#ITW - NOUR : “tout peut être dit, tout dépend de la manière”
NOUR, c’est une artiste avec un grand A. Avec elle, pas besoin de grosse production ou de superflu. Sa voix, quelques instruments et parfois quelques objets, voici ce dont elle a besoin pour créer autour d’elle un univers musical rempli d’histoires et de second degré. Très bien nommé, son nouvel album “L’élégance des mots crus” vient tout juste de paraître et il guide l’auditeur dans un monde rocambolesque et intrépide. Ce monde, c’est celui de NOUR, celui qu’elle s’est créé et celui qu’elle partage avec le public. Rigoureux, précis, ce nouvel opus n’en est pas moins léger et pétillant. À chaque instant, à chaque expression, à chaque mot, on se plaît à mettre des images sur les paroles de la chanteuse et l'expression lâcher prise prend ici tout son sens tant l’opus permet de se détacher durant quelques instants de la réalité. Afin de mettre son travail en lumière, nous avons interrogé l’artiste qui nous avait déjà séduits au Festival Francofaune ou encore avec son single “L’impulsive”... Un entretien à découvrir dès maintenant.
Hello Nour, tu es de retour avec un nouvel album “L’élégance des mots crus”. D’où est née cette idée de créer cet album, avec ce titre paradoxal et bien choisi ?
Ce titre s’est imposé à moi. L’idée était de réunir des mots qu’on ne verrait pas ensemble. « Élégance » et « cru » ne semblent pas s’accorder de prime abord, et pourtant tout peut être dit, tout dépend de la manière dont on le dit. J’ai un côté très « esthète » et un côté plus « brut de décoffrage », ça fait depuis que je suis gamine que j’essaie, plus ou moins harmonieusement, de lier les deux. J’ai l’impression qu’aujourd’hui, le lien se fait plus simplement.
Avec cet album, tu sembles vouloir, plus que jamais, te jouer de tout. Les mots, les bruits, les instruments. Quel a été ton processus créatif sur ce projet ?
Le sens du jeu est primordial dans mon processus créatif. Il faut que ça m’amuse, que ça m’interpelle, que ça vienne titiller des choses. Même si au final il y a des titres pas vraiment « drôles » en vrai. Qui sont venus à moi comme une nécessité, comme un chant de résilience...
L’album est riche, très organique et pourtant, ta voix y tient le rôle principal. Elle est pure tout en étant théâtrale, on y ressent chaque vibration, c’est quelque chose que tu travailles ?
La voix est un instrument comme un autre. Quand je chante, j’essaie toujours de revenir au texte, à ce que je raconte. C’est le sens avant tout qui va donner sa musicalité à ma voix. Sinon on reste dans le décorum. Et autant j’aime beaucoup jouer avec, comme je viens du jazz, l’aspect skat, et l’envie de la mélodie est très importante pour moi, autant je n’aime pas qu’on perde le fil de ce que je dis. C’est un équilibre constant à chercher. Dans la chanson française dite « à texte » on perd souvent la mélodie au profit du texte. Ce qui m’importe de mon côté, c’est de pouvoir réunir les deux.
C’est un album en français, bourré de jeux de mots, de rimes faciles mais bien choisies. C’est important pour toi, le Français, la francophonie dans ta musique ?
Je ne me demande pas si la rime va être « facile » ou non.. J’essaie juste de dire ce que j’ai besoin de dire avec les mots les plus justes pour l’exprimer. La langue française est une matière extrêmement riche! Que l’on peut malaxer comme une sorte de pâte à modeler, et lui donner la forme qui me semble la plus évidente pour enrober mes propos. La langue française passe quelques frontières, la musique les explose toutes !
Plus qu’un album, ce nouvel opus est un spectacle. J’imagine qu’il a aussi été conçu pour être joué sur scène n’est-ce-pas ?
Je n’ai pas pensé à la scène en particulier au moment de le faire. Quand je crée, je crée pour dire. Avant tout. Pour avancer sur mon cheminement d’artiste-artisane. Mais oui. C’est un spectacle aussi théâtral ! Même si je ne viens pas à proprement parler du théâtre. Il y a pour moi la nécessité de mettre de l’humour entre les chansons. Déjà, parce que l’humour est important pour moi, mais aussi pour faire « passer la pastille Valda » quand je chante des chansons plus profondes et sérieuses.Pour le spectacle de cet album, nous avons travaillé avec Erwan Pinard pour la mise en scène, et nous sommes 4 sur scène. Je suis au piano, et accompagnée de cordes: Thomas Benoit à la contrebasse, Viviane Hélary à l’alto et au violon, et Automne Lajeat au violoncelle. Ce sont tous des musiciens qui ont côtoyé autant le classique que le punk. Faire ce lien-là entre un côté plus classique et un côté plus rock’n’roll est très important pour moi. Comme l’élégance et les mots crus quelque part…Ne pas se laisser figer dans des petites cases.
Le thème central de cet album, c’est l’amour mais aussi les hommes que tu n’hésites pas à piquer gentiment. C’est important en tant que femme de tourner certaines formes de masculinité dites toxique à la dérision ?
Autant je suis très sensible à l’injustice en règle générale, et à celle faite aux femmes en particulier, autant je ne me sens pas en combat avec les hommes. Si je pique un peu à certains moments, c’est pour parler de ce qui m’est arrivé, mais ça n’est pas propre aux hommes. La toxicité peut se trouver dans les deux camps! (sourire) Je préfère à femme et homme le terme de « masculin » et de « féminin » que les hommes et les femmes ont en eux tous, mais plus ou moins assumé, respecté. Les hommes et les femmes manquent de « féminin », je pense. La vision court-termiste (plus propre au « masculin ») des choses fait du mal à tout le monde.
Dernière question, si tu devais résumer ton travail, ta création en quelques mots. Que dirais-tu ?
Rechercher l’authenticité dans le jeu.
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