#ITW : ODGE : “Cet EP c'est ma bouée de sauvetage”
Artiste accomplie, ODGE a pris son temps avant de faire le grand saut vers une carrière solo. Ex-membre du groupe français ROCOCO, elle a fait ses preuves en composant pour le cinéma ou encore en accompagnant des artistes tels que Gaël Faure en tant que choriste. Cependant, l’artiste n’avait jamais tenté l’exercice de défendre son propre projet et c’est aujourd’hui chose faite avec “Love and other Disorder”, un premier EP rétro POP sur lequel elle chante un amour aussi frénétique que douloureux. Actuellement défendu par “Champagne”, un single efficace et addictif, le projet a attiré notre attention et il nous a donné envie de poser quelques questions à l’artiste. Son parcours, son amour de la musique synthétique et plus encore, rencontre avec une artiste nostalgique qui manie l’art du rétro et qui compte bien vous faire danser.
Hello ODGE, ton premier EP est sorti il y a bientôt un mois. Comment te sens-tu et comment as-tu vécu les premiers retours ?
Hello ! Ça ne va pas mal. Les premiers retours sont plutôt positifs, ils se font l'écho de ce que j'ai voulu transmettre, alors je suis contente !
Cet EP, c'est le fruit d'un long cheminement artistique, tu peux nous en parler ?
C'est le fruit d'un long cheminement tout court je dirais ! Il y a des routes plus sinueuses que d'autres et moi, c'est à 40 ans que j'ai compris que je pouvais faire énormément seule, ce que je ne m'étais pas vraiment autorisé jusque-là. Il aura fallu un confinement strict après une rupture très douloureuse pour comprendre ça. Cet EP c'est ma bouée de sauvetage, en fait !
Tu as très vite été attirée par la musique. Tu as fait partie d'un groupe, tu as été choriste, tu as écrit et composé pour d'autres. En quoi est-ce différent cette fois ?
Alors, je n'ai que très peu écrit pour d'autres, j'ai fait un tout petit peu de musique à l'image, mais j'ai surtout été keyboardiste et choriste, et j'ai monté un groupe avec des amis. En fait, comme je le disais précédemment, je ne me pensais pas capable de rassembler une petite équipe autour d'un projet que j'ai intégralement produit, composé, arrangé et écrit. Je suis assez fière de ça et toutes mes expériences passées ont été un atout majeur dans la construction de cet EP.
Pour toi qui a testé de nombreuses choses. Dirais-tu qu'une carrière solo est un aboutissement, un eldorado ?
(Rires). Non, je ne dirais pas ça... En fait, il y a de nombreux inconvénients à être solo, surtout quand (comme moi) on porte tout de A à Z. Parfois, je manque d'interactions, de partage artistique, d’autres regards, et d'avis. L'altérité, c'est parfois salvateur ! Mais j'aime beaucoup être celle à qui la décision revient, et c'est un statut compliqué en groupe. En groupe, le travail collaboratif est parfois noyé dans l'ego de chacun, et puis faire partie d'un groupe sous-entend qu'il faille avoir les mêmes aspirations, les mêmes envies, en tout cas plus ou moins. En revanche, soyons honnête, partir solo, c'est quand même beaucoup moins fun que de partir en groupe ! L'idéal, ce serait un mix entre le groupe et la carrière solo, un modèle hybride.
Est-ce que ce projet est, à l'heure actuelle, ta plus belle expérience ?
C'est difficile à dire... Quand on commence un projet, il est toujours super fort et super riche, on y met tout ce qu'on a, on donne tout au début, on est plein de dynamisme, d'optimisme... Et puis, sur la longueur, il faut travailler pour entretenir ça, le désir, il y a des hauts, des bas... Une belle allégorie de l'histoire d'amour quoi ! J'ai peut-être perdu le souvenir de la sensation, des vertiges des débuts, quand je repense à mes expériences passées, mais je pense qu'ils ont été là ces vertiges, c'est certain ! Par contre, il est évident que je suis super fière d'avoir mené ce projet d'EP au bout, et je suis fière de ce que j'ai construit toute seule, et ça, c'est une sensation nouvelle. Je suis fière d'avoir su fédérer une super équipe autour de moi.
Musicalement, ton travail résonne comme une ode aux années 80/90's. C'est assumé ou c'est venu naturellement cette envie de donner à ta musique un petit côté rétro ?
C'est totalement assumé, même si ce n'était pas forcément recherché. Il faut dire que la révolution analogique a eu lieu dans les années 80, en ce qui concerne les synthés, il y a eu un réel bond avec les Juno, les String machines, les Jupiter, les Prophet. L'arrivée du midi aussi... On peut même dire qu'il y a eu débauche de synthés à cette époque, et comme je travaille uniquement sur ordinateur avec des analos et softwares qui sont des reproductions et émulations de ces mêmes synthés, forcément ...
L'EP s'intitule "Love & Other Disorders", il parle beaucoup d'amour, d'un amour douloureux mais il donne aussi envie de danser et de s'évader. C'était important pour toi ?
Oui, l'amour ne se passe pas toujours très bien, parfois il rend folle, fou, malade, et même quand il se passe bien, il peut troubler, destabiliser, il se modifie à mesure que le temps passe. Bref, dans cet EP, je voulais rendre compte de l'aspect protéiforme de l'amour, du paradoxe de quelqu'un qui se perd dans ce qui s'apparente à de la joie même quand la douleur est immense.
L'une des pistes qui m'a marqué sur ton projet, c'est le titre "Weird Girl". C'est autobiographique ?
Alors, ce n'est pas la plus autobiographique, mais effectivement, ça part de moi et de mon expérience, mais c'est toujours un peu le cas dans mes chansons... Chez moi, l'écriture, c'est comme un fil d'Ariane que je tire sauf que celui-ci m'amènerait ailleurs, dans un endroit de narration qui n'était pas forcément prévu au départ.
Après la dernière piste de l'EP, on se dit que tu es pleine de frénésie et que tu as encore beaucoup de choses à dire à créer. Justement, as-tu déjà pensé à la suite ?
Oui, bien sûr, je suis en train de composer un deuxième EP, et j'espère bien jouer très bientôt ! Je suis en pleine démarche pour trouver une résidence puis des concerts ! J'ai aussi des remix de quelques titres en cours de production qui sortiront cet été.
Commentaires
Enregistrer un commentaire