#Critique - Lana Del Rey : Did You Know That There’s A Tunnel Under Ocean Blvd

Saviez-vous qu’il y a un tunnel sous Ocean Boulevard ? C’est, (en français) la question que se pose Lana del Rey sur son nouvel album à paraître le 24 mars. Toujours plus inspirée, la plus intrigante des chanteuses américaines revient avec un disque dont la taille du titre a de quoi faire rugir les rédacteurs SEO. Néanmoins, avec Lana del Rey, plus c’est grand plus c’est beau et une fois encore, l’artiste incarne et étaye son univers à la perfection. À une époque où la notion d’album se perd de plus en plus au profil d’une succession de compilation sans âme, Lana Del Rey va plus loin puisqu’en plus d’offrir un projet cohérent, elle met en place dans son parcours une véritable continuité… La critique du 9e album de Lana del Rey à découvrir maintenant sur The Melting POP. 

Lana del Rey : une artiste qui répond à ses propres codes 

Pour ses détracteurs, Lana del Rey est une nationaliste qui tente avec sa musique de glamouriser les pires côtés de l’Amérique. Cette rengaine, ces critiques, l’artiste les subit depuis la sortie de “Born To Die”. Malgré tout, tandis que d’autres lui ont parfois reproché de s’inventer un univers pour faire carrière, la chanteuse n’a jamais changé son fusil d’épaule. Mieux encore, à mesure des projets et quitte à perdre quelques auditeurs en route, elle s’est attelée à construire avec ses projets un parcours solide au sein duquel tout semble méticuleusement pensé et réfléchi. Plus encore depuis la sortie de “Norman Fucking Rockwell” en 2019, l’artiste est entrée dans une forme de distorsion de ses propres codes et grâce à cela, elle réussit, sans jamais lasser son audience, à proposer des albums et des projets à la fois singulier et fidèle à ce qu’elle est, et ce qu’elle représente. En ce sens, alors que certains pourront (à raison ?) penser que “Did You Know That There’s A Tunnel Under Ocean Blvd” n’a rien de surprenant, d’autres lui trouveront toutes les qualités allant même jusqu’à le qualifier dès la première écoute de véritable œuvre d’art. Après plusieurs lectures du projet et sans être absolument fan de l’artiste, c’est plutôt dans la seconde catégorie qu’on tend à classer le nouvel album de Lana del Rey.

Did You Know That There’s A Tunnel Under Ocean Blvd - la review

Alors : “Did You Know That There’s A Tunnel Under Ocean Blvd” est-il un album de plus dans la carrière de Lana del Rey? Où s’agit-il une nouvelle fois d’un petit bijou comme elle seule en a le secret ? La question va une nouvelle fois diviser mais Lana n’en aura que faire car elle s’est une nouvelle fois fait plaisir et chaque seconde de ce nouvel album transpire de son esthétique et de son incarnation musicale. Toujours entourée de son fidèle collaborateur Jack Antonoff, Lana continue d’exploiter son background personnel pour raconter des histoires poétiques, touchantes et intimistes. Ainsi, comme c’était déjà le cas sur son précédent projet “Blue Banisters”, l’artiste nous plonge dès la piste d’entrée (“The Grants”), au cœur de son histoire familiale. Profond, car Lana n’a besoin que d’un petit détail pour écrire une grande chanson, le titre dépeint le portrait d’une famille comme les autres à l’exception faite que Lana utilise sa voix et ses nuances pour faire d’un rien une belle histoire. Ce soucis du détail, l’artiste le distille sur une grande partie de son projet et de “Grandfather Please Stand on the Shoulders of My Father While He's Deep-Sea Fishing” en passant par “Margaret”, qui fait écho à la femme de Jack Antonoff, l’artiste tisse des toiles uniques qui prêtent à l’évasion et à la contemplation. Cependant, Lana del Rey possède une force que l’on retrouve sur chacun de ses projets, elle ne s’enferme pas dans un style et au détour des 16 pistes qui composent ce nouvel album, elle vient parfois bousculer ses codes pour mieux surprendre l’auditeur. Dans ce registre, on peut bien évidemment mentionner “A&W”, un single qui résulte de la fusion de deux chansons aux styles diamétralement opposé mais aussi, “Paris, Texas” ou encore “Peppers”, 2 morceaux qui guident l’artiste sur des terres vocales et musicales plus pétillantes, aiguisées et surprenantes. Ajoutant à sa toile des interludes et des collaborations qui viennent étayer la profondeur et la précision de son projet (“Jon Batiste Interlude”, "Let the Light In”), Lana del Rey ne néglige aucune seconde de son répertoire et dans 5 ans, 10 ans, 20 ans, ses chansons s'écouteront encore car l’artiste traversera le temps et nul doute que d’ici-là, elle continuera de nous livrer des pépites auditives comme elle seule en possède la recette.

La note : 15/20 - la nouvelle oeuvre d’une artiste en série 

Les titres à écouter en boucle : “A&W”, “Peppers”, “Paris, Texas”, “Let the Light In”