#ITW : Vincent Hélou - “Je fais ce que je suis”


Auteur compositeur et interprète, Vincent Hélou débute son parcours avec “Que c’est triste l’hiver”, un premier single pop et nostalgique. Porté par des synthés et une production 80’s, exaltante, le titre est celui d’un artiste qui revendique son amour des sonorités vintages. Amoureux des mots et de la chanson française, il cite également la scène féminine actuelle comme vecteur de création. Actuellement en préparation d’un premier EP qui s’annonce ô-combien prometteur, nous avons décidé de l’interroger. Rencontre avec un artiste qui nous fait voyager à sa manière, dans une frénésie synthétique pleine d’avenir, de spleen et de second degré. 

Vincent Helou


Hello Vincent, tu cites Marie-Flore, Fishbach, Clara Luciani comme inspiration. Ce sont des artistes qu'on adore sur The Melting POP. On était fait pour t'interroger ! Peux-tu nous parler de ces artistes que tu affectionnes ? 

Je ne sais pas si ce sont des inspirations, en tout cas, ce sont des artistes que j’aime beaucoup. J’aime leur singularité. Elles sont chacune dans un univers qui leur appartient, avec leur phrasé unique et leur voix. Marie-Flore a ce truc magique de balancer des punchlines hyper directes tout en y mettant une mélancolie qui me touche. C’est juste beau et si vrai… C’est écrit magnifiquement bien. Et l’écriture est très importante pour moi. Clara Luciani, je l’ai vu aux Inouïs, avant son premier EP. Tout est classe chez elle. La musique, les textes. Une grenade dans de la soie. Et Fishbach, évidemment, j’aime les sons 80’s de son album bien qu’elle soit plus rock, plus corrosive. Elle raconte des choses très dures aussi. Je la trouve très animale et j’aime ça. Là encore, il y a cette poésie qui me parle. Je crois que le dénominateur commun, ce sont les textes. J’y suis très attaché. 

Ton premier single s'intitule "Que c'est triste l'hiver". Tu peux nous parler de ce morceau et de sa nostalgie ? 

“Que c’est triste l’hiver” est née un soir de décembre où rien ne laissait penser qu’à ce moment précis, j’allais écrire cette chanson. J’étais avec des amis, chez moi, et d’un coup, au milieu de la conversation, j’entends dans ma tête, “Que c’est triste l’hiver sans tes mains…”. J’ai tout stoppé, et j’ai couru sur mon ordinateur pour enregistrer la phrase… J’ai laissé passer la nuit. Je crois, car j’étais pas seul, et le lendemain j’ai écrit la chanson… La chanson comportait 3 couplets à la base, et j’avais encore plein de paroles pour les couplets. Elle était très longue. Les couplets coulaient tout seul. Elle était assez évidente en fait pour moi. Le plus difficile, ça a été de retirer du texte. En tant qu’auteur, c’est une épreuve. Mais au final, c’est ce qui a donné du sens à la chanson. Dans ce titre, je parle d’amour, d’un être qu’on perd. Que ce soit dans la mort, ou dans une séparation. Mais en tout cas dans l’amour. Elle est très nostalgique, pleine de mélancolie, et ça fait partie de moi.

L'influence sonore de ton projet sonne très années 80, pourtant ce n'est pas ta génération. Pour quelle raison te diriger vers ces sonorités ? 

Tout simplement parce que c’est ce que j’aime. J’adore les synthés, les boîtes à rythme… Je ne sais pas pourquoi ça me parle autant… C’est simplement logique pour moi, parce que je n'avais pas envie de faire une prod qui ne soit pas moi. Je n'avais pas envie de faire les choses pour plaire, mais avec sincérité. Je suis Vincent Hélou, j’aime la pop, j’aime les sons 80, je fais ce que je suis. Alors oui, c’est un parti-pris dans le sens où j’ai décidé de faire ce qui me ressemble. 

Personnellement, j'adore ton travail mais tu n'as pas peur que le grand public trouve ça kitsch ? 

Je travaille beaucoup sur mes peurs justement. J’essaie de ne plus avoir peur. Si pour une personne, c’est kitsch, je me dis qu’il a des goûts musicaux différents. On ne peut pas tous aimer la même chose et je peux complètement comprendre qu’on adhère pas. Penser ainsi me rassure et me permet de ne pas me perdre en route. Tout est assumé dans ce projet. Il y aura sur le futur EP, un titre qui pour le coup sera POP 80 à fond, avec un passage parlé très J.Quartz, mais j’adore ça. On a poussé le truc au max !

Ton premier single est aussi une chanson d'amour. C'est important pour toi comme sujet dans ta musique ? 

Oui. C’est quelque chose qui me lie aux autres, dans nos vies communes, nos échanges, nos combats, nos différences. J’aime les gens. Je ne suis pas toujours le plus à l’aise du monde en société mais j’aime l’Homme. Du coup, l’amour est important parce qu’il n’est pas que l’amour amoureux. J’écris par amour, par nécessité d’exprimer des sentiments, pour les partager. J’adore disséquer les émotions, les imager, les mettre en musique. Il y a de l’amour, mais ça ne parle pas que de ça.

J'ai pu écouter ton premier EP sur lequel tu travailles encore et j'ai l'impression que tu as voulu te faire plaisir, lâcher prise, je me trompe ? 

Tu ne te trompes pas du tout ! L’objectif premier était très égoïste, à savoir de me faire plaisir. J’avais envie de faire ce que je voulais, de dire ce que j’avais envie, de la manière dont j’avais envie. J’ai tenté d’écouter le moins de musique possible aussi, pour ne pas être trop influencé par des musiques que j’aime et risquer d’imiter. On a toujours des influences ancrées en nous, c’est comme ça. On se construit beaucoup avec ce qu’on aime écouter. Ce qui est sûr, c’est que j’ai voulu me foutre complètement de ce qu’on pourrait penser afin d’être au plus proche de ce que je ressentais. Je ne dis pas que les oreilles de l’autre sont inutiles bien au contraire, mais en tous cas, dans la phase d’écriture, je voulais être moi. Je ne sais pas écrire que tout va bien et que la vie est belle. Ce que je trouve intéressant par contre, c’est la forme, le ton. Chanter une chanson triste en sautillant, je trouve ça génial.

Il y a également beaucoup de second degré dans ton travail. J'ai parfois eu l'impression qu'il existe dans ton univers une dualité entre ta nostalgie et ton humour. 

C’est toute ma vie ça ! On est deux, dans le meilleur des cas. Je suis quelqu’un d’assez drôle et pourtant très mélancolique. Enfin, je crois… Cette ambivalence, pour moi, c’est important. Je suis content que ça se ressente dans mes chansons ! Je ne veux pas ressembler à, je veux être. Et c’est très dur d’être soi. Alors je ne suis pas que ça, en si peu de chansons, c’est impossible de montrer toutes ses facettes, mais c’est positif. Il y a autre chose aussi. Parfois, on vit des moments difficiles. C’est dur sur l’instant, c’est dur quelque temps, on cicatrise, puis on est guéri. Quand je suis soigné, j’ai du recul sur ce que j’ai vécu. Et c’est seulement avec celui-ci que je peux m’amuser du Vincent au fond du seau. Je prends le parti d’en rire, alors que ce n'est pas drôle du tout, parce que j’ai la distance pour plus chialer.

Avec qui travailles-tu pour ce projet ? 

Je travaille avec Persha, Vanessa Giangrande. Elle a fait les prods. C’est un ange. Franchement, je suis hyper heureux de l’avoir rencontré. C’est une fille d’une bienveillance extraordinaire, qui est très à l’écoute. Je ne suis pas toujours facile… Je me pose des tonnes de questions à la minute, je peux partir dans tous les sens, et elle me dit deux mots, et hop, c’est carré. Elle a très bien cerné le projet aussi. Elle l’a emmené plus loin sans le dénaturer. Elle a fait un travail fou.

Parmi toutes les artistes françaises que tu aimes, si tu devais en choisir une pour un duo ou une collaboration, tu choisirais laquelle, et pourquoi ? 

C’est dur comme question… Je crois, qu’à cet instant précis, je choisirai Juliette Armanet. J’aime beaucoup sa douce folie. Je trouve qu’il y a beaucoup d’humour aussi dans ses chansons, beaucoup de tendresse, d’amour. Sa manière de décrire les situations me parle parce que justement il y a une forme de recul sur elle-même. On pourrait s’entendre qui sait ! 

Dernière question, si tu devais décrire ton parcours jusqu'à présent et tracer un chemin sur tes ambitions que nous dirais-tu sur toi ? 

J’ai un parcours un peu alambiqué. J’ai fait un bac théâtre, j’ai lâché la fac de cinéma hyper vite, puis j’ai fait une formation et j’ai travaillé. En parallèle, je continuais le théâtre. J’ai écrit ma première chanson à 16 ans, pendant un stage de théâtre. C’était un exercice, et ça a fait sens. Ensuite, j’ai traîné des années, dès qu’un projet avançait, je reculais. Il m’a fallu pas mal de temps et de travail sur moi pour assumer d’être artiste. Mon éducation a été assez classique. Les études pour un travail. Du coup, ça conditionne, et pourtant, mes parents sont deux personnes incroyables. Mais c’est comme ça, ils ont été élevés ainsi, on va à l'école et on trouve un travail. Je ne les tiens pas responsables pour autant, je suis mon pire ennemi. J’avance à coup de psy, petit à petit… (Rires). Aujourd’hui, je sais ce que je veux, où je veux aller, parce que c’est vital. Si je ne fais pas de musique, si je n’écris pas, si je ne partage pas cela avec les autres, je traverse le miroir. J’ai très envie de faire mes premières scènes. C’est important de rencontrer le public. J’ai fait du théâtre, mais ce n'est pas la même chose. L’EP sortira cette année, je verrai bien comment ça se passe. Évidemment, j’ai envie que ça touche des gens, et faire un album ensuite. Pour l’instant, je suis en auto-production, donc on verra ce qu’il se passe. En tous cas, j’ai hâte que ça sorte ! 

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