#Critique : j’ai vu pour vous "Désobéissance" de Sebastiàn Lelio
Deux "Rachel" pour le prix d’une
(ou presque), telle est l’affiche de "Désobéissance" le nouveau
film de Sébastiàn Lelio. Connu pour avoir réalisé l’excellent "Une Femme Fantastique", le réalisateur Chilien réunit ici Rachel Weisz et Rachel
McAdams dans une romance dramatique sur fond de religion. The Melting POP l’a
vu pour vous, voici la critique.
Le pitch
De retour en Angleterre, après la
mort de son père, un célèbre Rabin, Ronit (Rachel Weisz) retrouve Esnit (Rachel
McAdams) son amie d’enfance et amour d’adolescence. Ayant toutes deux suivi des
chemins différents, les deux femmes vont devoir faire face à leurs sentiments, et
dans leur petite communauté juive orthodoxe, leur idylle est loin d’être la
bienvenue.
Un film simple et efficace
Il y a un peu plus d’un an, Sebastiàn
Lelio illuminait le 7e art avec "Une Femme Fantastique" un long-métrage brillant couronné meilleur film étranger lors de la 90e
cérémonie des Oscars. Porté par ce joli succès qui mettait en lumière les
problèmes rencontrés par la communauté transgenre, le réalisateur s’attaque
aujourd’hui à l’homosexualité féminine en communauté religieuse. Souvent mis en
opposition au cinéma, l’homosexualité et la religion, sont ici abordées en
plongeant le spectateur au cœur d’une communauté juive orthodoxe. Dans ce microcosme,
les deux héroïnes incarnent des personnages forts et charismatiques qui doivent
faire face, en dépit de leurs sentiments, aux problèmes communs que posent un
amour de même sexe (jugement, perspective d’avenir, réputation, …). Ainsi, si
Rachel Weisz (vue dans l'excellent "The Lobster") transperce l’écran dès les premières minutes du film, Rachel
McAdams met plus de temps à dévoiler la profondeur de son personnage. Pourtant,
lorsque les deux actrices sont réunies, leur relation est telle une chrysalide
qui subjugue de par sa beauté. Touche de lumière au milieu d’un film sombre, la
synergie du duo de Rachel est probablement l’atout principal de ce
long-métrage. Sans être surprenant, "Désobéissance" est un film qui
se suffit à lui-même. En effet, bien que le réalisateur soit ici bien loin de
son précédent chef-d’œuvre, l’ensemble tient la route. Porté par un duo d’actrices de talent et par des personnages profonds et bien construit, le film réussit,
sans jamais tomber dans la facilité ou dans la surenchère, à mettre en exergue
le poids de la confession religieuse. Avec pour enjeux: les répercussions du culte sur
une famille et la difficulté de vouloir en sortir, le film montre avec intérêt que la foi répond à des codes qui
sont encore et toujours dangereux et hermétiques.
Habile, Lelio prouve une nouvelle fois qu’il
réussit toujours à maîtriser les sujets qu’il aborde. Simple et efficace, "Désobéissance" est un film qui mérite d’être vu, tant pour les thèmes qu’il traite que pour ses
actrices justes et sans chichis. Sorti le 27 avril aux États-Unis, le film est
arrivé en France et en Belgique le 13 juin dernier. À bon entendeur.
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