#Critique : Lana del Rey dépeint son histoire sur “Blue Banisters”
8 mois après la sortie de son dernier album “Chemtrails over the Countryclub”, Lana del Rey est de retour avec “Blue Banisters”. Enregistré durant le confinement et loin des gros studios d’enregistrement, ce disque est décrit par l’artiste comme son projet le plus personnel. Souhaitant raconter son histoire, l’artiste s’éloigne encore un peu plus des carcans mainstreams et si ses deux derniers opus nous avaient plu sans véritablement nous séduire, “Blue Banisters” nous rappelle à quel point Lana del Rey est une artiste majeure de la scène musicale actuelle. Envoûtante, captivante, la chanteuse n’a pas besoin de grand-chose pour nous embarquer dans son univers… On en parle dans notre nouvelle critique sur The Melting POP.
13 ans après ses débuts, Lana del Rey poursuit sa route. Discrète dans les médias mais proactive, elle vient de publier en ce mois d’octobre son huitième album studio. Faisant suite à “Chemtrails Over The Countryclub” sorti en mars dernier, ce nouvel opus est une énième preuve de la singularité et du talent de l’artiste. Réussissant une nouvelle fois à construire une œuvre cohérente en respectant son univers et sa ligne directrice, Lana s’impose et se révèle aussi bien musicalement que dans ses textes sous son meilleur jour. En effet, si les derniers opus de la chanteuse nous avaient parfois un peu ennuyés, on retrouve sur celui-ci l’âme d’une artiste romantique qui raconte ses histoires en chuchotant, en murmurant, mais ce toujours, avec cette capacité à peindre derrière son timbre de véritables tableaux. Écouter Lana del Rey, c’est s’évader sur les routes américaines. C’est partir sans détour et sans billet retour pour un roadtrip musical et sentimental indéniable. Lorsqu’on s’intéresse de près à sa discographie, on pourrait reprocher à la chanteuse de ne pas évoluer, de ne pas prendre de risque. Cependant, il y a dans la linéarité de son parcours, une forme de sagesse qui fait d’elle une artiste hors du temps. Ayant solidifié sa fanbase en déjouant à mesure de ses albums tous les pièges de l’industrie, elle est celle qui semble se moquer de la célébrité et du succès. Pour cette raison, son seul point faible est peut-être, parfois, de paraître trop détachée de la réalité et de son public. Pour un auditeur lambda, ou lorsqu’on n'est pas dans le mood “Lana del Rey”, l’ennuie peut survenir et c’est peut-être ce “trop” qui nous avait un peu éloigné de ses œuvres précédentes. Avec “Blue Banisters”, l’engouement revient et pourtant rien n’a véritablement changé...
Riche de 15 pistes “Blue Banisters” est né durant le confinement et à la suite des nombreuses critiques qui ont poussé l’artiste à quitter les réseaux sociaux durant de longs mois. Accusée d’appropriation culturelle (le nouveau terme à la mode sur les RS) mais aussi de glamouriser la domination masculine et la fragilité des femmes, Lana s’est enfermée chez elle et elle a ressenti le besoin d’explorer son passé. Ses ruptures, sa famille, ses origines, voilà les points d’ancrage principaux de ce nouvel opus. Montrer celle qu’elle est réellement, au risque d’encore une fois faire parler les bien-pensants, c’est ce qu’elle a tenté de faire. Épuré et minimaliste, “Blue Banisters” n’en est pas moins le fruit d’une profonde introspection. Résumant en quelques sortes les grandes étapes de sa vie “Blue Banisters” déborde d’âme et d’humanité. Toujours bercé par l’esthétique “west-coat” cher à son coeur, la beauté et l’efficacité de ce nouveau disque sont fondés sur des textes poignants (“Black Bathing Suit”, “Thunder”) ainsi que sur des instrus profondément soignées (“Dealer, “Sweat Carolina”). Regroupant également plusieurs titres écrits par le passé mais qu’elle a retravaillé pour l’occasion (“Cherry Blossom”, “If You Lie Down With Me”, “Violet for Roses”), ce huitième album est le témoignage profond d’une artiste qui respecte son art et qui tente à chaque instant de l’améliorer. Personnel et pourtant tourné vers le monde et vers son public, “Blue Banisters”, est un chef d'œuvre d’ingéniosité (la majorité des intros et des outres sont magnifiques). De plus en plus douce et épurée dans sa manière de concevoir sa musique, l’artiste réussit sans surprise à nous rappeler pourquoi on l’aime tant.
La note : 16/20 - Un projet humain et touchant
Les titres à écouter en boucle : “Arcadia”, “Thunder”, “Black Bathing Suit”, “If You Lie Down With Me”
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