Homophobie : une voix parmi des milliards
Aujourd’hui, sur The Melting POP,
je vous propose un article très différent. Ça n’arrive pas souvent, mais j’ai
décidé de vous donner mon opinion, de vous écrire une sorte de billet d’humeur
sur un sujet qui me révolte: l’homophobie. Pas de musique, pas
d’exposition, mais simplement des mots. Je ne tiens pas à éveiller les
consciences ou à être moralisateur, j’accepte que certaines de mes idées ne
soient pas partagées par tout le monde, que mes comparaisons puissent paraître
déplacées pour certains lecteurs, mais c’est ma manière de voir les choses et
je tenais à les exprimer.
Depuis quelques jours Zelimkhan
Bakaev fait l'actualité à travers le monde. Malheureusement, si le nom de ce
chanteur Tchétchène a traversé les frontières, ce n’est pas pour sa musique
mais parce qu’il a été torturé à mort dans un camp anti-gay en Tchétchénie.
Soupçonné d’être homosexuel, le jeune artiste de 25 ans a, comme de nombreux
autres avant lui, succombé à la folie meurtrière et à l’archaïsme d’hommes politiques et d’autres militaires
désireux de purger leur territoire de ce qu’ils considèrent officieusement
comme un fléau. Officieusement, car officiellement l’homosexualité n’existe pas
sur leur territoire. Pire encore, selon une vidéo diffusée sur une chaîne
d’état, Zelimkhan Bakaev ne serait pas
mort, il aurait décidé de recommencer sa vie en Allemagne, laissant derrière lui
sa famille et sa carrière. Évidemment, la famille du jeune homme
remet en cause l’authenticité de cette vidéo et le drame est bien réel.
Persécution, arrestation,
torture, assassinat, c’est ce que vivent depuis plusieurs mois des milliers
d’homosexuels en Russie et plus particulièrement en Tchétchénie. Malgré des
démentis venant des autorités ou encore de Vladimir Poutine en personne,
l’information a circulé et certains rescapés ont même osé témoigner. Des
témoignages qui ont poussé plusieurs associations à travers le monde à venir en
aide aux victimes de cette barbarie. Hélas, que ce soit en Russie ou dans les
autres pays du globe, du côté des plus hautes sphères du pouvoir, personne ne
semble s’inquiéter de la situation. Manque de preuves ou volonté de ne pas
froisser l’une des plus grosses puissances mondiales, quoi qu’il en soit le
sort de ces personnes semble presque insignifiant au regard des autres États.
Sous prétexte qu’il existe des frontières, des territoires, les hommes
politiques qui sont supposés nous diriger et nous aider à vivre dans un monde
meilleur, en laissent d’autres commettre des actes atroces qui vont au-delà de
l’entendement. Soyons honnête, l’horrible traite des homosexuels en Russie ou encore
dans certains pays d’Afrique et du Moyen-Orient n’est un secret pour personne.
Pourtant, au même titre que le conflit Yéménite ou encore l’affaire Weinstein
qui était connue de nombreux politiciens avant son coup d’éclat, rare sont ceux
qui osent agir. Comme si les problèmes qui survenaient ailleurs n’avaient pas
d’importance tant que les enjeux qu’ils soient politiques ou financiers ne nous
impactaient pas. Tout le monde savait que Wenstein était un agresseur sexuel
mais imaginez le manque à gagner de l’industrie hollywoodienne si le scandale
avait éclaté en 1988 plutôt que la semaine dernière. Des centaines de films
n’auraient pas été produit et des milliards de dollars auraient volé en fumée.
En 2017, la carrière du producteur était presque finie et Hollywood ne perdait
plus grand-chose à bannir son producteur phare. C’est une preuve que les voix
s’élèvent uniquement quand on veut les entendre. Pour l’homophobie, c’est la
même chose. Ici, tous les médias en parlent parce qu’il s’agissait d’un
chanteur, les politiques sont eux encore frileux. Cependant, par exemple, si
demain un couple de français se fait torturer en Tchétchénie pour homosexualité
et que l’un d’eux succombe à ses blessures, la communauté politique
internationale s’élèvera contre ce sadisme et cette cruauté. Comme si une vie
en valait plus qu’une autre selon sa nationalité, son métier, ou son
portefeuille.
C’est à cause de ce genre de
vision du monde que certains continuent d’avoir honte de leur homosexualité,
que le suicide est si élevé chez les jeunes homosexuels, que certaines filles
refusent de témoigner contre leur agresseur. Tous ces problèmes sont liés car
on vit dans une société où il n’y a aucune égalité entre les hommes. Si
certains continuent de cacher leur homosexualité, si certaines refusent de
témoigner contre leur violeur, c’est parce qu’ils/elles considèrent que leur
voix ne vaut pas la peine d’être entendue. À quoi bon dire à mes parents que je
suis gay si c’est pour être renié ? À quoi bon assumer pleinement qui je
suis si le moindre soupçon est déjà susceptible de causer ma perte ? À quoi
bon dire que l’on m’a violé si la police ne me croit pas ? À quoi bon
témoigner contre le plus gros producteur hollywoodien si c’est pour perdre et
ruiner ma carrière ? Ce genre de question ne devrait pas se poser. Tout
comme une vie ne devrait pas en valoir moins qu’une autre, tout comme on ne
devrait pas laisser des gens mourir, souffrir dans des camps anti-gays dont on
connait l’existence, dans des pays qui n’ont aucun intérêt politique ou
financier. Hélas, la réalité est tout autre alors on laisse des homosexuels se
faire torturer, on laisse des femmes se faire agresser et on laisse des
familles entières succomber aux atrocités de la guerre. Évidemment, on ne vivra jamais dans un
monde utopique, mais si tous les hommes étaient égaux en droit, si chaque voix, chaque vie en valait une autre, on ferait un grand pas en avant !
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