#ITW: Gael Faure : “être chanteur, c’est avoir des messages à passer”


En janvier dernier, Gael Faure a publié son second album “Regain”. Avec celui-ci, l’artiste a sillonné les routes sans relâche afin de faire découvrir son univers. Passionné, il a assuré plus d’une centaine de dates qui lui ont permis de s’épanouir. Sincère et terre-à-terre, il s’est ensuite offert quelques jours de repos dans son Ardèche natale, afin de se ressourcer et de recharger ses batteries. Durant cette période de répit et alors qu’il vient de sortir une réédition** de son opus, l’interprète de “Courbes et Lacets” a accordé une interview exclusive à The Melting POP. Son album, le bilan d’une année musicalement riche ainsi que sa soif de quiétude, c’est avec une lucidité rare et une touchante sincérité que l’artiste s’est exprimé. Un entretien à découvrir sans plus tarder.

Gael Faure - 2018
Gael Faure : sincère et authentique 

Ton deuxième album “Regain” est paru en janvier, c’est un projet plus personnel et parfois plus intimiste que le précédent. C’était une volonté, comment le perçois-tu

Plus on grandit, plus on évolue et plus on souhaite aller au coeur des choses. Avec cet album, j’avais moins envie de me perdre, je voulais préciser les choses et me livrer davantage. 

C’est un album que tu as travaillé avec Renaud Letang et Piers Faccini, comment se sont déroulées ces collaborations ?

Pour ce qui est de Renaud Letang, c’est un réalisateur que j’aime toujours aimé. J’admire le travail qu’il a fait avec Feist et Björk. Mais pour être honnête, c’est mon manager qui a eu l’idée de de nous mettre en contact et d’organiser une rencontre. Une fois devant lui, j’ai eu envie de lui jouer mes titres en guitare-voix et je crois que c’est à ce moment-là que ça a fonctionné. Pour Piers Faccini, c’est aussi un artiste que j’aime depuis longtemps. J’aime la manière qu’il a de composer, d’écrire et de concevoir la vie artistique. J’ai aussi beaucoup travaillé en solo sur ce projet, mais c’est important de collaborer, surtout avec des gens qui vous comprennent, ça enrichit le travail. 

Tu as composé l’intégralité de ton album. Les sonorités sont très différentes du précédent. Quelle était ton envie avec ces nouveaux morceaux ?

Quand je compose des chansons, je ne réfléchis pas réellement à ce que je fais. Tout part d’un feeling, d’un endroit, des personnes qui m’entourent, des émotions que je ressens. Ce qui fait la cohérence, c’est les choix qui sont faits à la production. Avec “Regain” on est allé beaucoup plus loin dans l’expérimentation. J’ai voulu prendre plus de risques, je ne voulais pas des sons et des structures qu’on entend partout. Par exemple, j’adore jouer le titre “Only Woves” qui a une âme très chaman. Sur scène, le tout fonctionne, il n’y a pas de temps mort, ça marche et c’est le principal.

Tu nous parlais de “Only Woves”, l’un des titres en anglais. Quand je l’ai écouté pour la première fois, j’ai eu l’impression d’entendre un autre artiste. Malgré tout, ces pistes collent à l’âme du projet. D’où t’es venue l’idée de chanter en anglais ? 

La voix c’est quelque chose de magique. Chanter en anglais ou dans une autre langue, ça change la technique et la manière dont tu chantes. “Only Waves” est un titre basé sur la mélodie et je ne voulais pas que le français vienne cérébraliser la chanson. L’anglais apporte la légèreté nécessaire à la chanson. Avec ce titre, je voulais quelque chose de chaud, de très rouge, proche de l’incantation et Piers Faccini a compris tout ça. Il m’a écrit un texte parfait, sur mesure sur lequel je m’amuse. Je suis fier de ces morceaux en anglais car ils sont différents sans être des ovnis.



L’année 2018 a été riche en concerts pour toi. Comment as-tu vécu cette année et gardes-tu la même passion quand tu te produis sur scène ? 

Après mon dernier concert de novembre, j’ai décidé de prendre quelques jours de repos en Ardèche. J’ai beaucoup tourné cette année et les choses se sont enchaînées à une vitesse folle depuis la sortie de l’album. En octobre, j’ai assuré 24 concerts sur le mois. À la fin j’étais un peu déboussolé mais j’ai beaucoup appris. C’était un marathon artistique mais c’est ce que je voulais. Aller chercher le public, le séduire, le convaincre ce n’est pas quelque chose d’inné. Personnellement, je me considère comme un artisan. Je ne fais pas la musique pour l’argent et la notoriété. Je le fais pour l’échange, le partage et l’épanouissement que ça peut apporter. Mon parcours ne sera peut-être pas aussi direct que celui d’Angèle ou d’Eddy de Pretto, peut-être qu’il sera plus capricieux, plus scabreux mais je préfère prendre une route de randonnée dans Les Cévennes que l’autoroute A7. (Rires)

Tu as dit dans une interview que tu avais le matériel pour faire 5 albums où trouves tu le temps d’écrire et de composer malgré les concerts qui s’enchaînent ? 

Je pense que je suis très pénible (rires). J’ai toujours beaucoup d’idées, je compose énormément mais je fais aussi beaucoup d’écrémage. Quand je fais un album, j’aime qu’il raconte une histoire. Je n’ai pas envie de remplir un album pour remplir un album. Je n’ai pas envie de voir mon métier comme un métier d’usine et par conséquent, je fais les choses comme j’ai envie de les faire. Ça va bientôt faire 15 ans que je fais ce métier et je commence enfin à ne plus avoir peur. J’ai moins peur car j’ai une bonne équipe autour de moi et je ne suis pas effrayé à l’idée d’être oublié. Le rituel album-tournée/album-tournée, ce n’est pas pour moi, j’aime prendre mon temps et m’épanouir. 

Tu sors également une réédition de l’album “Regain”. Au programme, 2 lives et un inédit. Peux-tu nous en parler ? 

"Regain" réédition . Crédits : Gael Faure / Tangui Morin
"Regain" réédition . Crédits : Gael Faure / Tangui Morin
Ces deux titres ont étaient choisis puisqu’ils ont tous deux une dimension live importante pour moi. Pour “Only Wolves” J’avais envie d’en faire autre chose que sur l’album. Je voulais capturer un live plus profond, plus libérateur plus intense. Pour “Éreinté” ce que je désirais c’était lui donner une durée de vie plus longue. Je souhaitais explorer davantage et aller plus loin dans le côté instrumental, transcendantal. Je voulais également prendre le temps avec les gens en concert de danser, de laisser aller leurs gestes à eux, leur dos, leur frustration, leur fatigue. Enfin, pour “Muddy Shoes” on revient sur la terre, sur mes terres... J’ai composé ce titre il y a 3 ans et j’ai fait appel à mon ami Piers Faccini pour les paroles. C’est un titre de coin du feu, un retour à la maison. J’aurais aimé le faire entendre à ce un bon vieux Nick Drake par exemple.

L’année 2018 a été chargée. 2019 tu y penses déjà ? 

Je déteste cette question car je ne sais jamais y répondre. (Rires). Mon défi cette année c’était de vivre dans l’instant présent et c'est ce que j’ai fait. Pour 2019, je n’y ai pas encore réfléchi. Je ne sais pas ce que je vais faire mais je sais de quoi j’ai envie. Je veux rentrer chez moi, reprendre possession de mes repères. Prendre le temps de collaborer avec des personnes qui me touchent. On est toujours dans la projection et sur les réseaux mais je veux prendre le temps de me surprendre. Être chanteur, c’est avoir des messages à passer, je n’ai pas envie de suivre une mode, si je reviens avec quelque chose qui n’est pas sincère, je n’arriverai pas à le défendre. Ça va peut-être faire vieux briscard mais ce qui m’intéresse, ce que je veux défendre, c’est l’environnement, l’écologie, des choses qui ont une réelle importance. Je n’ai pas envie de partager des photos de ma gueule sur Instagram pour avoir 100.000 followers, ce n’est pas ça la musique. 



** Parue le 23 novembre chez Sony Music France, la réédition de l'album "Regain" a été agrémentée de 3 pistes supplémentaires (2 titres lives et un inédit). À découvrir sur Spotify

Gael sera également en concert le 17 décembre au Petit Bain Paris pour son dernier concert le l'année.  Les places sont disponibles sur ce lien. 

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