#ITW - Mina Sang: “ma musique est paradoxale”


En 2017, Mina Sang est venue nous surprendre avec “”Incorporée” un premier EP profondément incarné. Artiste énigmatique, elle a grandi à la campagne dans la simplicité tout en étoffant son bagage culturel. Inspirée par les poèmes, elle met aujourd’hui son vécu à profit de sa carrière musicale. De retour cette année, un nouveau single intitulé “Mystère Magnifique”, elle promet à son public de nouvelles chansons ainsi qu’un premier album. Avant cela, elle est en interview sur The Melting POP. Un entretien exclusif.

Mina Sang présente un "Mystère Magnifique"
Mina Sang présente un "Mystère Magnifique"

Tu as un parcours assez atypique. Peux-tu revenir sur celui-ci ?

Je viens des Ardennes belges et mes grands-parents étaient paysans. Même si j'ai toujours fait de la musique, mon “parcours” est comme une vie à l’envers, où l’on sait intimement et depuis toujours ce que l’on veut, la musique, mais où il est pourtant nécessaire d’expérimenter les mille et une choses qui nous animent également - l'agriculture, le Tarot de Marseille ou conduire un poids lourd… Pour ensuite revenir au commencement, grandie d’un certain nombre d’expériences. Cela peut sembler assez disparate, mais en fait, tout ça pour moi c’est un peu la même chose : faire grandir la vie, avec sa sensibilité à nu. Un jour, j’ai décidé de composer mes propres chansons, comme quand j'étais enfant avec mon piano, mais cette fois pour de vrai, et puis il y eut quelques bonnes rencontres. 

Ta musique est relativement POP. Pourtant, elle ne correspond à aucun format. Comment décrirais-tu tes créations ?

Merci ! Je le prends comme un compliment. Ma musique est paradoxale : lumineuse et sombre à la fois, douce et tranchante (un peu comme moi). Et si elle ne correspond à aucun format, c'est peut-être parce que je ne cherche pas à ressembler à qui ou quoi ce soit. C'est une force et en même temps, c'est peut-être prendre le risque que l'on ne me comprenne pas. Cependant, j'y tiens car il n'y a pas plus grand plaisir que de donner quelque chose de vrai à quelqu'un lorsqu'il peut le recevoir. Cette fois je travaille avec Jef Dominguez (Mafia K'1 Free, Cat Power...) et c'est très bien.

Ta musique est très inspirée par la poésie, notamment par celle d’Arthur Rimbaud. Pourquoi ce parallèle ?


Ce qui est magique dans la poésie, c'est qu'on y trouve à la fois une parole singulière qui parle depuis son propre rapport au monde, et en même temps, une parole commune qui parle de la vie, et à tout le monde. Une parole à la fois personnelle et visionnaire. Comme dans “Enfance”, où Rimbaud nous plonge dans la nature et nous dit que : ”ce ne peut être que la fin du monde, en avançant”. Mes chansons convergent toutes vers ce paradoxe apparent de simultanément rencontrer ou épouser le monde, et d’accomplir notre propre solitude.


Ton premier EP est paru en 2017. Il s’intitule ”Incorporée”. Il a reçu de nombreuses critiques positives. Que représente-t-il pour toi ? 

Une éclosion, une nouvelle vie, une première ébauche. J'ai appris à faire moins de compromis, alors le meilleur reste peut-être encore à venir ! 



Ton nouveau titre “Mystère Magnifique” porte bien son nom. Peux-tu nous en parler ?

 
“Mystère magnifique” parle du drame de l'homme occidental qui se place dans un face à face sans espoir avec l'univers. Or, l'ethos occidental - qui entend maîtriser, détruire (en prétendant construire), tout savoir et tout expliquer - ne peut rien, même s'il nous menait jusqu'à notre propre disparition, contre ce “mystère” - la vie ou l'univers, qui se tient là, “magnifique”, et qui nous dépasse. Mais si ce mystère est magnifique, il est en même temps vertigineux !

J’ai lu dans une interview que tu préparais un album. Où en est le processus ?

D'autres singles vont sortir prochainement… avant l'album !

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