#ITW : Sébastien Delage : “Fou c’est une mise à nu. C’est le morceau qui m’a donné envie de continuer”

À l’occasion de la sortie du clip de son dernier single “Fou”, Sébastien Delage a accordé une interview à The Melting POP. Racontant son projet, la fin de son aventure sur le duo Hollidays ou encore des aspects plus personnels de son vécu, l’artiste ouvre la porte et se présente sincère. Désireux de se présenter sans filtre afin de porter un projet à son image. Il défend ses valeurs, raconte son histoire et tente de par ce biais de mettre en lumière la réalité des autres. Sexualité, santé mentale et futurs projets, l’artiste parle sans tabou au détour d’une interview exclusive. 

Sébastien Delage


Salut Sébastien, tu as récemment lancé ton projet solo. Cependant, on te connaît davantage pour ton aventure avec Elise au sein du duo Hollydays. Pourquoi le projet a-t-il pris fin ? 

En septembre 2020, en plein milieu de la pandémie, on a décidé de tout arrêter. On venait de terminer l’enregistrement du deuxième album, toujours signé chez Polydor, mais on avait tous les deux envie d’autre chose. Elise voulait faire du R&B, je voulais faire du rock, je pense que la sortie de confinement nous a permis de prendre conscience de ce qu’on voulait vraiment.

Par conséquent, tu t’es lancé en indé sous ton propre nom… Pourquoi ne pas avoir continué en major ? 

Pour en avoir fait l’expérience, je pense qu’une major n’est pas quelque chose de fait pour moi. Dans ce genre de contrat, tu es souvent pieds et poings liés. De plus, j’ai entendu des choses que je n’avais pas envie d’entendre du genre :”En interview, évite de dire que tu es gay”, ou : “tu devrais dire à Elise qu’elle a un peu de poids à perdre”... De plus, ça reste un milieu très cynique où tu as peu de liberté. Pour Hollydays par exemple, le projet n’a jamais vraiment fonctionné et les équipes nous poussaient sans cesse à faire des choses à la mode… Ça parasite énormément le processus créatif. Du coup, être indé me permet de répondre à ce que j’ai envie de faire plus qu’à des études marketings.

Tu as donc monté ton propre label “Drama Queen Music”. C’est un projet qui se revendique “queer". Pour quelles raisons ? 

Il n’y pas si longtemps, j’étais avec mon oncle et il m’a dit : “elle est quand même très gay ta musique” … Avec le recul, je me suis donc dis, est-ce qu’on aurait qualifié ma musique de musique hétéro si j’avais décidé de chanter “les filles de l’été” plutôt que les garçons ? Je ne pense pas … Je n’ai pas la volonté de faire de la musique queer, je raconte simplement ma réalité. Ce label, c’est une occasion de créer une structure safe pour les artistes plus que de se revendiquer. Pour le moment, je suis seul dans mon label mais à terme, je veux que d’autres personnes aient aussi l’occasion de raconter leur réalité. 


Avec le recul, as-tu l’impression qu’on t’a fermé des portes depuis que tu as lancé ce projet ?

En 2021, je pense que plus aucun journaliste n’osera dire ouvertement que c’est trop gay… Après, j’ai eu assez peu de promo sur mon premier single… J’espère que c’est simplement un manque d’identification ou de résonance plutôt que de l’homophobie.

Après “Les Garçons de l’été”, tu poursuis avec “Fou”. C’est un clip très cinématographique. C’est toi qui en a eu l’idée ? 

Pas du tout. Moi, j’avais une autre idée en tête pour ce morceau et ça n’a pas pu se faire, le résultat n’était pas satisfaisant. C’est Olivier Chenille le réalisateur du clip qui m’a contacté et qui a pensé à Suzanne Clément. Il avait envie de faire “un moment de cinéma”. Il lui a proposé, elle a adoré l’idée et elle a tourné avec nous, c’était plutôt cool comme expérience. 


Le clip montre la folie, la solitude, les corps qui se mélangent. Que voulais-tu transmettre à travers la vidéo ?

Il y a beaucoup d’intervenants dans le clip et ce qui est assez contradictoire c’est que malgré les paroles, j'ai presque l’air d’être le plus sain d’esprit (Rires). L’idée, c’était de se mêler à une horde de gens qui se battent, s'aiment, se font l’amour… C’est ça la folie. 

Tu as déclaré qu’il s’agissait de ton morceau préféré sur ton premier EP. Pourquoi ? 

C’est le premier morceau que j’ai écrit. Avant, je ne chantais pas, je ne faisais que produire la musique, je n’écrivais même pas. Pourtant, la musique, c’est ce que j’aime le plus au monde. Ce morceau est arrivé dans ma vie après une rupture, une période difficile où j’ai été diagnostiqué bipolaire. “Fou” est donc très spécial pour moi, c’est une mise à nu, c’est ce qui m’a donné envie de continuer.

C’était important pour toi de te livrer de la sorte, de te mettre à nu ? 

Quand Hollydays a pris fin, je me suis demandé ce que je devais faire. Monter un nouveau groupe ? Choisir un nouveau pseudo ? J’étais un peu perdu. Et puis, je me suis rendu compte que je voulais simplement être moi. Ce qu’il y a de mieux en musique, c’est lorsqu’il n’y a pas de posture. Le meilleur moyen de toucher les gens, c’est la sincérité. Je ne veux pas me censurer, c’est pour ça que je parle sans filtre de mes histoires de baise, de ma santé mentale et de mes émotions. C’est ma réalité mais c’est aussi celle de beaucoup d’autres personnes.

Il paraît que la suite, c’est un album… Tu confirmes ? 

Exactement ! J’ai écrit l’EP et l’album en même temps. L’album sortira donc en septembre 2022 et il s’intitulera “Rien Compris”. Ce sera un projet 100 % inédit !

En attendant l’année prochaine, tu prévois d’autres choses ? 

Je veux surtout faire de la scène parce que c’est ce qui me fait vibrer mais c’est compliqué pour l’instant avec les deux dernières années qu’on a vécues. Du coup, je pense à lancer prochainement un concept de concert en appartement avec de la bonne musique, de la bouffe et du vin. Et puis, j’aimerais aussi clipper le titre “Chanson de Baise” et sortir un EP de reprises en retravaillant ce que j’ai déjà posté sur Internet… 


Tu parlais tout à l’heure de ton label et de ton envie de créer une structure saine pour d’autres artistes. Tu as déjà des idées en tête ? 

Rien de concret pour le moment mais j’aime beaucoup ce que fait Swan Melani. Il sort de très jolis morceaux. J’aime beaucoup et je nous vois bien collaborer.

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