#ITW : Meimuna : “Les choses que je raconte sont sincères et intimes”

Après vous avoir fait part de nos plus belles découvertes et après avoir interrogé la Québécoise Michaëlle Richer, on clôt le chapitre “Francofaune” avec Meimuna, une artiste Suisse qui vient de sortir son cinquième EP “Courage”. Enregistré durant le confinement, le projet est tout sauf un recueil de mauvais souvenirs. En effet, il y a derrière cet EP, la force, la passion et l’envie profonde de se lever pour vivre malgré les blessures et les maux du quotidien. Princesse mélodique mettant en exergue le sombre pour mieux faire ressortir la lumière qui s’y cache, Meimuna est un paradoxe entre l’onirisme d’un rêve et la dureté d’une vie qui mérite d’être vécue.  

Meimuna - Courage


Hello Meimuna, tu as vécu à Bruxelles par le passé qu’est-ce que ça fait de revenir aujourd’hui ?

Ça me fait beaucoup de bien ! Je suis évidemment très heureuse de retrouver mes amis, mes quartiers préférés et ces bons effluves de bières qui m’avaient tant manqué. J’ai beaucoup d’amour pour Bruxelles et c’est toujours un véritable plaisir d’y revenir.

Tu as joué pour Francofaune. Que représente la francophonie en musique pour toi ?

J’ai assez peu écouté de musique francophone jusqu’à récemment. Moi-même je rattachais ça à des figures comme Aznavour et Brassens dont la musique me touchait assez peu. Je n’avais pas la même sensibilité au texte qu’aujourd’hui, et je restais accrochée aux arrangements et à des manières de chanter qui n’ont certes pas toujours bien vieilli. Aujourd’hui, j’ai un plaisir fou à redécouvrir les classiques, mais aussi à découvrir la scène francophone actuelle qui est d’une richesse infinie. Elle se décline dans une multitude de styles, qui dépassent aujourd’hui largement la« chanson française », et ça me fait vraiment plaisir ! Je suis particulièrement attirée par la scène québécoise dont la plume est souvent très originale, et dont la prod sonne toujours terriblement bien.

Tu as vécu en Belgique, tu es Suisse. Ce sont deux pays où les langues sont multiples. Pourquoi ça peut parfois diviser selon toi ?

En Suisse, on a quatre langues nationales, des dizaines de dialectes au sein de chacune de ces langues, 26 cantons, 7 conseillers fédéraux.... Pour seulement 8 millions d’habitants ! Rajoutez à ça des conditions géographiques qui créent des barrières naturelles, forcément, ça divise. C’est comme s’il y avait plein de petits pays à l’intérieur d’un seul. La Romandie (la partie qui parle français) ne représente que 20 % de la Suisse, donc si on veut s’exporter un peu, il arrive un moment où il faut éclater les frontières et se mettre en danger, et c’est aussi ça qui est génial : on peut facilement aller se confronter à toutes ces cultures qui représentent une richesse énorme. 

Tu viens de sortir ton nouvel EP, il s’intitule « Courage » comme un des titres du projet, mais pourquoi ce titre ? Que représente-t-il ?

« Courage », c’est 5 chansons écrites en 2020, une année qui m’a beaucoup questionnée sur la manière de convertir le désarroi en confiance. Une année où j’ai vécu de grosses ruptures : amoureuse, professionnelle et émotionnelle. Mais « Courage » ne parle pas de crise sanitaire, rien ne m’inspire moins que celle-ci. Ça parle de passages à vide. Du courage qu’il faut pour accepter sa vulnérabilité, pour trouver une manière de la dépasser, pour traverser ses peurs. Le courage qu’il faut renoncer, reconnaître s’être trompé, se défaire de celles et ceux qu’on a aimés et oser aimer à nouveau. Le courage d’avancer, de surmonter ces phases d’érosion de soi, de défendre la vie.


Musicalement, tu sembles vouloir t’éloigner des sentiers battus. Tes mélodies sont plus dépouillées. Tu confirmes ?

Je ne crois pas avoir vraiment changé d’approche au niveau mélodique, il me semble que ce sont plutôt mes textes qui sont plus dépouillés qu’avant. Plus directs et francs. Jusqu’à cet EP, j’avais pris l’habitude de me cacher derrière beaucoup d’allégories et de métaphores. Bien sûr, j’utilise encore beaucoup d’images, c’est pour moi ce qui fait la force et la beauté d’un texte. Mais je crois qu’elles sont moins obscures qu’auparavant, que j’ose un peu plus me dévoiler. Les arrangements sont également plus ouverts. Il y a des pianos et des synthés très éthérés, un peu moins de couches de guitare et de chœur... Une volonté de toucher les gens un peu plus directement peut-être. 

Le titre « oh » est par exemple un ovni. Pourquoi cette direction ?

J’ai toujours adoré écrire des titres instrumentaux. J’ai d’ailleurs publié un EP instrumental avant celui-ci, donc ce n’est pas non plus complètement un ovni au sein de ma production. J’aime travailler sur les textures sonores, créer des ambiances, travailler la voix comme un instrument pur. « Oh » se construit autour du premier verset d’un poème de Verlaine « Il pleure dans mon cœur » que je chantais en canon avec mes parents quand j’étais petite. Je l’ai complètement déconstruit et revisité pour qu’il raconte une autre histoire, plus sombre et introspective. 


Ton premier EP avait rencontré un beau succès. Ça met la pression ?

Bien sûr, on a toujours un peu peur de décevoir les gens, mais l’idée de faire mieux que ce premier EP ne me paraît pas insurmontable. C’était mon premier opus, entièrement autoproduit dans ma chambre, avec très peu de matériel et très peu de compétences. Je suis très fière de ce que j’ai fait, mais j’ai aussi rapidement repéré ses défauts et les choses que j’ai envie de faire différemment... heureusement ! Il y en a eu 4 qui ont suivi, et je crois que je me suis un peu améliorée à chaque fois. En tout cas, chacune de ces expériences a défini un peu mieux les chemins que je voulais prendre, et ceux que je voulais éviter. C’est le principal. Ce nouvel EP, « Courage », est mon préféré ! Les choses que je raconte sont sincères et intimes, j’ai su m’entourer de personnes de talent avec qui j’ai beaucoup aimé travailler et qui m’ont aidée à construire un univers sonore qui me plaît et me ressemble, et j’ai pu créer des chansons solides tout en conservant l’aspect « home-made » qui me tient tant à cœur. 

Aujourd’hui, comment tu analyses ton évolution et que te reste-t-il a accomplir en tant qu’artiste ?

J’ai démarré ce projet en 2016 et je suis très heureuse de voir comment il a évolué depuis. Les choses avancent gentiment, mais se mettent en place de façon solide. Ça prend du temps de trouver les bonnes personnes avec qui collaborer et de se créer une audience fidèle, mais je vois et je sens que je vais dans la bonne direction. Aujourd’hui, je vis uniquement de ma musique, et c’est déjà un sacré rêve qui s’est réalisé ! Ce qu’il me reste à accomplir Tellement de choses... j’espère que je n’aurai jamais terminé d’accomplir mes projets et que j’en aurai toujours de nouveaux en vue ! Le prochain objectif, c’est de sortir un premier album. 

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