Scream Queens : La pépite décalée et complexe de FOX
Lancée le 22 septembre sur le réseau
FOX aux États-Unis, Scream Queens met en scène un campus universitaire
américain, mis à mal par un tueur en série. Entre POP culture et second degré plein feux sur une série qui a (presque) tout pour devenir culte. Des étudiants
stupides et futiles, des fraternités et des sororités aux coutumes niaises, une
doyenne nymphomane, en bref, le campus de l’Université Wallace où se déroule
l’action de Scream Queens est similaire à l’image que chaque Européen lambda
peut se faire d’une faculté américaine. Fondée sur des clichés costauds, Scream
Queens a tout d’un mauvais Teen Movie pourtant, c’est en jouant sur ces
ficelles manifestes que le show tire sa force.
La première bonne idée de Scream
Queens - on ne va pas se le cacher-
c’est que voir des adolescents américains odieux et haïssables se faire
charcuter fictivement ça fait toujours autant plaisir. Le plaisir est d’autant plus
jouissif lorsque tout ce qui entoure ces exécrables personnages n’est que
paillettes et décor bubble-gum. Ici,
pas question d’éviter la surenchère tout est pensé pour être le plus cliché
possible. De la personnalité des personnages, aux tenues en passant par le
cadre de la vie estudiantine ultrastéréotypée, rien absolument rien n’est laissé
au hasard. Ainsi, la série décime un à un et à coup d’humour noir toute les
failles de la génération « Y ». De l’adolescente ultrabranchée qui tweet avant de mourir en passant par la
caricature irrévérencieuse de la pénible Taylor Swift et j’en passe, les
créateurs de la série y vont fort – parfois
trop – et ça fait du bien !
Le deuxième point fort du show de
FOX c’est son ADN bourré de références culturelles. Outre les nombreuses scènes
qui viennent blâmer la nouvelle génération, la série offre à ses fans une mise
en abîme dans l’univers kitsch des années 90’s. De ce fait, Scream Queens
séduit grâce à une bande originale délicieusement rétro, qui nous fait redécouvrir
entre autres – et pour notre plus grand
plaisir- Boy Georges et Cindy Lauper. Qui plus est, Scream Queens éblouit face à sa
capacité à rejouer de manière euphorisante les plus grandes scènes du cinéma
horrifique sans jamais les médire. Savant mélange d’hier et d’aujourd’hui, la
série – qui fait aussi beaucoup de clins
d’œil à la culture LGBT- triomphe de
son hétérogénéité courageuse et maîtrisée.
Autre qualité, le casting. Dotée
d’une affiche alléchante (Jamie Lee Curtis, Emma Roberts, Agibail Breslin, …)
la série regorge également de personnages secondaires hilarants et hauts en
couleurs, mention spéciale à la désopilante Niecy Nash a.k.a Denise Hemphill
une agente de sécurité qui transperce l’écran à chacune de ses apparitions.
Malheureusement, et c’est là, tout
le paradoxe, c’est que les forces de la série sont aussi ses plus grandes
faiblesses. Attendue par les fans dès son annonce sur les réseaux sociaux, la création de Ryan Murphy (Glee – American Horror Story) se noie dans un afflux
de bonnes idées. En voulant trop bien faire, en voulant tout mélanger, Murphy
propose aux téléspectateurs une soupe certes très appétissante, mais trop
lourde, trop complexe. Les références pleuvent, chacun se fait un plaisir de
les déceler, de les comprendre, de les analyser, mais comme toutes les grandes œuvres
seul l’auteur peut comprendre tout ce qu’il a voulu signifier. Prise au piège
dans ses qualités, Scream Queens voit son perfectionnisme millimétré et son
humour décadent jouer en sa défaveur.
Trop mainstream pour les amoureux de la culture bien pensante (la faute
à son créateur ? La faute au casting ?), trop complexe pour Monsieur
et Madame Tout-le-Monde. Scream Queens a beau être très bonne et très bien
construite, elle fait partie de ses œuvres incomprises et accablées par une
société contemporaine qui ne laisse bien souvent place qu’a deux formes d’art :
l’art inaccessible destiné à ceux que nous appellerons sans les condamner les « intellectuels » et enfin ouvrez les
guillemets, « l’art mainstream »
destiné à ceux qui croit encore que passer en radio est synonyme de qualité.
Diffusée à son grand dam sur une
grande chaîne américaine et produite par un grand nom de la télé US, Scream
Queens rassemble chaque semaine moins de 3 millions de téléspectateurs. Une
audience confidentielle pour ne pas dire catastrophique. Sans employer de
pincettes, la série de Ryan Murphy est un véritable flop en terme d'audience. Pourtant,
si une chaîne du câble avait diffusé le show, si le nom de la série était
estampillé par n’importe quel producteur indépendant, les résultats seraient
perçus différemment.
Hélas, une fois encore les
intellectuels se sont branchés sur HBO pendant que Monsieur et Madame
Tout-le-Monde ont préféré regarder les Experts. Dommage !
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