#Critique : RAYE s’affirme avec talent sur l’album “My 21st Century Blues”

Signée en major durant plus de 7 ans, RAYE avait conclu un deal pour un contrat de 4 albums. Hélas, aucun de ses projets n’a vu le jour. Au mieux, elle a eu le droit de sortir “Euphoric Sad Songs”, un mini projet qu’elle n’apprécie guère. Poussée par ses équipes à écrire et à enregistrer des chansons pop qu’elle juge sans queue ni tête. Obligée de poser sa voix sur des collaborations dance pour avoir l’opportunité d’un jour faire ce qu’elle a envie, l’artiste s’éteignait à petit feu en attendant qu’on lui offre sa chance. Et puis, en juin 2021, une goutte d’eau fait déborder le vase. En effet, alors qu’elle vient de sortir le single “Call on Me”, son label repousse encore l’échéance. Épuisée par ce système et par les multiples traumatismes qu’elle a endurés depuis le début de sa carrière, RAYE s’empare de ses réseaux sociaux afin de crier son mal-être. Risquée, cette prise de parole lui permettra néanmoins quelques semaines plus tard de réussir à rompre son contrat à l'amiable. Un an et demi plus tard, alors qu’elle s’autoproduit et qu’elle fait la musique qu’on lui interdisait de faire, la chanteuse anglaise est au sommet des charts avec le titre “Escapism”. Forte de ce succès, elle publie aujourd’hui “My 21st Century Blues” un premier album studio qui sonne comme une revanche et comme une affirmation de son identité


RAYE - REVIEW - MY 21ST CENTURY BLUES


My 21st Century Blues : le remake musical de “I Spit On Your Grave”

Avec son premier album à paraître ce 3 février 2023, RAYE livre à l’industrie une jolie démonstration artistique de ce à quoi peut ressembler la vengeance d’une femme bafouée. Culturellement, et vu la tournure que prend son ascension, on pourrait même comparer “My 21st Century Blues” au synopsis du film d’horreur “I Spit On Your Grave. Dans ce slasher paru en 2010, une femme violée et laissée pour morte se relève pour faire subir le pire à ses bourreaux. Bien évidemment, RAYE ne va pas aussi loin mais puisqu’elle a elle aussi subi des violences morales et physiques de la part de l’industrie de la musique et des puissants, son album et le succès du single “Escapism” sonnent un doux parfum de vengeance. En effet, en associant son incroyable talent à un léger soupçon de karma, Rachel Keen s’élève et avant même d’avoir intégralement écouté son premier album, on sent dans ses mots et dans le ton qu’elle adopte qu’elle a fait de ses blessures un moteur créatif sans précédent. Ses blessures physiques et morales, RAYE les raconte à travers sa musique. Abus de pouvoir de la part de ses anciennes équipes, chantage, agression sexuelle, la chanteuse a vécu le pire et si dans un premier temps, ses refuges ont été l’alcool et la drogue, elle a sorti la tête de l’eau juste à temps pour sauvegarder son talent mais aussi son énergie. Ainsi, comme on vous l’expliquait déjà après avoir assisté à son showcase privé au Silencio à Paris en octobre dernier, RAYE a conservé son humour, sa joie de vivre et derrière la noirceur de certains de ses textes, il existe une artiste qui revit et qui s’épanouit plus que jamais.


Vous l’aurez compris, “My 21st Century Blues” nous a séduits. Sans être parfait (parce que certaines productions sont parfois un peu chargées et parce qu’il aurait sans doute gagné à être un peu plus court), le disque fort en histoires et en identité est tout ce que l’on peut attendre d’une œuvre pop. Premièrement, les singles choisis pour illustrer l’album prouvent que l’on peut faire de la pop accessible tout en proposant des textes puissants et des sons singuliers. Ainsi, si “Escapism” a trouvé un énorme écho grâce à TikTok, “Black Mascara” et “Hard Out There” ne manquent pas de mordant. Deuxièmement, RAYE n’a pas encore tout donné et à l’écoute de ce premier album les pistes “Flip a Switch” et “Buss it Down” résonnent comme de véritables tubes. De fait, si le premier jouit d’un refrain imparable et d’une mélodie ultra-chaleureuse, le second dispose d’une aura gospel entrainante et addictive. Enfin, entre l’ADN rétro-jazzy des pistes “Worth It” / “The Thrill is Gone” et l’émotion exacerbée de l’autobiographique “Ice Cream Man”, RAYE livre un premier album complet, touchant et singulier… Un joli doigt d’honneur à ceux qui ont tenté de la museler mais une aussi une preuve que l'on peut cartonner grâce à TikTok tout en proposant de la qualité !

La note : 15/20 - un premier album bourré d’identité !

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