Santigold annule sa tournée : la triste réalité des artistes indépendants

Dans une lettre déchirante publiée sur ses réseaux sociaux le 26 septembre 2022, Santigold annonce tristement l’annulation de sa tournée. Censé débuter à Atlanta le 9 octobre prochain, le “The Holified Tour” se composait de 19 dates qui devaient conduire l’artiste sur les routes d’Amérique du Nord. Hélas, les effets secondaires de la pandémie et la dureté de l’industrie musicale pour les artistes indépendants ont eu raison de sa détermination et de sa santé. On vous explique tout sur The Melting POP. 

Santigold - The Holified Tour

L'album "Spirituals" et "The Holified Tour"

Le comeback de Santigold avait débuté sous les meilleurs auspices et pourtant, les festivités viennent de tourner au drame. Revenue début septembre avec l’excellent “Spirituals” son quatrième album studio, l’artiste américaine nous gratifiait une fois encore de son talent singulier. Comme à son habitude, l’artiste avait mis les critiques à ses pieds et Beyoncé la citait également comme l’une de ses références sur le remix de “Break My Soul. Hélas, malgré la qualité de son opus, l’artiste ne partira pas en tournée comme elle aurait dû.

Triste et fière 

Je suis triste et fière de vous annoncer l’annulation de ma tournée le “The Holified Tour”. C’est par ces mots partagés sur son site officiel et sur ses réseaux sociaux que Santigold annonce à son public la révocation de ses futurs concerts. Dans le reste de sa lettre, l’artiste détaille les raisons qui l’ont poussé à prendre cette décision. Évoquant premièrement des difficultés financières ainsi qu’un pic de l’inflation qui ne lui permet pas de rentrer dans ses frais, Santigold se dit brisée par cette décision. Elle poursuit en disant, que le COVID et la pandémie ont eu des répercussions pour tous les artistes. En effet, après deux années au point mort, la scène musicale reprend aujourd’hui de plus belle mais la reprise crée un embouteillage. Comme elle l’écrit : “le marché est inondé d’artistes essayant de réserver (des salles, des hôtels, …) au même endroit, au même moment". Devenue “insoutenable et désintéressée” du bien-être des artistes, l’industrie musicale aura eu raison de la détermination de Santigold qui avoue avoir tenté par tous les moyens de maintenir sa tournée. Hélas, le stress causé par la situation a eu raison de sa santé et plutôt que de se torturer, l’artiste préfère jeter l’éponge afin de privilégier des moments avec ses enfants. Se terminant par un message d’amour à ses fans et à son public, la lettre déchirante et pleine de sincérité lève le voile sur une industrie qui laisse une fois encore les plus gros prendre du terrain. 

Les pièges de l'industrie musicale

Signée en indépendant sur sa propre structure (“Little Jerk Records”), Santigold auto-finance chacun de ses projets. Si ce procédé lui ouvre le champ des possibles en matière de créativité et de liberté, il est aussi à double tranchant, car l’artiste ne dépend que d’elle-même et que des moyens financiers qu’elle génère. Ainsi, après deux ans d’arrêt forcé, l'interprète de "Shake" n’a pu compter que sur ses royalties pour financer son nouvel album. Or, dans une industrie du streaming qui gagne du terrain, les recettes sont reversées au prorata des écoutes globales et ce sont donc les artistes les plus populaires qui reçoivent le plus d’argent au détriment des petits artistes. Alors faut-il être indépendant et ne dépendre que de soi au risque de ne pas s’en sortir ou faut-il pactiser avec une major qui vous versera une avance qui servira à garder le contrôle sur votre œuvre ? Le débat fait rage… D’un côté, la liberté primordiale dans l’art se confronte à la difficulté. De l’autre, "l’aide" que peut vous apporter un label pour financer un enregistrement, l’édition des copies physiques, le playlistage, fait découler des contraintes et voire un mal-être chez les artistes surtout lorsqu’ils débutent. Sans pitié l’industrie musicale est un monde qui cache bien des vices et la prise de parole courageuse de Santigold n’en est qu’un tout petit fragment. Outre les inégalités pécuniaires, l’industrie musicale brise des rêves, des talents, elle porte des artistes avant de les relâcher. Déjà soutenue par des artistes tels que Lykke Li ou encore Twin Shadow, Santigold à raison de s’exprimer et son cri se doit d’être entendu.

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