#ITW - Medhi Bahmad : “ Je souhaite participer à créer les exemples que j’aurais aimé avoir en grandissant”

Avec son dernier single “Rien”, Mehdi Bahmad étend son univers et touche avec la langue française d’autres frontières, d’autres horizons. Artiste maroco-canadien, inspiré par la POP, l’électro et les sonorités orientales, il défend une esthétique recherchée et engagée et prône des messages puissants au travers d’une musique divine et de textes tous plus percutants et profonds les uns que les autres. Rappelant dans sa manière de créer, des artistes aussi puissants que Sevdaliza pour ne citer qu’elle, il est un artiste instinctif qui prône au gré de sa passion des valeurs nobles, universelles et touchantes. Héros artistique, future icône queer, nous avons décidé de lui poser quelques questions pour mieux cerner son art, sa personnalité et son message. 


Mehdi Bahmad - Rien


Salut Mehdi, tu es d'origine marocaine et pourtant, tu joues avec les codes queers et l'esthétique alternative. As-tu conscience que tu représentes une forme puissante de singularité et de bravoure dans la société actuelle ? 

En toute honnêteté, si c’est le cas, je ne le fais pas de manière consciente, mais de façon naturelle et instinctive. Je pense qu’il est nécessaire de proposer différents narratifs, de nouvelles perspectives, et de normaliser les zones grises. Surtout aujourd’hui. Certaines facettes de mon identité peuvent sembler de prime abord contradictoires, mais j’y trouve personnellement une certaine harmonie. 

Quand et pourquoi as-tu pris conscience que tu pouvais te défaire des principes préétablis ? 

Comme je le disais, ça s’est fait de manière naturelle. J’en ressentais le besoin, c’était viscéral, vital. J’ai toujours pratiqué toute forme d’art en cachette, c’était mon jardin secret. La musique est une porte qui me permet de dévoiler ce qui s’y trouve, de le rendre accessible, de le partager. Remettre en question ce qui m’a été appris a toujours été plus fort que moi, surtout que beaucoup de choses m’ont toujours parues si incohérentes. Je souhaite aussi participer à créer les exemples que j’aurais aimé avoir en grandissant. 

Ta musique est un mélange de POP alternative et de bribes orientales. Comment es-tu arrivé à ce mélange ?

La musique a toujours occupé une place centrale dans ma vie et toutes mes influences représentent forcément des périodes charnières de celle-ci. En grandissant, j’étais fasciné par la pop, plus particulièrement les pop divas, arabes et américaines, comme Nancy Ajram, Shakira, Kylie Minogue, Haifa Wehbe… Pour les influences “orientales”, je les intègre parfois volontairement, avec le choix d’instruments par exemple. Ça fait partie de la musique avec laquelle j’ai grandi et que je consomme encore aujourd’hui et qui m’inspire. La plupart du temps, je ne me rends même pas compte que j’intègre ces éléments, ne serait-ce que dans ma façon de chanter ou dans mes mélodies. Ça fait partie de moi. 

Ton dernier single s'intitule "Rien". De quoi parle-t-il ?

Rien, ça représente tout ce que j’ai - et que longtemps, je ne voyais pas. Dans un monde où l’on a tendance à calculer la valeur des choses par les biens, j’apprends doucement à ré-accorder de l’importance aux richesses non-quantifiables et à valoriser qui je suis, valoriser mon “Rien”. 


C'est ton premier single en français, pourquoi ce choix sur ce morceau ? 

J’ai écrit cette chanson en une soirée. C’est l’une des rares fois où je découvrais une chanson en l’écrivant. Elle m’est venue de manière très instinctive. Je suis parti de la ligne “Je n’avais rien du tout, j’avais tout sans rien” que m’a inspiré un sentiment d’empathie envers moi-même. Elle représente une certaine prise de conscience. 

Tes clips sont d'une beauté et d'une réflexion profonde. Peux-tu nous parler de tes vidéo ? 

Merci! Les clips sont une partie intégrante de ma démarche. Si j’avais plus de budget, je crois bien que je ferais un film. Je travaille le visuel en parallèle de l’écriture et de la composition. Tout est complémentaire, inter-relié. Je considère l’art et la musique comme étant multidimensionnels. Tout est une question de sens. Si je prends “H.E.N.N.A.”, ça reflète la relation complexe que j’ai eue avec mon père. J’y suis très passif, je subis. Ce qui m’a inspiré, c’est un jeu qu’il me faisait lorsque j’étais enfant. “Lay”, c’est plutôt la naissance de mon personnage artistique. C’est une introduction, une invitation dans mon univers. Là où j’ai trouvé mon équilibre, quelque part entre ciel et terre.


Quand j'ai découvert ton univers, j'ai directement pensé à Sevdaliza. C'est une artiste qui t'inspire ? 

C’est un très beau compliment, j’aime beaucoup son travail et son univers. Je suis particulièrement sensible à son esthétique. 

Dernière question, à quoi doit-on s'attendre pour la suite ? 

Je travaille en ce moment sur de la nouvelle musique qui représente davantage là où j’en suis comme artiste et comme personne. “Khôl” était plutôt le reflet d’un "healing process" lié à mon passé. Ma nouvelle musique est tournée plus sur le présent et l’avenir, ce que j’envisage, ce que j’espère. J’essaie aussi d’intégrer plus de darija et de français. Je monte tranquillement un premier album. D’autres singles suivront certainement.  

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