#ITW : N.T.H - l'interview découverte


Il y a 7 ans, le duo Nowhere To Hide ou N.T.H sortait son premier album éponyme. Derrière ce tandem encore peu connu, on retrouve Frédéric Jurie un scénariste français ayant travaillé sur les comédies "Hollywoo" ou encore "Ma Famille t’Adore Déjà" et Reksider un musicien qui aime la musique au sens large. Menant de front ses propres projets, l’artiste s’est également illustré sur YouTube mais aussi dans les domaines de la publicité et de l’humour. Issus d’horizons différents, Frédéric et Reksider on mit leurs passions en commun et après quelques années de travail, ils reviennent ensemble avec "Le Fil" premier extrait d’un second album à paraître dans le courant de l’année. Qui sont-ils ? Pourquoi reviennent-ils aujourd’hui avec un single en français ? Quelles sont leurs aspirations ? Pour le savoir, Frédéric Jurie a répondu aux questions de The Melting POP.

NTH - Le Fil

Salut Frédéric, tu fais partie du projet "Nowhere To Hide" (N.T.H), peux-tu nous parler de ce projet ?

Fredéric Jurie: Hello. Avec Reksider, on s’est rencontrés en 2003 par l’intermédiaire de Xavier Maingon, aujourd’hui producteur. Il avait l’intention de produire un album style Trip-Hop. Le projet n’a pas abouti mais Reksider et moi avons accroché et décidé de collaborer ensemble. Au début, c’était surtout pour le plaisir de poser ma voix sur ses morceaux et puis j‘ai commencé la guitare et j’ai eu envie de créer des morceaux. Je pense que sans Reksider, je ne serai pas allé plus loin que ma chambre. Alors en 2006, je lui ai demandé si ça l’intéressait de partir de mes créations (des guitares / voix très simples) pour en faire des morceaux plus complexes. Quatre ans après on a sorti le premier album. Il était un peu fermé, pudique, il m’a servi à exorciser certaines blessures, contrairement au dernier. C’était un peu un brouillon de ce qu’on a fait aujourd’hui même si il y a, quelques chansons que j’adore encore comme le morceau titre "Nowhere To Hide" qui a donné son titre au projet. L’idée est qu’on ne peut pas échapper à ses démons intérieurs, à ses traumatismes et à ses blessures, ça ne sert à rien d’essayer de fuir.

Vous avez récemment sorti un nouveau morceau intitulé "Le Fil" pourquoi avoir attendu si longtemps pour revenir ?

En réalité, nous avons commencé à travailler sur ce projet dès la fin de l’année 2011. Avant la moitié de l’année 2012, il y avait déjà quatre morceaux de près. La direction était beaucoup plus rock, et puis nos envies et nos émotions ont évolué, on a eu envie de produire des choses plus lumineuses et plus rythmées. Les trois premiers morceaux ont donc été mis de côté, la seule piste que nous avons gardée sera le dernier morceau du futur album, c’est un morceau plutôt sombre avec des passages très rock.

Avec nos activités respectives, nous ne nous sommes parfois pas vu pendant plusieurs mois, et le projet a pris du retard alors que paradoxalement, tout était plus facile avec l’expérience du premier album et celle de Reksider, qui s’affirmait de plus en plus de son côté dans son travail de compositeur.

Le texte de la chanson est en français et évoque un sujet difficile, la perte d’un être cher, pourquoi avoir choisi le français pour ce nouveau morceau et comment vous est venu l’idée de ce thème ?

Au départ, comme pour le premier album, tous les textes étaient écrits en anglais et puis il y a deux ans, j’ai senti que quelque chose n’allait pas. Je n’avançais plus dans l’écriture, je n’arrivais pas à terminer certains textes. Puisque je sollicite déjà beaucoup Reksider pour la composition, je ne voulais pas qu’on perde du temps ensemble à travailler sur les paroles. J’ai donc tout jeté. Trois mois plus tard, j’ai essayé d’écrire en français. Au début, c’était compliqué et puis finalement, il y a des choses donc je commençais à être satisfait. Pour ce qui est de ce morceau, le texte parlait initialement du sentiment particulier qu’on a lorsqu’on est attiré par quelqu’un qui ne nous veut pas dans sa vie. C'est ce qui fait, à mon sens, la différence entre l’amour et l’obsession. Il y avait d’ailleurs un morceau, beaucoup plus sombre et rock qui traitait du même sujet dans le premier album ("Still in my head") mais entre temps, j’ai brutalement perdu ma mère. Le fait d’écrire en français a transformé le texte en quelque chose d’autre. J’ai essayé de parler de ce sentiment étrange, lorsqu’on se sent seul parmi les autres. On cherche la présence pour casser la solitude, on cherche l’ivresse pour endormir la tristesse mais lorsqu’on est à nouveau seul, on ne peut plus détourner le regard face à sa propre souffrance. Je pense qu’il s’agit d’une étape du deuil entre la fin de la colère et le début de l’acceptation. J’ai encore du mal à en parler de manière frontale, c’est pourquoi les paroles tournent un peu autour du sujet avant de lâcher prise à la fin. Je n’ai d’ailleurs pas voulu me mettre en scène, par peur de ce que pouvait réveiller l’incarnation du personnage. 

Votre album est déjà prêt, tu peux nous en dire plus à ce sujet ?

Il sera composé de 12 titres, aucun instrumental, néanmoins, l’aspect musical est beaucoup plus travaillé que pour le premier album. Reksider joue chaque instrument. Même si j’avais des idées précises pour les mélodies voix, il m’a fait des propositions et m’a aidé à les affiner. Il sait diriger de manière efficace, toujours peace, ce qui est très agréable. "Le fil" sort du lot, c’est un morceau court qui ne possède pas la structure intro / couplet / refrain traditionnelle. C’est pourquoi j’avais envie de le sortir  en premier, comme une sorte de teaser de l’album.

Quelles sont vos aspirations avec ce projet musical ?

Nous avons très envie de défendre les morceaux sur scène, de leur donner vie. C’est aujourd’hui le moyen le plus efficace pour faire exister un projet, d’autant plus que la plupart des morceaux de l’album ont été pensés pour être joué sur scène. L’aspect vidéo nous intéresse également beaucoup. Si nous pouvions "clipper" tous les morceaux de l’album, ce serait formidable. C’est un plaisir de pouvoir accompagner la musique avec un visuel. 

Qui sont les artistes qui vous inspirent ?

Reksider et moi n’avons pas la même culture musicale mais on s’est fait découvrir beaucoup de choses mutuellement. J’ai été élevé dans une culture pop rock (Genesis, Police, Sade, Simply Red, Pink Floyd...), puis, plus tard je suis passé de la dance au rock dans les années 90 puis au rap et je suis revenu naturellement à mes amours, le pop rock avec une tendance au rock américain qui n’a malheureusement plus un grand public en France. Je suis très sensible aux voix chaudes et puissantes. Je suis un grand fan de Ray Wilson qui a eu sa période de gloire en France dans les années 90 avec le groupe Stiltskin. Je crois que j’ai versé mes premières larmes musicales en écoutant sa reprise de "No Son Of Mine" en 98 lorsqu’il a  remplacé Phil Collins au sein de Genesis. Dans un autre genre, l’album "Mezzanine" de Massive Attack, sorti la même année a ouvert beaucoup de portes au niveau de ma perception musicale. À l’heure où mes potes écoutaient du rap français, j’écoutais surtout ce genre de musique et ils ne comprenaient pas toujours. 

Comment définiriez-vous votre style musical ?

L’album est assez varié musicalement. J’avais un peu peur qu’il n’ait pas une réelle logique musicale mais Reksider m’a rassuré sur ce point. Il y a un fil conducteur, ne serait-ce qu’à travers la thématique des textes qui parlent de problèmes relationnels. Ce n’est d’ailleurs pas un choix, c’est venu naturellement. Le style musical est plutôt pop / rock, parfois les guitares sont très appuyées, parfois moins. Il y a des claviers, des pads, du piano... On pense vraiment que l’album est très varié au niveau des mélodies et des sonorités. 

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