce qui va nourrir ses premiers textes ainsi que ses premières ambitions. Déjà adepte des textes piquants, son phrasé et ses freestyles se font vite remarquer et après plusieurs années à écumer les radios locales et les concerts de banlieue, elle signe son premier contrat avec BMG. Alors âgée de 18 ans, elle publie en 1999 son premier album. Intitulé “Premier Mandat” le disque sera un échec commercial mais on y retrouve néanmoins le caractère et l’ADN d’une artiste qui en veut. N’ayant pas touché le grand public, l’opus a néanmoins réussi sa mission, introduire Diam’s dans le milieu du rap. Faites de rencontres, la scène urbaine française va en effet permettre à Melanie de poursuivre son rêve et même si elle va connaître plusieurs années financièrement difficiles entre la sortie de son premier projet et l’album “Brut de Femme”, Diam’s est prête à faire entendre sa voix.
La vie en banlieue, la place de la femme dans la société, ses convictions politiques, ses rêves de famille et de succès, il y a dans “Brut de Femme” une très grande part d’humanité et c’est au-delà du succès de “DJ”, ce qui va ouvrir à Diam’s les portes de la reconnaissance. Populaire, car non formatée, elle parle presque comme elle rap et c’est certainement son caractère associé paradoxalement à des airs de petite fille qui refuse de grandir qui forge sa reconnaissance médiatique. Débarquant en 2006, alors que le monde du rap français l’adule déjà son second album “Dans ma bulle” va finir d'asseoir sa notoriété mais il signera aussi pour Diam’s, le début de la fin.
S'arrêter pour trouver la paix
Plus personnel, plus engagé, plus radiophonique, “Dans Ma Bulle” est pour Diam’s l’opus de la consécration. Aujourd’hui encore, il est considéré par beaucoup d'artistes comme une référence et pour le public, c’est probablement l’album phare de la rappeuse. Portée par “La Boulette”, “Jeune Demoiselle” ou encore “Confessions Nocturnes”, il renferme des hits qui traversent les époques mais également des textes plus profonds. Parmi-ceux ci, on peut citer “Marine”, “Ma France à Moi” ou encore “Car Tu Portes Mon Nom”, des titres qui à travers leurs textes montrent la force mais également les faiblesses de Diam’s. Sa haine du Front national, son dégoût du capitalisme, son envie de devenir mère, il y a sur l’opus “Dans Ma Bulle”, les prémices d’un mal-être qui se caractérise par la rage et la confession. Vendu à plus de 800.000 exemplaires, l’album intronise Diam’s comme la reine du rap féminin à la Française mais il y a derrière le succès une femme qui souffre, une artiste qui peine à trouver sa place, ainsi qu’une âme en perdition qui ne peut malgré ses efforts s’adapter au succès. Pour cette raison, les années qui vont suivre “Dans Ma Bulle” seront difficiles. Ainsi, outre une tournée à guichets fermés, Diam’s va connaître la dépression et la solitude avant de tenter de mettre fin à ses jours. Fort heureusement, la vie n’en avait pas fini avec elle et elle va après plusieurs mois compliqués, trouver la force d’écrire “S.O.S” son dernier album. Très introspectif, parfois maladroit, le projet va en décevoir beaucoup mais il était avant même qu’elle ne l’annonce, un Adieu à la scène musicale. Ayant trouvé la paix en découvrant la foi, Melanie Georgiades a tiré un trait sur la colère et les douleurs de Diam’s. Vivant désormais loin des médias, elle continue d’écrire, un élément primordial à son équilibre. Déterminée et passionnée, Diam’s est un personnage culte de la scène française et la force de son répertoire prouve que ce n’est pas prêt de s'arrêter.
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