Sofia Essaïdi : une carrière musicale sabotée ?
Tête d’affiche de la série événement “Les Combattantes” diffusée à partir du 19 septembre sur TF1, Sofia Essaïdi poursuit avec succès sa reconversion dans la comédie. En effet, après plusieurs apparitions au cinéma et après avoir incarné avec brio le personnage d’Aïcha dans une série de téléfilms du même nom diffusée sur France 2 entre 2009 et 2012, la chanteuse trouve son bonheur et son équilibre par le biais d’un autre art que celui qui l’a fait connaître. Dans la série historique, “Les Combattantes”, elle côtoie le phénomène Audrey Fleurot mais aussi Camille Lou, Sandrine Bonnaire ou encore Tom Leeb. Avant même la diffusion de cette série qui a coûté plus de 20 millions d’euros à TF1, les critiques saluent la qualité du show et le jeu d’actrice de Sofia Essaïdi. Pourtant derrière ce qui s’apparente à une revanche, l’ex-candidate de la Star Academy semble avoir délaissé sa passion pour le chant. Retour sur un talent musical sous-estimé !
De la Star Academy à son premier album
Alors que Sofia Essaïdi s’apprête à briller dans la série “Les Combattantes”, TF1 relancera d’ici quelques semaines l’émission qui l’a révélée : “La Star Academy”. Candidate de la troisième saison, Sofia fait très rapidement office de favorite au sein du casting. Arrivée de Casablanca, elle se démarque rapidement de par sa voix, son charisme ainsi que par ses talents de danseuse. Artiste complète, elle semble promise à la victoire mais cette année-là, c’est Élodie Frégé remporte la mise. Qu’à cela ne tienne, à sa sortie du château, Sofia Essaïdi enchaîne avec la tournée de la Star Academy mais aussi avec un premier album intitulé “Mon Cabaret”. Porté par “Roxanne”, une reprise de Sting qui reste l’une de ses plus belles prestations sur le plateau de la Star Ac”, le disque est bien accueilli par les médias, mais en dépit de quelque 50.000 exemplaires vendus, le chart-run du disque est jugé décevant par la maison de disques. De plus, à l’époque, c’est Sofia elle-même qui avait imposé à ses équipes ce projet d’album inspiré par le jazz et le cabaret et l’échec de cette prise de risque jette un froid au sein de son label. Pour cause, avant de sortir “Mon Cabaret” en 2005, Sofia avait commencé à travailler sur un album plus “pop”, plus “commercial” et son refus de ne pas poursuivre le projet est considéré en coulisses comme un caprice...
Le succès de Cléopâtre
Après l’échec de “Mon Cabaret”, l’entente n’est plus vraiment au beau fixe entre Sofia et Universal. De plus, d’autres saisons de la Star Academy ont vu le jour et comme à chaque fois, les nouveaux candidats remplacent les anciens dans le cœur du public et des médias. Cependant, portée par sa bonne étoile et par son coup de foudre artistique avec Kamel Ouali, elle devient le personnage principal de la comédie musicale Cléopâtre. Taillé sur mesure pour sa voix et son talent, le rôle lui va à merveille et le public est conquis par l'univers mis en place. Pop et accessible, le show cartonne durant plusieurs années à travers toute la France et le single “Femme d’Aujourd’hui” devient l’un des tubes de l’année 2008. Sacrée artiste féminine de l’année aux NRJ Music Awards en 2010, Sofia renoue avec son label et la même année, elle sort “J’croque la Vie” un titre annoncé comme le premier single de son second album.
Échecs, reprises et déceptions
Frais et léger, “J’Croque La Vie” ne fait pas d’étincelles dans les classements. Un an plus tard et en dépit d’un beau parcours dans la première saison de “Danse avec les Stars”, le single “Je veux tout” suit le même chemin. Electro-POP, le titre ne ressemble pas vraiment à ce qu’à toujours défendu la chanteuse et une fois encore, le morceau sera un échec. Dès 2013, dans une interview pour le site ChartsinFrance, l’artiste déclare regretter ces deux morceaux et à plusieurs reprises dans la suite de son parcours, elle va évoquer cette période"douloureuse" et difficile à vivre dans son parcours d’artiste. Toujours signée chez Universal en 2013, elle participe aux succès de l’album “Génération Goldman” mais comme très souvent, ces albums de reprises ne sont qu’une manière pour les labels d’utiliser des artistes signés afin de les utiliser à moindre coût. Touchant généralement des avances, les artistes sont “redevables” et lorsqu’on les place sur un album de reprises, cela permet en partie de rembourser la mise...
Très souvent interrogée sur sa carrière musicale, Sofia Essaïdi semble avoir énormément souffert de ses liens avec l’industrie. Considérée selon ses propres dires comme un produit, un objet marketable, elle regrette de ne pas avoir pu exprimer ce qu’elle était vraiment. Pour cette raison, il n’est étonnant de la voir privilégier la comédie à la chanson. Qui plus est, lorsque l’artiste se penche à nouveau sur des projets musicaux, elle favorise la scène comme en témoigne la comédie musicale Paris-Broadway où elle retrouve Kamel Ouali en 2015 ou encore plus récemment, l’adaptation française du spectacle “Chicago” pour lequel elle sera récompensée.
Victime du système Star Ac ?
Vous l’aurez compris, Sofia Essaïdi semble avoir été la victime d’un système qui broie et utilise les artistes. Dès lors que ses propres choix ont été considérés comme des échecs au début de sa carrière ("Mon Cabaret"), elle a dû se plier à des exigences qui allaient à l’encontre de ses valeurs artistiques. De plus, comme de nombreux élèves considérés comme les favoris à la Star Academy, Sofia a souffert de son image de première de la classe. Tout comme Carine Haddadou en saison 1, Aurélie Konaté en saison 2, Hoda Sanz en saison 4 ou encore Ely en saison 5, la meilleure élève n’est pas celle qui remporte la course et pour toutes ses artistes, la suite s’avère compliquée à gérer. Comme l’évoquait Jessica Marquez en interview en 2019, il n’y a bien souvent pas de place pour tout le monde en sortant de la Star Ac. Interrogée, ici même, la candidate de la saison 1 déclarait alors : "J’ai été boycotté en radio. Un jour, une nana m’a dit qu’on ne diffuserait jamais mon morceau. Il y avait des “quotas Star Ac” et on m’a fait comprendre que j’étais celle de trop”. Sofia Essaïdi, a-t-elle, elle aussi, été la victime de ce système, nous n'aurons probablement jamais la réponse.
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