#Critique : Marie-Flore de retour avec son 3ᵉ album “Ex æquo”
L’amour dure trois ans. Ça tombe bien, c’est à peu près le temps qu’il faut à Marie-Flore pour concocter un nouvel album. Trois ans après “Je sais pas si ça va” et six ans après “Braquage”, la chanteuse française qui chante les ruptures comme personne est de retour avec “Ex æquo”. Une nouvelle fois, l’artiste a mis ses sentiments, ses déceptions et ses espoirs en musique et comme d’habitude, on voyage avec elle sur la pente très glissante de l’amour, celui qu’on aime, qu’on déteste, celui qui brûle autant qu’il passionne. Pour résumer : l’amour absurde avec un grand A.
Marie-Flore : la reine des coeurs brisés
Si l’on s’en réfère à ses chansons, Marie-Flore n’a pas de chance avec l’amour. Le plus souvent, ses textes évoquent des tourments, des déceptions et même lorsqu’il rayonne une lueur d’espoir, la triste réalité n’est jamais très loin. Paradoxalement, s’il est un domaine dans lequel elle brille, c’est dans l’art de raconter et de mettre en musique ses histoires, celle d’un cœur brisé qui espère, qui chute, qui se rebelle, qui vit. Déjà omniprésent sur ses deux premiers opus, ce concept pourrait rapidement tourner en rond. On pourrait croire que l’artiste n’a plus rien à dire. Pourtant, avec son troisième album “Ex æquo” à paraître ce vendredi 25 avril, l’interprète de “Mal Barré”, nous prouve qu’elle est loin d’avoir perdu l’inspiration. Comme si elle avait à nouveau traversé tous les méandres de l’amour, elle propose aujourd’hui onze nouvelles pistes, onze nouveaux textes qui bouillonnent d’idées et d'émotions. Reine dans l’art de faire danser sa plume, Marie-Flore multiplie sur ce disque les textes imagés qui se décalquent sur l’auditeur comme une carte postale dans laquelle chacun peut se glisser pour voyager. Alors, on est transporté avec elle dans des rues où l’on a aimé (“Tutto Passa”, “Quelques centimes”), dans un quotidien où les émotions se sont mélangées (“Intimes”) jusqu’à devenir un seul souvenir à la fois doux et amer (“De nous deux”).
L'amour : une fatalité nécéssaire
Immersif, bien qu’il soit au premier abord introspectif, ce nouvel album séduit, au-delà des textes, par la puissance musicale qui s’en dégage. Ici, Marie-Flore a délaissé les productions pop-urbaines de “Braquage” et les différents rythmes (rétro, électro,...) qui parsemaient son deuxième album pour laisser place à de vrais instruments qui s’animent en début de piste comme pour instaurer une ambiance solennelle. Extrêmement palpable sur l’excellent “Je Pars” qui ouvre l’album de manière magistrale, ce procédé renforce l'expérience et à partir de là, le projet défile avec une cohérence et une limpidité rares sur la scène musicale française. Accompagnée à la production par Marlon B (Sinclair, Juliette Armanet, …), Marie-Flore dévoile avec “Ex æquo” un opus solide, chargé d’émotions contradictoires, celles qui rythment les histoires d’amours. Si Camus était encore là, il aurait probablement jugé absurde la boucle corrompue de ces histoires de cœur qui démarrent dans la passion pour se terminer un jour dans la fatalité. Toutefois, tout n’est que quête de sens et celui qui anime la plume de Marie-Flore réside certainement dans l'expérimentation comme passage nécessaire à la création…
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