#ITW: MAKJA - l’artiste qui aimait les mots


Auteur, compositeur et interprète, MAKJA est un rêveur engagé. Maniant la langue française tel un équilibriste, il utilise depuis l’adolescence le pouvoir des mots pour porter et défendre des messages. À l’occasion de la sortie de son premier album “Ne te retourne pas”, The Melting POP a interrogé l’artiste. Passionné et profondément impliqué dans son art, il nous parle de son album, de son parcours et de ses ambitions.

MAKJA - Un artiste profond, engagé et amoureux des mots.
MAKJA - Un artiste profond, engagé et amoureux des mots. 


Bonjour MAKJA, tu sors ton premier album le 12 octobre. Peux-tu nous parler de ce nouveau projet ? 

Après mon premier EP “Un Camp” paru en 2016, j’ai eu envie de changement. Pour ce nouveau projet, j’ai donc travaillé en binôme avec Mikael Bentz, un multi-instrumentiste. Il a composé des mélodies au piano et au violon, puis j’ai posé mes textes; des parts d’intimité, des regards sur la société française. J’ai pris le temps de poser mes mots dans des écrins qui provoquaient directement en moi des émotions. J’aime me sentir stimulé par les instruments, ça me permet de faire tomber les mots. Après ce travail, on a fait tourner les textes sur scène en piano-voix, puis on a décidé de pousser la production d’un album. On retrouve dans “Ne te retourne pas”, des instrus symphoniques mais aussi une patte électro, un peu de rock. Avec cet album, on a un pied dans le classique, un pied dans l’actuel. 

Depuis l’adolescence, les textes sont très importants pour toi. Tu as longtemps prêté ta plume pour aider les autres. D’où est née cette passion d’écrire et de transmettre ? 

Très tôt, mes parents m’ont sensibilisé au pouvoir des mots. Les mots, sont des choses qui ouvrent des portes et qui permettent aux autres de recevoir ta pensée. C’est quelque chose que j’ai compris très vite et en pleine période hip-hop, j’ai commencé à poser mes mots, à développer mon phrasé. Une fois arrivé à Bordeaux, j’ai travaillé dans des ateliers dédiés à l’écriture. Ça a duré 15 ans et c’est une période qui m’a permis de rencontrer des gens formidables, chaque sensibilité m’a nourri, intellectuellement, philosophiquement, artistiquement.


Tu as mis plus de temps à te lancer dans la musique, comment est arrivé ce déclic qui fait que tu en es là aujourd’hui ? 

Pour le premier EP, j’avais envie de donner vie à mes textes en les accompagnant d’une mélodie et d’instruments en tous genres. Après avoir été porté par les gens durant des années, j’avais envie d’un nouveau défi. La musique pour moi c’est la pluralité des sons, des arrangements et c’est un autre moyen de communiquer avec les autres. C’est de là que tout est parti. Pour le premier album par contre, c’est toute une maturité qui est arrivé au fil du temps. Aujourd’hui, je suis moins dans le coup de gueule et je conçois plutôt cet album comme une pièce d’oeuvre.

En écoutant ton projet, j’ai tenté de faire des liens avec d’autres artistes et j’ai trouvé que musicalement, l’utilisation des cuivres rappelait parfois un artiste comme Woodkid. Personnellement qu’est-ce qui t’a influencé pour ce premier album ? 

Quand j’étais gamin, j’étais très attiré par les chants grégoriens, les musiques religieuses, sacrées. J’aimais aussi et j’aime toujours les gens qui vivent la scène. Ceux qui sont vraiment des interprètes, des passionnés. Parfois, tu ne comprends pas forcément la signification du texte mais tu sens que ça parle à ton âme et c’est une chose importante pour moi. Aujourd’hui, j’essaie de trouver mon inspiration dans des petites touches prises à droite à gauche. Je ne suis pas inspiré par un artiste en particulier. Fabe pour le hip-hop, Brel pour les textes, Woodkid pour les cuivres, il y a un peu de tout ça dans mon travail mais je ne suis pas spectateur. Ma véritable inspiration, c’est les gens qui m’entourent et me nourrissent chaque jour.

Tu vas défendre ton projet sur scène, il s’agit d’un projet scénique assez unique tu peux nous en parler ? 

J’aime quand les choses ne sont pas figées, quand rien n’est monolithique. C’est pour cette raison qu’il y a différentes couleurs dans l’album, j’aime passer du grave au léger, de l’obscurité à la lumière. Pour ce projet scénique, nous serons trois sur scène avec plusieurs instruments. J’ai voulu garder les cordes: un violoncelle pour conserver les envolées et une guitare pour l’énergie. Ensuite, j’ai également voulu un clavier, du piano pour mettre en lumière l’aspect solennelle de l’album. Enfin, des machines pour l’ADN, pour rappeler d’où je viens. J’ai longtemps tourné en piano-voix pour me faire les dents et cette fois, j’avais envie d’ajouter plus de pulsion, plus de matière.

Quand on aime écrire, il y a une abondance dans l’écriture. Pourtant ton album ne comporte que 7 pistes. C’était une volonté de faire un album condensé ? 


Oui. Je voulais que ce projet soit une carte de visite. Ces 7 titres, sont un peu comme un péplum. C’est quelque chose de dense, qui se déguste. Je ne voulais pas aligner les morceaux pour aligner les morceaux. Dans cet album, il y a une unité mais également plusieurs possibilités. Dans la musique, dans la manière de poser ma voix, chaque titre est différent. J’aime créer le contre-pied, proposer quelque chose que l’on n’attend pas. C’est comme ça pour moi, qu’on construit une carrière.

Que peut-on te souhaiter avec cet album ?

J’aimerais le porter au plus grand nombre pour que le public se dise qu’il existe encore des opus derrière lesquelles il y a toujours de vrais artisans. Quand, on a poussé la production de l’album, on n’a pas pensé au côté financier, à la rentabilité. On a embauché pas mal de monde sur ce projet mais on est allé au bout pour proposer quelque chose de qualité. Ensuite, j’aimerais pouvoir le défendre sur toutes les terres de francophonie et puis qu’il soit un appel du pied à ce qui viendra derrière.

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