Teddy Sinclair : itinéraire d’un personnage complexe et talentueux
Vue de l'extérieur, la carrière de Teddy Sinclair peut sembler brouillon. Changement de nom, de direction musicale et projets fantômes, elle sillonne l’industrie depuis son plus jeune âge. Principalement connue pour ses actes en tant que Natalia Kills, elle a vécu de nombreux passages à vide mais sa musique est toujours restée d’une qualité indéniable. Mieux encore, son univers qui a évolué à mesure des années est en constante progression et en attendant impatiemment la sortie du premier album de Cruel Youth ainsi que le single “Wait In The Benz” attendu depuis plus d’un an, The Melting POP a décidé de revenir sur la carrière de cette artiste qu’on aime tant.
Avec son personnage de Natalia Kills et ses deux premiers opus "Perfectionist" et “Trouble” parus en 2011 et 2013, Teddy Sinclair avait tout pour devenir une star. Comparée à Lady Gaga, produite par Will.I.Am ou officiant encore en première partie de Katy Perry, elle semblait avoir les étoiles de son côté. Hélas, quand les rouages sont trop gros, la machine peut parfois s’enrayer et c’est probablement ce qui a dû se passer pour elle. Ainsi, malgré un premier album très pop qui n’a pas rencontré le succès escompté, son second opus plus torturé et produit par Jeff Bhasker (Lana Del Rey, Taylor Swift, P!nk, …) a lui aussi suivi le même chemin. Pourtant, aussi bien dans les textes que dans l’esthétique musicale, Natalia Kills proposait déjà quelque chose de fort, quelque chose d’authentique. Injustement boudée par les médias, les critiques et le public, son talent est resté dans l’ombre et quand la lumière est arrivée à elle, c’est un bad-buzz sans précédent qui a mis fin à son potentiel. Prise dans la tourmente d’une émission de télé-crochet qui s’est servie de son personnage pour booster l’audimat, elle a essuyé, bien malgré elle, les plâtres de l’industrie et après deux albums ô-combien pointilleux, elle a refermé le chapitre “Natalia Kills”.
"I'm Trouble, I'm Trouble"
Lors de la promotion de son second album “Trouble” en 2013, Natalia Kills déclarait avoir choisi ce titre en référence à un terme qui résume son parcours et suit son chemin depuis la plus tendre enfance. Jeune anglaise férue de musique, elle commence en effet très tôt à vouloir vivre de sa passion et c’est avec son père, près du piano, qu’elle pousse ses premières notes. Issue d’une famille aisée, elle ne manque de rien et pourtant aux portes de l’adolescence, sa famille perd tous ses privilèges. Accusé d'escroquerie, son père est alors envoyé en prison et c’est cet événement associé à ses rêves de musique et de lumière qui vont la pousser à courir les castings. Souhaitant réussir pour aider sa mère, elle tourne dans quelques séries et téléfilms tout en postant au début des années 2000, des titres sur Internet. Affublée d’une casquette et d’un appareil dentaire, la jeune femme qui se fait alors appeler Verbalicious se rêve en rappeuse et dynamite le petit monde d’Internet. En effet, à l’heure ou SoundCloud et Myspace sont rois, ses titres faits-maison font le buzz et c’est de cette manière qu’elle signe son premier contrat. Hélas, après plusieurs déconvenues et malgré un featuring avec M.Pokora qui tente alors une carrière aux États-Unis, Verbalicious s’éteint et c’est alors Natalia Cappuccini qui prend le relais. Dorénavant plus féminine, elle commence à se diriger vers des sons plus POP avec des titres tels que “Womanequin” mais la mayonnaise ne prend pas. Malgré tout, sa détermination et sa plume interpellent et c’est grâce à ce potentiel qu’elle va se faire remarquer de Perez Hilton, Will.I.Am ou encore Akon qui vont sous le label Interscope, polir son image. Femme fatale et hors des conventions, le personnage de Natalia Kills et celui d’une femme qui s’assume, celui d’une popstar sexualisée avec une histoire et un parcours qui colle avec l’époque ou la presse people règne en maître sur le monde du showbizz. Hélas, comme mentionné plus haut et comme elle le déclarait si bien en 2013, le mot “trouble” n’est jamais loin d’elle et tout s’arrête brusquement en 2015 pour Natalia Kills.
Verbalicious, Natalia Cappuccini, Natalia Kills, l’itinéraire artistique de Teddy Sinclair est difficile à suivre. Pourtant, il ne s’arrête pas là et forte d’une détermination et d’une indéniable envie de musique, elle va poursuivre son chemin. Au lendemain du scandale X-Factor, Natalia Kills met fin à sa carrière et si les plus crédules pensaient alors qu’elle allait à tout jamais disparaître, il n’en est rien. Accompagnée de son époux Willy Moon qui a travaillé avec elle sur “Trouble” et qui a chuté avec elle suite à X-Factor, elle décide de se faire appeler Teddy Sinclair (contraction de son second prénom et de son nom d’épouse). Dans un même temps, alors qu’elle écrit pour Rihanna, Madonna et autres, elle lance le projet Cruel Youth et l’EP “+30 MG” un bijou pop, alternatif et bluffant. Loin de la machine et des moyens que pouvait lui offrir Interscope, elle fait sa musique sans se soucier des médias et du grand public qui continuent sans cesse de lui rappeler le dérapage X-Factor. Malgré tout, la qualité de son travail reste intacte. Mieux encore, sa plume s’améliore, son style s'affine et sa voix, reconnaissable parmi des milliers, continue d’envoûter.
Avec Cruel Youth, Teddy Sinclair a donc opéré un virage indépendant. Malgré un manque de reconnaissance incompréhensible, celui-ci lui permet de continuer à s’exprimer. Il offre aussi à son public, la possibilité de la retrouver. Cependant, rien n’est jamais simple et malgré de beaux succès streaming, la complexité de l’artiste et la férocité de l’industrie viennent brouiller les tableaux. En effet, en parallèle du projet Cruel Youth, Teddy Sinclair balance au gré de ses envies et sous l’appellation The Powder Room, des pistes sur le web. Jamais évoqués, jamais promus, ses titres sont parfois rock, parfois POP, parfois doux. Mystérieuse, car silencieuse, Teddy Sinclair n’en dévoile que peu à son sujet. Pourtant, il n’est pas rare de voir des pistes inédites (issues de toutes ses phases artistiques) fleurir sur le web comme si elle avait décidé, à sa manière, d’entretenir le lien avec son audience. Annonçant çi et là et à demi-mot, l’arrivée du premier album de Cruel Youth, elle avait teasé début 2020 le single “Wait In The Benz”. Censé être le lead-single d’un album attendu depuis 2016, il n’a toujours pas vu le jour. En cause, le Coronavirus qui aurait retardé les choses mais aussi et surtout, entre les lignes, des problèmes de contrat avec ses anciens producteurs qui doivent la retenir de s’exprimer librement. En surfant sur le web, on sait qu’elle a travaillé avec les producteurs de Lolo Zouaï, qu’elle a enregistré un titre avec Bebe Rexha mais rien de concret n’est encore arrivé à nous. Talentueux, trouble, déterminé et complexe, le personnage derrière Teddy Sinclair semble aussi sinueux que sa carrière et il faudrait plus que quelques lignes pour comprendre ne serait-ce qu'un tiers de ses ambitions.
Teddy si tu nous entends, on rêve de t'interroger pour mieux te comprendre et diffuser ton propos !
Natalia kills aka CRUEL YOUTH IS COMING! Get your wigs ready! Her debut album as @cruelyouthxo is coming. “Wait In The Benz” 👀👑🤩⚡️🖤😈 pic.twitter.com/dAbjLxpOjz
— 2021 bitches 🎆💫✨🙌🏽✊🏽 (@electrickCruel) January 12, 2021
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