#ITW : Jessica Marquez : “Avant je faisais de la musique pour me guérir. Aujourd’hui, je veux faire de la musique qui guérit”

Repérée en 2001 dans l’émission Star Academy, Jessica Marquez a, suite à cette aventure hors du commun, entamée une carrière sur le devant de la scène musicale française. Ainsi, de 2003 à 2012, elle a publié deux albums (“À Fleur de Peau” et “Les Filles du Calvaire”) et plusieurs singles dont certains ont rencontré de jolis succès dans les classements (“Si Fragiles”, “Magdalena", …). Hélas, après plusieurs déconvenues, et suite l’échec de son second projet, l’artiste originaire de l’Est de la France a préféré se retirer afin de recouvrir une vie plus simple et plus paisible. Absente de la scène médiatique depuis plus de 6 ans, elle est revenue dans les médias il y a quelques semaines, et c’est à cette occasion que The Melting POP a décidé de la contacter pour faire avec elle, le point sur son parcours. Jalonné de hauts et de bas, celui-ci est celui d’une artiste entière, celui d’une personne humaine qui a gardé les pieds sur terre. Simple, franche et honnête, Jessica Marquez a accepté de s’ouvrir et de se confier… Un entretien exclusif à découvrir sur The Melting POP.

Jessica Marquez - Crédits photo : Instant en suspend
Jessica Marquez - Crédits photo : Instant en suspend 

Bonjour Jessica ! En lisant ta biographie, j’ai cru comprendre que la musique avait toujours eu une place très importante dans ta vie. Peux-tu nous dire comment tout a commencé ?

C’est très simple, j’ai commencé très jeune. Premièrement avec ma famille avec qui je chantais des cantiques bibliques. Par la suite, vers 7 ou 8 ans j’ai eu une sorte de révélation et j’ai su que j’allais devenir chanteuse. De mes premiers pas dans ma chambre en chantant sur des cassettes en passant par les karaokés et les orchestres, j’ai toujours été bercée par la musique. Plus j’avançais et plus les orchestres dans lesquels je chantais devenaient grand. On faisait des tournées, on traversait la France et quelques années plus tard, après avoir suivi des cours de chant au conservatoire de Metz, j’ai intégré la Star Ac.

“Après la Star Ac, j’avais l’impression d’avoir volé ma place”

Tu avais déjà pensé à entamer une carrière sans passer par cette émission ?

Non ! À l’époque le système indépendant et underground n’était pas encore assez développé. Internet n’existait pas encore. Personnellement, j’ai grandi dans un milieu populaire et je ne connaissais pas les différents moyens de construire une carrière.

La Star Academy a été un véritable tremplin pour ta carrière, tu t’attendais à ça ?


Personnellement, je ne savais pas du tout où je mettais les pieds. Personne ne s’attendait à ça. Une fois l’émission terminée, seule une poignée d’entre-nous ont été signés chez Universal. Faire la Star Ac n’était donc pas synonyme de carrière. Malgré tout, nos vies ont été chamboulées et ça n’a pas été facile à vivre tous les jours.


Après l’émission tu enchaines avec la tournée puis avec un premier album qui rencontrera un joli succès. Quel regard portes-tu sur ce projet ?

J’ai gardé peu de souvenirs de cette période. Pourtant, je me souviens que c’est grâce à ce projet et grâce à mes choix de l’époque que j’ai rencontré l’homme de vie. Une personne avec qui je ne suis plus aujourd’hui, mais qui a marqué mon chemin. Pour moi, cet album est synonyme de souffrance. Je ne l’écoute presque plus car il me rappelle une période où je ne me sentais pas à ma place. Après la Star Ac, j’avais l’impression d’avoir volé ma place à quelqu’un. C’est justement l’homme avec qui j’étais à l’époque qui m’a permis de trouver ma voie. Quand je refais le puzzle dans ma tête, avec du recul. Je pense qu’il m’a guidé vers le second album en m’apportant la confiance et la maturité dont je manquais à l’époque du premier album.

C’est ce manque de confiance et de légitimité qui t’a poussé à quitter Universal en 2006 ?

Je ne me sentais pas à ma place chez Universal. Quand j’y allais, je me sentais jugée, j’avais la boule au ventre. Dans leurs yeux, j’étais un produit. Je me sentais illégitime. Je n’écoutais que les critiques, que les jugements négatifs. Avec le recul, je pense que je n’ai pas assez profité de cette période où le succès était au rendez-vous.

Après ce départ, tu enregistres le single “On s’abîme”, un morceau différent qui sera suivi d’une longue période de blanc …

Ce single a été un véritable coup de coeur pour moi. J’étais en colère, je me sentais abîmée et j’avais l’impression que ce morceau était ce qu’il me fallait. Hélas, en quittant Universal, les portes se sont fermées. J’ai été boycotté en radio. Un jour, une nana m’a dit qu’on ne diffuserait jamais mon morceau. Il y avait des “quotas Star Ac” et on m’a fait comprendre que j’étais celle de trop. Le morceau n’a donc pas trop marché, s’en est suivie une longue période de descente aux enfers.

“Les Filles du Calvaire”est un album sombre, je ne veux plus être cette personne”



Malgré tout, tu commences à travailler sur ton second album…

Oui, ça a pris du temps. J’ai dû apprendre à m’aimer, apprendre à me faire confiance. C’est en travaillant et en rencontrant des gens que j’ai pu avancer. Grâce au soutien des internautes, je récolte 50.000 euros. J’écris, j’entre en mixage, l’album se monte et un jour, une semaine après l’avoir terminée, je reçois un mail me disant que le label entre liquidation et que tous les artistes ne récupéreront pas leurs bandes… Pas de chance, j’en faisais partie. À ce moment-là, je décide de rentrer en Lorraine, j’avais décidé de lâcher l’affaire. Jusqu’au jour où, deux ans plus tard, un ami m’appelle pour me dire qu’il monte son label. De là, on a réussi à récupérer les bandes et l’album sort en 2012.

C’est un album plus personnel, pourtant tu as récemment déclaré qu’il ne te correspondait plus. Que s’est-il passé durant toutes ces années ?

J’ai évolué. Je ne suis plus la même personne aujourd’hui que celle que j’étais à 30 ans. Sur “Les filles du Calvaire”, j’aborde des thèmes forts, des thèmes sombres. Dans “Mes Bobos”, je parle quand même d’une femme battue. C’est un album que je trouve triste, sombre et aujourd’hui, je ne veux plus être cette personne. J’ai envie d’être heureuse et de faire la musique qui me rendra heureuse. Par exemple, j’ai écrit la suite de “Joli coeur” ou encore celle du titre “Un jour sans” qui s’appelle “Un jour avec”. C’est un nouveau processus. Avant je faisais de la musique pour me guérir. Aujourd’hui, je veux faire de la musique qui guérit. Si je devais revenir, j’aurais une cause à défendre. Les animaux, la planète, ça c’est des thèmes qui me tiennent à coeur.


Jessica Marquez - crédits photo : instant en suspend
Jessica Marquez - crédits photo : instant en suspend 

Qu’est-ce qui t’a poussé à revenir dernièrement ?

J’ai toujours cru en la synchronicité. Tout a commencé l’été dernier lorsque mon ami Marc Chouarain venu dans le Sud m’a demandé si Paris me manquait. Sur le moment, je lui ai dit que non mais que je ne mettais pas de côté l’éventualité de revenir. Puis en décembre, je suis finalement venue à Paris. Ensemble, on a réécouté “Les Filles du Calvaire”, et Marc m’a dit “il n’a pas pris une ride cet album”. Par la suite, j’ai partagé quelques photos sur Instagram et tout le monde a commencé à croire que je venais de sortir un nouvel album. De façon très étonnante, on a commencé à me proposer des interviews. L’album est remonté dans les classements. Rien n’était prémédité, j’ai été la première étonnée de ce regain d'intérêt. Me retrouver dans le classement Amazon aux côtés de Hoshi qui est une artiste que j’adore, ça fait du bien, c’est une nouvelle preuve du non-hasard et des signes de la vie. En retournant à Paris, j’ai l’impression d’avoir retrouvé une partie de moi que j’avais laissée de côté. Aujourd’hui, je me sens à nouveau entière, la partie de moi que j’ai travaillé durant toutes ces années a retrouvé celle que j’avais laissé de côté. Cette reconnexion a réveillé en moi l’envie d’écrire, de chanter et de faire du cinéma.

Comment envisages-tu la suite ? Si tu devais ressortir un troisième album à quoi ressemblerait-il ?

J’aimerais faire un album humain, un album plein d’amour. Je veux quelque chose qui réunit les gens, un peu comme a si bien su le faire Slimane avec son morceau “Viens on s’aime”. On est dans une période où les gens ont besoin de sourire et d’aimer, et c’est ce qu’il apporte. Musicalement, j’ai envie d’explorer. En 6 ans, j’ai découvert l’impro, la musique indienne, la musique des balkans. J’aimerais briser les frontières et faire un projet humaniste. Mais si on me propose de choisir entre le cinéma et la musique, mon choix est fait, je choisirais de faire le film. (Rires)


Jessica Marquez Paz - Bande Démo Comédienne - 2019 from Jessica Marquez Paz on Vimeo.

Commentaires

  1. Belle interview intéressante ! Ce serait bien si elle avait un minimum de succès et qu'elle sortait un troisième album ! Je l'écouterais avec curiosité, en tout cas ! Mais je pense aussi qu'il faut qu'elle garde sa liberté artistique et qu'elle reste dans le label de son pote, elle s'y épanouira plus !

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    1. Quel honneur de l'interroger. C'est une personne tellement humble et tellement sincère. C'est probablement la plus belle interview que je ai eu la chance de réaliser. Hâte de la retrouver en musique et qui sait, peut-être plus.

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  2. magnifique très emouvant Jessica est une très belle personne avec un grand coeur. Oui qu elle fasse de sa voix un outil de guérison ..😘💕💥💋

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  3. Avrc tout mon soutien 💖💕😘💋

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