#ITW : Léo Lalanne : “L’industrie musicale va changer, elle n’aura plus le choix”

Léo Lalanne est un rêveur ambitieux qui continue, malgré les difficultés d’un parcours artistique né sous le confinement et la pandémie, de créer et de concrétiser ses rêves et son projet. Depuis notre première rencontre en 2018, l’artiste n’a eu de cesse d’affiner sa plume et ses expériences créatives le guident un peu plus à chaque fois vers une singularité accrue et féroce. À la manière d’un Perfume Genius qui s’élancerait en français dans la déconstruction d’une société violente et déchirante, Léo Lalanne propose aujourd’hui le titre “Dévêtu”. Piste électrisante concoctée avec Inès Cherifi, le morceau libère l’artiste de certaines chaînes. Prêt à faire bouger une industrie musicale qui a bien besoin de valoriser les artistes indépendants, Léo Lalanne a une nouvelle fois répondu à nos questions sur The Melting POP... 


Leo Lalanne - Dévêtu


Salut Léo, notre première interview date de novembre 2018. À l’époque, tu disais ne t’attendre à rien pour être surpris de tout. Que penses-tu de cette phrase en corrélation avec tes débuts artistiques ? 

C’est toujours la parfaite devise, d’autant plus avec la crise sanitaire que nous traversons. Débuter, et ce, malgré un arrêt complet des concerts, un confinement total et une vie entre parenthèses est un immense défi, tant personnel que créatif. C’est certainement un début difficile, un combat de longue haleine mais il l’aurait été quoiqu’il advienne. Je suis fier de ces débuts, et impatient à l’idée de continuer, d’imaginer, de créer et de collaborer.

La musique est un milieu difficile, il faut souvent batailler pour se faire entendre. As-tu ressenti ces difficultés ? 

Elles sont omniprésentes et peuvent parfois être envahissantes, j’ai décidé de regarder ailleurs, de donner corps et âme à ce que je propose et non aux difficultés de le proposer. L’industrie musicale va changer, elle n’aura plus le choix. Elle devra se plier sous nos voix et nos besoins. Pour faire bouger les lignes nous avons besoin d’être unis entre artistes et acteurs cruciaux du milieu, c’est essentiel. Je suis persuadé que pour survivre nous devons être ensemble, soudés par une force commune.

Aujourd’hui, tu es de retour avec un single inédit qui s’intitule "Dévêtu". Peux-tu nous parler de ce titre et de ce qu’il représente pour toi ? 

“Dévêtu” est le reflet d’une remise en question, du temps qui défile devant nous et nous échappe parfois. J’ai eu besoin de m’arrêter pour reprendre ma respiration et me demander à quoi bon exiger du temps, de chaque heure, une réussite absolue. L’ère numérique que nous traversons nous éloigne de l’essentiel, nous créons de toutes pièces des nécessités superflues dans lesquelles nous nous perdons les yeux fermés. C’est en tout cas mon interprétation du texte, mais j’ai souhaité l’écrire avec une plume abstraite pour que ce titre puisse être un miroir dans lequel chacun puisse y trouver son propre sens.



Ton univers s’affine, s’électrise, notamment grâce à ta collaboration sur ce titre avec Inès Cherifi. C’est un besoin de ta part ou une évolution naturelle ? 

Mon plus grand plaisir est celui de collaborer avec des artistes, Inès Cherifi a un talent incroyable et débordant, c’était une joie de pouvoir travailler avec elle sur ce single. C’est aussi une des raisons pour lesquelles je fais de la musique, toutes ces rencontres qui transforment ton univers, ton approche. Chaque échange me fait grandir dans ma pratique et c’est essentiel, il faut savoir se tourner vers l’autre. J’ai aussi hâte de retrouver Apollo Noir en studio, de découvrir d’autres créatifs avec qui partager un bout de chemin. 

Malgré ton évolution ton univers musical reste poétique et pointu. N’as-tu pas l’impression que cela peut freiner un certain public ? 

Je ne pense pas que le fait d’être poétique et pointu soit un frein, bien au contraire. Par contre, je prends des « risques » à mettre ce projet en avant. Il a besoin d’être sous la lumière, il a besoin qu’on lui donne sa chance malgré une carapace moins commerciale. Seul, je ne suffirai pas pour lui donner l’écho qu’il mérite, je n’ai tout simplement pas les ressources pour. Il suffit qu’une personne prenne le risque d’y mettre autant de cœur que moi à la porter, pour que tout s'enchaîne ensuite. J’en suis intimement persuadé.  

Avec la pandémie, tu n’as pas vraiment eu la chance de défendre scéniquement ton premier EP. Quel regard portes-tu sur cette situation ? 

Je meurs d’impatience de monter sur scène, de montrer comment ce premier EP et ce nouveau single s’articulent sur les planches. Chaque sortie est aussi très solitaire, et du coup assez triste, c’est une frustration énorme que de ne pas pouvoir partager son art. J’espère pour nous tous que les prochains mois nous donneront un nouveau souffle, et un élan de vie qui nous est essentiel. 

Si tu devais t’émanciper de toi-même quelques instants. Comment envisagerais-tu l’avenir artistique de Léo Lalanne ? 

J’aimerais pouvoir en vivre en toute liberté, créer, collaborer à un rythme effréné. J’ai envie de concerts, peu importe mon degré de « réussite » ou ma présence médiatique, tant que la création et le partage sont là, c’est tout ce que je me souhaite : que ça ne s’arrête jamais. 

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