#Critique : Marie-Flore prend l’amour en otage sur l’album “Braquage”

C’est l’un des albums que nous attendions le plus cet automne ! Après plusieurs singles qui nous ont mis l’eau à la bouche, le premier album 100 % en français (ou presque) de Marie-Flore est enfin disponible. Intitulé “Braquage”, il est pour l’artiste l’occasion de poursuivre la route qu’elle avait joliment entamée avec son EP “Passade Digitale”, tout en renouvelant son univers et sa palette sonore. Riche de 12 pistes, l’opus est un recueil de ce que la chanson française peut faire de mieux actuellement. La critique de l’opus sur The Melting POP. 

Marie-Flore dompte l'amour et la langue française sur le sulfureux "Braquage"

Une nostalgie de caractère

Habituée à écrire en anglais comme en témoignent ses premiers projets musicaux (“By the Dozen”, “Feathered with Daggers”), Marie-Flore a vu dans le français l’occasion d’avancer en relevant de nouveaux challenges. Loin d’être une évidence, l’exercice qui vise à marier la langue de Molière à l’art musical est souvent un pari risqué tant il peut se révéler alambiqué. Cependant, Marie-Flore avait déjà prouvé son habileté à jongler avec la langue française sur l’EP “Passade Digitale” paru en 2017. Cru, touchant et piquant, ce premier projet levait le voile sur une artiste à fleur de peau dotée d'une plume brûlante et captivante. Salué par la critique, “Passade Digitale” a permis à Marie-Flore de faire ses preuves tout en la connectant avec un nouveau public sensible à sa manière de dire et d’écrire les choses. Convaincue par cette incursion, l’interprète de “Palmiers en Hiver” a par la suite lancé les hostilités de son premier album en français avec le percutant “QCC”. Jetant les bases d’un univers sensible et sensuel, le single a fait un joli bond dans les charts après une promo TV réussie sur le plateau de "C à Vous". Aiguisant encore plus son crayon, Marie-Flore poursuit aujourd’hui sa lancée sur l’intégralité de l’album “Braquage”. 

Chantant l’amour brûlant, la chanteuse aborde sur son opus les émotions avec la singularité qu’on lui connaît. Nostalgiques mais empreintes de férocité et de caractère, les 12 pistes de l’album sont un recueil, une mise en abyme dans le journal intime de la chanteuse. Refusant de la jouer facile, l’artiste n’a rien censuré et on ressent sur chacun des textes, l’envie de décrire l’amour passionnel dans et sous toutes ses coutures. Associées à des productions modernes et froides qui contrebalancent avec la chaleur des textes, les pistes de l’album “Braquage” érigent Marie-Flore au même rang que les jeunes artistes françaises qui ont brillé avant elle. Ainsi, si l’on peut parfois avoir l’impression d’entendre Juliette Armanet ou encore Clara Luciani (qui manient elles aussi les mots à la perfection), Marie-Flore se démarque en jetant en pâture ses blessures. Malgré tout, sur “Braquage”, le leitmotiv est loin d’être la tristesse. De fait, même si l’artiste peut parfois se montrer plus vulnérable (“Sur La Pente”, “Bleu Velours”), elle est bien souvent cette femme forte qui affronte le mal de visu. Dans cette catégorie, “Pas Envie”, “M’en Veux Pas” ou encore “Partie Remise” sont les plus belles surprises d’un album en français qui ose s’aventurer sur différents terrains. En effet, qu’elles soient POP, urbaine, électro ou plus proche de la variété française classique, chacune des pistes trouve son sens. Honnête sans être larmoyante, Marie-Flore évoque sur cet album toutes les émotions qui traversent le corps après un coup de foudre. Mais tel l'arbre qui résiste à la tempête, elle reste victorieuse et ressort grandie de cette aventure qui aura donné naissance à l’un des plus beaux albums de chansons françaises récemment proposé. 

La note 17,5/20

Les titres à écouter à boucle : “Tout ou Rien”, “Braquage”, “Partie Remise”, “QCC”, “N’en Veux Pas”