Le Narciss : son EP “NARCISSISDEAD”, l’homophobie, Bilal Hassani, The Voice, l’artiste se confie

Il y a une semaine jour pour jour, Le Narciss sortait son premier EP. Intitulé “NARCISSISDEAD”, le projet débarque dans la vie de l’artiste après plusieurs mois de travail et de remise en question. Premièrement, alors que nous l’avions déjà interviewé il y a quelques mois, l’artiste a changé de nom. Tout du moins, il a modifié celui-ci dans l’optique de franciser son personnage mais aussi, pour asseoir encore un peu plus celui à qui il souhaite donner vie sur scène et dans sa musique. Ensuite, son projet a évolué. Plus affirmée, la POP de l’artiste s’illumine mais les textes viennent contrebalancer le tout. Pour mieux comprendre cette évolution, afin de mieux cerner son propos, nous avons longuement discuté avec Le Narciss. Au détour d’un échange long de plus de deux heures, nous avons pu déceler son engagement, sa passion et ses ambitions… Rencontre avec un être complet, créatif, torturé et pourtant ô-combien ouvert sur le monde.

Le Narciss - artiste

Le Narciss : un artiste intègre qui sait où il veut aller

Lorsqu’on a discuté pour la première fois avec Le Narciss il y a deux ans, l’artiste se présentait en tant que NARCISSC et il sortait alors son premier titre “It Haunts Me. Aujourd’hui, son pseudonyme a évolué et il propose son premier EP “NARCISSISDEAD”. Interrogé sur cette évolution identitaire, Le Narciss évoque : “un transfert”, “une croyance superstitieuse" mais aussi, une volonté d’ajouter à son univers et à son personnage un côté “french-touch” qui se retrouve dans ses nouvelles productions. Toujours sombre et POP mais inspiré par des artistes tels que Daft Punk ou encore Christine & The Queens, Le Narciss explore dans son travail, de nouvelles sonorités. Plus POP comme en témoigne le single “Paradise” qui ne figure pas sur l’EP, l’univers de Le Narciss s’affine avec une intention, celle de ne pas céder aux sirènes du marketing. Pour cause, s'il a parfois tenté de faire des concessions pour faire évoluer sa musique, ce sont toujours ses premières convictions qui ont guidé son art et son parcours. À ce sujet, il évoque : “Avant de sortir cet EP, j’ai tenté de contacter plusieurs labels. J’ai vite compris que ça n’était pas ce qu’ils recherchaient. Lorsqu’ils écoutent ma musique, ils ne voient pas l’argent tomber”. Qu'à cela ne tienne, Le Narciss a poursuivi sa route en conservant sa détermination et son intégrité. “A un moment, on m’a proposé de faire The Voice. J’ai refusé. J’ai du respect pour ceux qui y participent, ceux qui regardent. Ma famille n’a pas compris mon choix car ils adorent l’émission. De mon côté, je sais que ce n’est pas ma place”.


“Aujourd’hui encore, c’est difficile d’assumer qui l’on est sans être jugé ”

Loin de céder à une industrie qui broie souvent les plus vulnérables, Le Narciss sait où il va et ce même si cela doit prendre du temps. “J’ai mis du temps à sortir cet EP car je suis perfectionniste. J’ai dû le recommencer plusieurs fois et rencontrer les bonnes personnes pour réussir à le sortir”. Désormais entouré de la bonne équipe et de sa famille, il avance avec un objectif, diffuser sa création et ses messages. En parlant de famille, c’est sa maman qui a produit l’EP et cette collaboration a aussi été pour lui, un grand pas en avant. De fait, lorsqu’on avait discuté avec lui il y a deux ans, il nous confiait avoir encore du mal à faire entendre ses titres à ses proches. Inspirés par ses démons, sa sexualité et ses questionnements sur la vie, les textes de l’artiste sont en effet le reflet de sa vie et de ses expériences les plus sombres : “Les textes de cet EP, c'est mon journal intime. J’y raconte des choses très fortes notamment sur Letter to the Death. Cependant, je devais raconter tout ça, c'est une manière de guérir”. S’étant souvent senti seul et incompris, il a fait de la musique sa thérapie et il espère pouvoir aider les autres à travers ses confidences : “Je sais que ma musique ne sera pas diffusée en radio mais ce que j’espère, c’est pouvoir toucher les gens qui vont écouter ce que je raconte. Peu importe si je touche, une ou deux personnes. Le mieux serait d’en toucher le plus possible, évidemment, mais si je peux contribuer à faire en sorte que quelqu’un se retrouve dans mes textes alors, j’en serais fier”. Victime d’une agression homophobe il y a quelques mois, Le Narciss a fait de ce drame, un combat. “Je veux lutter contre l’homophobie et la peur de la différence. Par exemple, même si nos univers sont totalement différents, je trouve ça super que des artistes tels que Bilal Hassani puissent exister. C’est un exemple pour beaucoup et il a du courage de faire ce qu’il fait car aujourd’hui encore, ce n’est pas facile d’assumer et de revendiquer qui l'on est sans être jugé”.

"NARCISSISDEAD" : un EP théâtral et une reprise d’Edith Piaf

Déterminé et engagé, Le Narciss est aussi rêveur et ambitieux. Ainsi, s’il souhaite que son EP puisse conquérir le plus grand nombre, il espère aussi pouvoir le jouer sur scène. “Je suis issu du milieu de la danse et du spectacle. Si cet EP doit vivre sur scène, je veux que ce soit sous une forme théâtrale où les arts se mélangent”. Ayant récemment eu l’occasion de jouer devant une petite audience lors d’une représentation, il évoque sa performance comme une “mise à nu”. Dans ce registre, l’EP comporte d’ailleurs une reprise de “Mon Dieu”, le titre d’Edith Piaf. “Avec ce morceau, je voulais mettre en avant mes origines françaises. Je voulais le faire avec un titre fort mais pas forcément avec le plus connu. Ce titre, c’est un cri du cœur dans la version originale. J’ai voulu le faire différemment. C’est une autre manière de me dévoiler. J’étais à bout le jour où on l’a enregistré. Je trouve que ça se ressent dans ma voix, j’espère que le public ne le ressentira pas…”. 

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