Dahmer - Netflix : Katy Perry et Kesha doivent-elles censurer leurs œuvres ?

Diffusée sur Netflix, la série de Ryan Murphy sur le tueur en série Jeffrey Dahmer a captivé les foules. Cinquième série la plus regardée de tous les temps sur la plateforme de streaming américaine, “Dahmer” a aussi eu droit à son lot de controverses. Premièrement, les familles des victimes n’avaient pas été informées de cette adaptation en série des crimes de Jeffrey Dahmer. Ensuite, plusieurs associations LGBT ont pointé du doigt le fait que le show soit estampillé “programme LGBT” dans la grille de Netflix. Pour couronner le tout et alors que la série dénonce elle-même le racisme vécu par la communauté noire à l’époque des faits, une employée présente sur le tournage a affirmé avoir été “horriblement maltraitée” sur le set et ce, en raison de sa couleur de peau. En dépit de tous ces problèmes, la série cartonne et la critique est unanime. Malgré tout, le succès du show est actuellement en train de faire deux victimes collatérales dans la pop-culture et dans la musique … The Melting POP vous explique TOUT !

Kesha - Katy Perry - Dahmer

“Dark Horse” et “Cannibal” au coeur du scandale 

Katy Perry, Kesha. À moins de connaître par cœur leurs discographies, vous vous demandez peut-être ce qu’elles viennent faire dans une polémique autour de la série Jeffrey Dahmer. De plus, les deux chanteuses n’avaient même pas encore lancé leurs carrières lorsque les crimes ont été commis à la fin des années 80. La raison : elles mentionnent toutes deux, dans l’une de leurs chansons, le célèbre criminel et si à l’époque personne ne s’était insurgé du “clin d'œil”, l’écho de la bien-pensance et de la cancel-culture les rattrape aujourd’hui. En effet, si Katy Perry et Kesha sont aujourd’hui pointées du doigt, c’est parce qu’elles ont, à un moment donné de leur carrière, fait référence au criminel dans un de leurs morceaux. Du côté de Katy Perry, c’est le rappeur Juicy J qui lance un : “She Eat Your Heart Out Like Jeffrey Dahmer” dans le cultissime “Dark Horse”, l’un des plus gros succès de la chanteuse. Pour Kesha, c’est le titre “Cannibal” qui est mis en cause et dans ce single ou elle chante qu’elle mange des garçons à tous les repas, l’artiste entonne : “I’ll Pull a Jeffrey Dahmer”.

Des références polémiques 

Respectivement sortis en 2013 et en 2010, “Dark Horse” et “Cannibal” n’avaient jusqu’alors jamais été critiqué pour leurs allusions à Jeffrey Dahmer. Accusée de plagiat avec son morceau ou encore d’appropriation culturelle, Katy Perry aurait pourtant pu être attaquée sur ce sujet. Qui plus est, en devenant l’une des premières chansons à passer le cap du milliard de streams, on pourrait s’étonner que la polémique ne soit pas née avant. Pour Kesha, même chose, si son titre n’a pas fait de vague à sa sortie, il a connu une véritable résurgence en 2020 grâce à TikTok et personne n’a jamais crié au scandale. Ayant remis en lumière les actes atroces de Jeffrey Dahmer, la série de Ryan Murphy a réveillé ceux qui, sur les réseaux sociaux, agissent comme des vautours à la recherche d’une proie. Afin d’apaiser les tensions, la mère de Kesha qui a écrit les paroles de “Cannibal” a dû donner des explications sur le sens de son propos comme pour “s’excuser” d’avoir intégré dans une chanson pop, une référence populaire. Pire encore, alors qu’elle performait récemment son titre dans une émission américaine, Kesha a été censurée et la phrase relative à Jeffrey Dahmer a tout bonnement été bipée

Les dangers de la cancel-culture 

Aujourd’hui, dans la catégorie “On ne peut plus rien dire”, Katy Perry et Kesha sont donc les cibles de ceux et celles qui pensent tout mieux que personne. Attaquées, critiquées, insultées, les deux chanteuses se voient même menacées de boycott. Doivent-elles censurer leurs œuvres, doivent-elles s’excuser ? Doit-on bannir toutes les références culturelles et donc brûler tous les films d’horreurs inspirés d’histoires vraies ? Faut-il lister tous ceux et celles qui ont un à moment, fait écho dans une œuvre, à une tragédie ou a quelque chose qui pourrait blesser quelqu’un quelque part ? Si c’est le cas, alors la pop culture n’existe plus et la culture en général en prend elle-même un coup. Accepter de censurer Katy Perry et Kesha peut paraître futile tant la pop n’a que peu d’importance sur la face du monde. Pourtant, si on accepte, alors on fait un pas de trop vers le politiquement correct et on prend le risque que d’autres personnes derrière, demandent à supprimer, un détail, une ligne, un paragraphe… Et puis encore derrière, des artistes s'empêcheront d’écrire, des réalisateurs refuseront de soulever telle ou telle problématique et puis un jour, on ne pourra vraiment plus rien dire… Et personne ne dira plus rien ! On ne peut pas rire de tout. On ne peut pas faire référence à tout de n’importe quelle manière. Néanmoins, il y a un temps pour tout et ici, Katy Perry et Kesha n’ont pas “utilisé” le drame Dahmer au lendemain des crimes. Le succès de la série et les réseaux sociaux ont ravivé une émotion mais celle-ci ne doit pas dicter un acte qui aurait des répercussions désastreuses sur l’intégralité de la culture.

Commentaires

Nombre total de pages vues