Sébastien Delage en interview pour la sortie de l’album “Rien Compris”

On l’avait découvert en 2021 avec “FOU”, un EP sur lequel il levait le voile sur son univers. Un an et demi plus tard, Sébastien Delage confirme le tir avec “Rien Compris”, un premier album à paraître le 20 janvier. Avec celui-ci, l’artiste laisse encore davantage parler sa vulnérabilité. Véritable thérapie l’ayant aidé à se sortir d’une mauvaise passe, le disque est un projet rock affirmé et libérateur. Néanmoins, et bien qu'il traite de sujets assez durs tels que la maladie mentale ou encore la sexualité, le disque n’est jamais plombant et au fil des 10 pistes qui le composent, c’est un artiste serein qui s’affirme devant nous. Acteur d’une scène musicale française qui ose, Sébastien Delage se libère. Avec lui, avec sa musique, la scène queer rencontre le rock, les frontières se brouillent et chacun peut se retrouver à identifier dans les textes de l’artiste, un ou plusieurs moments de sa propre existence. Quelques jours avant la sortie de ce projet et alors qu’il sera en concert aux Trois Baudets le 9 février prochain, The Melting POP a rencontré Sébastien Delage pour une interview exclusive ! 


Sébastien Delage - Rien Compris


Salut Sébastien, ton album sort dans quelques jours. Comment tu te sens à l’approche de cet événement ?


Pour l’instant, je dors encore très bien (Rires) mais d’ici quelques jours, j’imagine que les choses vont changer. Je ne sais pas si ça sera le stress ou les énergies de la lune (Rires).

Tu as débuté ton parcours solo en 2021 avec un premier EP sur lequel tu présentais tes névroses et ton histoire. L’album, c’est une continuité ?

Oui totalement ! Pour moi, les deux projets vont ensemble. Je les ai écrits et arrangés en même temps. J’ai préféré sortir un EP préambule pour ne pas faire un coup d’épée dans l’eau avec l’album, les titres de l’album sont peut-être un peu plus sombres, mais j’y parle une nouvelle fois de santé mentale, de désirs, etc.

Dirais-tu que cet album va plus loin dans l’exploration de ton histoire personnelle ?

Je ne pense pas... je parlais déjà de mon enfance dans le premier EP. Ici, j’ai peut-être laissé tomber toutes formes d’auto-censure sur des chansons telles que “Spectaculaire” ou “Rien Compris” mais l’intégralité de l’album est une part de mon intimité. 


L’album s’intitule “Rien Compris”. C’est aussi le morceau qui débute l’album. Quand le texte se déroule et que le rythme s’accélère, on a l’impression que c’est presque d’un déclic pour toi. Tu confirmes ? 

J'ai toujours su que ça serait le titre de l’album. Quand j’ai commencé l’écriture, je venais d’être diagnostiqué bipolaire. En thérapie, j’avais une note dans mon téléphone intitulée “J’ai compris”. J’y notais beaucoup de choses sur ce que je ressentais et plus tard, j’ai eu envie d’en faire une chanson. Étant donné que je ne savais pas comment les chanter, je les ai lus. Le début de la chanson, ce sont ces notes, ces mots qui ont traversé mon esprit à cette période de ma vie. 

Tu t’es mis à écrire avec l’EP et l'album. L’écriture, c’est donc une forme de thérapie ? 

Je me suis longtemps demandé si j’allais être capable de le faire. Néanmoins, ça me faisait vraiment du bien. Si j’ai compris quelque chose, c’est qu’il faut parfois arrêter de réfléchir. Lâcher prise, ça donne parfois naissance à des fulgurances. Aujourd’hui, je trouve que mon écriture est très verte, il y a des améliorations à faire, mais il fallait que ça sorte.

Dans notre première interview, tu disais que tu avais toujours voulu faire du rock ? Comment est-ce devenu ton identité musicale ? 

C’est venu assez naturellement. Je ne suis pas un grand musicien du coup, je voulais que tous les morceaux fonctionnent en guitare-voix. Quelque part, je pensais déjà à la scène, c’était important pour moi de pouvoir m’accompagner sur mes propres morceaux. Encore une fois, l’ensemble est peut-être perfectible, mais j’avais besoin que ça soit naturel. 

Tu as déclaré que ta musique n’était pas une revendication. Pourtant, tu fais du rock, tu affirmes ton identité queer, ta bipolarité. C’est déjà fort, tu ne trouves pas ? 

Effectivement ! De toutes façons, être ouvertement queer en France, c’est déjà une revendication. Quand, je dis que ça n’en est pas une, c’est parce que le disque n’existe pas pour cette raison. Avec cet album, je ne voulais pas faire bouger les lignes. Je n’avais pas de cahier des charges. Mon objectif avec ce projet, c’était avant tout d’aller mieux mentalement (Rires). C’était ça ou sauter par la fenêtre (Rires).


L’un de mes titres préférés sur ton album, c’est “Longue Histoire”. C’est un titre assez différent, plus chaud. Que représente-t-il pour toi ? 

C’est vrai qu’il est assez différent. Au départ, je ne savais pas trop quoi en faire. J’ai même hésité à le conserver dans la tracklist. Cependant, le texte reste quand même assez triste et je trouvais que la musique donnait un peu de respiration à l’ensemble. Personnellement, j’aime beaucoup ce que fait Boy Pablo et je pensais un peu à ça en réfléchissant à ce titre. Ce texte est dédié à mes amis, à ceux qu’on ne voit pas forcément tous les jours, mais qui font du bien quand ils sont là. 

L’autre OVNI de l’album, c’est “Dale Cooper”. C’est un hommage à Twin Peaks ? 

Alors pas vraiment, car Dale Cooper est aussi un acteur porno gay (Rires). C’est un activiste qui milite dans son art pour les droits des travailleurs du sexe. C’est la seule chanson à laquelle je n’ai pas participé pour le texte. Cependant, j’aime le personnage, le double sens et je suis passionné de cinéma un peu chelou. J’aimais l’idée d’avoir ce titre dans mon album, car il y a une forme de dualité qui rappelle peut-être la raison d’être première de ce projet.

Ton projet commence à exister un peu dans les médias, as-tu reçu des messages qui t’ont particulièrement touché ? 

Je pense que la première chanson qui a un peu touché le public, c’est “Chanson de Baise”. Je crois que l’objet un peu érotique a parlé à beaucoup de gens. Grâce à ce titre, j’ai reçu le message d’un homme qui vivait en Iran. C’est assez fou, car cette personne risque peut-être sa vie en m’écrivant. Aujourd’hui, il vit en Belgique et c’est hyper émouvant d’avoir ce genre de retour. 


Dans “Spectaculaire”, tu dis une phrase assez forte : “Je vais assumer tout ce que je ressens”. Dirais-tu que c’est la phrase qui résume ton projet ?

Ah oui (Rires) ! Totalement ! En l’écrivant, j’ai trouvé ça un peu cucul mais si ma musique doit sonner comme celle d’un ado attardé de 36 ans, est-ce que c’est si grave ? Je n’en suis pas sûr.

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