Vernis Rouge en interview pour la sortie de l’EP “Femme Nue”
À 24 ans, c’est avec énergie et passion que Vernis Rouge dévoile son premier EP. Intitulé “Femme Nue”, le projet reprend le nom de l’un de ses premiers titres. Au travers de ce morceau, nous avions déjà discuté avec l’artiste, et 3 ans plus tard, là revoilà plus déterminée que jamais. Inspirée par la variété française, nourrie par la POP et bercée par ses origines libanaises, Vernis Rouge débarque avec la volonté d’offrir à sa communauté, mais aussi à une plus grande échelle, des textes et des mélodies qui lui sont propres. Singulières, car elles regroupent des énergies diverses, les créations de la jeune artiste sont aussi des pépites où la sensualité n’a d’égale que la poésie. À l’occasion de la sortie de ce premier EP paru le 12 janvier, The Melting POP a retrouvé Vernis Rouge pour un entretien inédit. Évolution, inspirations, industrie, la chanteuse nous raconte son histoire pour mieux vous inviter à découvrir son art.
Hello Vernis Rouge, on t'a découverte en 2019 avec ton premier single "Femme nue". Aujourd'hui, tu débarques avec un premier EP du même nom. Peux-tu revenir sur ce qui s'est passé pour toi ces dernières années ?
Salut Jay, je me souviens de notre dernier échange en 2019, c’est vrai que depuis il y a eu beaucoup de changements ! Ne serait-ce qu’au niveau de la direction artistique du projet. Ces dernières années m’ont permis de construire une équipe solide autour de moi (manager, tourneur, styliste, réalisateur, ingénieur son…) et de parachever l’identité, les couleurs Vernis Rouge. J'ai notamment dévoilé le 19 décembre dernier un EP de mes meilleurs covers/mashups pour faire patienter ma communauté qui attend mon retour depuis la sortie de mon dernier single "Avant que" en mai 2022. Et 2023 s'annonce comme une année majeure, avec la sortie le 12 janvier de mon tout 1er EP "Femme nue", au message fort, et mon concert à la Boule Noire le 19 janvier, qui affiche déjà complet depuis mi-novembre... J'ai trop hâte !
Ça prend du temps pour structurer une carrière. Avec ce temps peuvent aussi venir les doutes et les remises en question, c'est quelque chose que tu as pu ressentir ?
Je pense que personne ne peut échapper aux doutes dans le développement d’une carrière. Selon moi, c’est même une chance de savoir saisir ces moments et en faire des tremplins pour la suite. Chaque doute est un moyen de s’améliorer, d'approfondir des sujets. L’entourage proche et professionnel est aussi là pour optimiser ces moments et apporter soutien et réponses. De la même manière qu’après la pluie vient le beau temps, après le doute vient la confiance ! On ne cesse jamais de douter, ça fait partie du quotidien d'un artiste, et ça pousse à se remettre régulièrement en question, à s'attacher à être le plus à l'écoute possible de soi-même comme du public. Je suis d'ailleurs pleine de doutes à l'approche de cette sortie et de cette date importante : c'est la première fois que je me dévoile autant, et que je vais mettre en pratique certaines choses, certaines esthétiques, dans certaines configurations... Il y a potentiellement des éléments que je conserverai pour la suite alors que d'autres ne m'auront pas convaincue (ni éventuellement le public). Mais il faut se motiver et se lancer, sans quoi on n'est pas prêt de découvrir ce qui fonctionne ou fonctionne moins, en restant optimiste avec la conviction que si on s'est donné à fond, alors il n'y a pas de regrets à avoir.
Ton premier EP se compose de 6 pistes. Les relations sentimentales sont le fil rouge de chaque texte. C'était important pour toi de parler d'amour ?
Oui, c’est un EP qui parle du rapport à la féminité et comme tu l’as entendu, à l’amour. Je le vois comme une sorte de kaléidoscope de l’amour, où chaque chanson représente une étape du cycle des relations sentimentales, ou du moins, de ce dont j’ai pu faire l'expérience. Des étapes magiques comme infernales. On a tous nos manières d’écrire, d’être inspirés et j’avoue que comme beaucoup d’artistes, la souffrance et le chagrin sont de vraies sources d'inspiration. Il y a une phrase que j’adore du poème de Louis Aragon « Il n’y a pas d’amour heureux » : « Ce qu’il faut de malheur pour la moindre chanson, ce qu’il faut de sanglots pour un air de guitare. », c’est tout à fait ça !
L'autre élément fondateur de ton univers, c'est la sensualité. Dans les textes, la voix, les mélodies, on la ressent presque partout. Il paraît que c'est pour contrebalancer avec ton enfance entourée de garçons. Tu confirmes ?
Et quelle enfance ! Mes frères n’ont pas été toujours tendres, ces coquins ! J’ai eu une très belle enfance au Liban et ensuite en France, mais j’ai toujours souffert d’un certain manque de féminité - toujours relative, évidemment. Il faut savoir que la culture libanaise est très attachée aux apparences et j’ai une grande famille avec des cousines qui étaient toujours très apprêtées, avec de jolies robes, de jolies coiffures... Quand j’étais petite, ma mère pouvait faire ce qu’elle voulait de moi - rires - donc elle en profitait pour me faire porter ce qu’elle voulait. Mais en grandissant, j’ai fait un blocage et je souffrais de ce manque de confiance. J'avais aussi du mal à voir mon corps changer. La musique m’a permis de découvrir, d'oser et de vivre ma féminité. La pudeur que je pouvais ressentir dans mon quotidien s’envolait complètement quand je chantais : je parlais d’amour, de sexe, de femmes, avec douceur et sensualité, d’où aussi mon nom Vernis Rouge. Aujourd’hui, j’ai réussi à m’aligner dans ma vie quotidienne avec cette Vernis Rouge. Je me sens autant femme sur scène que dans ma vie. J’ai grandi avec ma musique, et quel bonheur de tendre vers son idéal !
Le nouveau single de ce projet, c'est le titre "Juste une fois" qui est défendu par un clip. Que racontent ce morceau et ce clip ?
J’ai choisi « Juste une fois » comme single de l’EP parce que c’est une chanson et un clip au message fort sur l’amour entre femmes. Yohann Hebi Daher et Kériane Nouguier, les réalisateurs, ont parfaitement réussi à mettre en images ce que j’imaginais. Le clip suggère l’amour entre deux femmes sans jamais l'officialiser : il y a quelque chose de sensuel, romantique, doux et à la fois très frustrant, car on ne sait pas vraiment s’il s’est passé quelque chose entre elles où s’il s’agit uniquement d’un rêve, d’un fantasme. Le clip joue avec ces sentiments ambigus et cette romance imaginée, imaginaire. L’amour peut-être si complexe.
Ton autre manière de t'exprimer musicalement, c'est les covers. Tu reprends aussi bien des classiques de la chanson française que des titres d'actualités pop et urbains. On pourrait s'attendre à t'entendre un jour sur un titre plus orienté hip-hop ?
C’est vrai que j’adore mélanger les genres et être là où je pourrais être la moins attendue ! Et quitte à faire des covers, j’aime l’idée de me challenger. On pourrait tout à fait m’entendre sur un titre plus hip-hop, c’est peut-être déjà prévu d’ailleurs… Si un rappeur veut faire un feat avec une artiste de pop française, il sait qui contacter ! (Rires)
Sur la pochette de ton EP, on ressent une âme disco-rétro, un peu à la Clara Luciani que tu apprécies beaucoup. C'était une manière de lui faire un clin d'œil ?
Ça me fait plaisir que tu le remarques ! J’aime particulièrement Clara Luciani. Autant la femme que l’artiste, et m’identifie beaucoup à ce qu’elle dégage, voire m'en inspire parfois. Musicalement, je me situe peut-être davantage dans une chanson/pop française plus électro-pop et acoustique que disco ou rétro, mais je nous reconnais complètement ce goût commun pour l'âme et l'esthétique visuelle rétro... Et surtout la paillette (Rires) !
Ton EP vient de sortir, tu seras prochainement en concert à la Boule Noire à Paris. À quoi doit-on s'attendre pour cette date ?
C’est une date très importante pour le projet, d'une part en raison de la renommée de cette salle si symbolique, mais surtout parce qu'elle affichait déjà complet 2 mois avant le show, alors il va falloir être à la hauteur ! J’aurai l’occasion de présenter mon projet musicalement et visuellement : c’est un vrai challenge pour mon équipe et moi d’arriver à transmettre l’univers Vernis Rouge. On travaille le stylisme, le décor, la cohérence du set, sa pertinence... En plus de mes chansons acoustiques, je jouerai d'ailleurs pour la première fois mes chansons en version studio, plus "produites", avec un pad et des effets, et toujours accompagnée de mes supers musiciens (dédicace à Victor, Julien et Anthony). Il y aura aussi quelques guests : Emma Bojan pour la première partie, mais également la violoniste Gaïa et les danseurs pro Marine et Théo.
N'oublions pas que tu es d'origine franco-libanaise. Ta communauté semble venir d'ici et du Liban lorsqu'on s'attarde sur tes réseaux sociaux. Tu envisages une carrière sur ces deux côtés de la planète ?
J’ai vécu toute mon enfance au Liban, j’y retourne chaque été et une grande partie de ma famille y vit. Alors, évidemment, ce pays fait autant partie de moi que la France. J’ai d’ailleurs écrit une chanson qui fait écho à toute cette partie de ma vie, « Mon cœur est oriental », qui ne fait pas partie de l'EP (je réserve quelques surprises pour la suite de l'aventure) mais dont je dévoilerai peut-être un extrait à la Boule Noire. Je suis sûre qu’un jour, je tournerai au Liban, mon pays.
Il est peut-être encore trop tôt pour en parler, mais la suite idéale, c'est quoi pour Vernis Rouge ? Un album, un featuring rêvé ?
On prévoit déjà de mettre en place une tournée avec plus de dates régulières, notamment en festivals, voire une plus grande salle, ce qui sera l’occasion bien sûr d’y dévoiler les prochains projets : singles, clips et évidemment... un premier album ! Une collaboration est également en préparation… J’ai terriblement hâte, la machine est lancée !
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