#Critique : Fishbach dépoussière la chanson française sur “Avec les Yeux”


Il lui aura fallu près de 5 ans mais après avoir traversé une longue période de doute et de remise en question, Fishbach est de retour avec un second album. Intitulé “Avec les Yeux”, le disque fait suite à “À ta Merci”, un premier opus qui surfait un peu avant l’heure, sur le revival 80’s. Cher au cœur de l’artiste, le genre revient une nouvelle fois sur ce second opus mais Fishbach ne se repose jamais sur ses lauriers. De fait, sur cette nouvelle galette, les influences sont nombreuses et prise de risque et liberté semblent être les refrains favoris d’une femme singulière. Marquée par l’émotion, la folie, le spleen est plus encore, la chanteuse captive et on vous en parle dans notre critique disponible dès maintenant sur The Melting POP. 

Fishbach - Avec Les Yeux

Pour beaucoup et nous les premiers (on ne va pas se mentir), Fishbach fait partie de la même vague artistique que celle à laquelle appartiennent Clara Luciani, Juliette Armanet & Cie. Cependant, et bien que le rapprochement soit évident, ce n’est pas tout à fait vrai. En effet, si elles remontent toutes le temps pour donner naissance à une POP française décomplexée, Fishbach se démarque en allant chercher plus loin. Chez elle, tout est beaucoup poussé. Plus rétro, plus 80’s, plus baroque, tout est plus, tout est trop et c’est ce trop qui fait l’essence de la chanteuse. 5 ans après un premier album déjà très singulier, elle franchit de nouvelles frontières et s’envole sur “Avec les Yeux” vers un monde totalement barré où Catherine Ringer et Kate Bush doivent probablement séjourner. De fait, il y a chez Fishbach, la même folie, le même lyrisme, cette même absence de convenance. Dans sa musique, tout est démesuré. Solo de guitare, envolées vocales, explosion de batteries, chant éraillé pour ne pas dire désarticulé, l’artiste s’amuse et use de tout ce qui pourrait être une faille pour en faire un point fort. Sortie de son contexte, la musique de Fishbach pourrait être taxée de tous les maux et c’est vrai qu’il y a une forme d’étrangeté dans ce qu’elle peut proposer car tout est volontairement kitsch, cliché mais ce, sans jamais tomber dans la vulgarité et l’aspect “foire au boudin” que peuvent généralement avoir les projets qui tentent de s'exorciser du moderne. Connaissant sa voix, ses limites et très probablement l’histoire de la musique, Fishbach déjoue les codes et sélectionne le meilleur de ses inspirations pour donner vie à un projet qui va bercer vos spleens et vos insomnies. Sans jamais reculer devant rien, elle est celle qui peut passer d’une piste disco avec “Masque d’Or” à un son déconstruit et aussi singulier que celui de “Téléportation”. Qui plus est, lorsqu’elle se lance pour notre plus grand plaisir dans un refrain en anglais sur “Tu es en Vie”, l’artiste surprend et donne une idée de ce à quoi aurait pu ressembler une version sous extasie d’un des plus grands classiques des Beatles. Jamais à court d’idées, elle rend aussi un vibrant hommage à la grande chanson française, un genre désuet qu’elle incarne avec honneur sur le vibrant “Dans un fou rire” ou encore sur “Quitter la Ville”, la piste la plus atemporelle du projet. Offrant près de 40 minutes de pur plaisir, Fishbach réussit à marier des textes profonds (parfois insolites) à des productions plurielles et audacieuses. On lui pardonne de nous avoir fait patienter aussi longtemps. 



La note : 18,5/20 - l’album le plus osé de ce début d’année

Les titres à écouter en boucle : “Téléportation”, “Tu es en Vie”, “Nocturne”, “Masque d’Or”


Commentaires

  1. Dommage que cette artiste qui "refuse les conventions" soit esclave du tabac ! Quelle tristesse ! Elle bousille sa jeunesse et sa santé et donne, notamment aux jeunes, un exemple pitoyable ! La clope, c'est 240 morts chaque jour, en France... Evidemment, à part moi... pas un commentaire sur ce sujet tabou !!!

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