Édito #6: réédition ou nouvel album : la stratégie du succès
Depuis quelques semaines, le marché de la musique français est inondé d’une pluie de rééditions. Si certains fans se réjouissent d’écouter de nouvelles pistes inédites ou encore des versions lives de leurs chansons préférées, d’autres ne comprennent pas les raisons de la manoeuvre. Pourquoi ne pas sortir un nouvel album ou un EP si de nouvelles pistes sont prêtes à l’écoute ? The Melting POP vous explique les dessous d’une stratégie bien huilée et d’un business juteux.
Pluie de rééditions dans le marché de la musique |
Profiter des fêtes pour gonfler les ventes
Si le marché de la musique physique a perdu de sa superbe partout dans le monde, la période des fêtes reste un moment crucial pour l’économie de l’industrie musicale. En effet, à cet instant de l’année, il s’écoule environ un tiers des ventes de disques annuelles. Indispensable au pied du sapin le disque se décline donc en période de fête et comme l’explique Benjamin Petrover dans son ouvrage “Ils ont tué mon disque !”, c’est à ce moment-là qu’apparaissent majoritairement sur le marché les rééditions, coffrets collector et autres éditions spéciales.
Des objectifs divers
Outre l’aspect financier qui reste le pivot de l’écosystème musical, le principe de réédition d’un album a d’autres objectifs. Premièrement, et surtout en pleine ère du streaming, la réédition a pour mission d’enrichir et de valoriser le catalogue des artistes. En effet, en insérant de nouveaux morceaux sur un opus déjà existant, les artistes permettent à leurs précédents titres de gagner de nouvelles écoutes tout en augmentant possiblement, grâce aux nouveaux sons, le nombre d’auditeurs sur Spotify, Deezer, ou tout autre support digital. Permettant à un artiste de compléter son oeuvre, la réédition peut également servir de transition vers des sonorités qui seront par la suite explorées sur un nouvel opus. Dans ce registre, “The Fame Monster” de Lady Gaga est le parfait exemple car il démontre au travers de ses morceaux, l’évolution de la star vers un son plus sombre que l’on a ensuite pu retrouver sur l’intégralité de l’ère “Born This Way”.
Construire un succès et protéger l’aura commerciale de l’artiste
Qu’importe la raison de la réédition, les artistes n’ont bien souvent (à moins d’être très influents auprès de leur maison de disques) pas leur mot à dire. Servant à gonfler les chiffres de ventes, à faire de l’argent ou à préparer le terrain pour le futur, la réédition est avant tout une stratégie interne qui vise à pérenniser la relation d’un artiste et de son public. Dans l’inconscient collectif, la réédition d’un album est celle d’un opus qui mérite de l’être. En effet, aux yeux du grand public, réédition rime avec prestige et ne sont bien souvent réédités que les opus qui se sont assez bien vendus pour jouir d’une nouvelle mise en lumière. En réalité, la réédition est souvent utilisée pour aider un artiste à atteindre une certaine signification (or, platine, …) ou alors, pour laisser l’artiste sur les ondes, en attendant de le faire revenir avec un nouveau projet qui tient la route. Beaucoup moins risqué qu’un nouvel album qui pourrait entacher une carrière en cas d’échec. Beaucoup moins passe-partout qu’un EP qui reste un outil destiné aux petits artistes ou aux artistes avec un public de niche, la réédition est une sorte de protection. En effet, rares sont les cas où les chiffres de ventes d’une réédition sont analysés. Outil marketing, la réédition est avant tout une stratégie bien huilée… CQFD !
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