#Critique - Sia : en mode patchwork sur “Reasonable Woman”
Cette semaine, alors que tous les projecteurs sont braqués sur Dua Lipa qui publie son 3e opus “Radical Optimism”, Sia fait son grand retour avec “Reasonable Woman”. Trois ans après “Music”, un album qui servait de bande originale à son film sur l’autisme, l’artiste australienne revient faire résonner sa voix puissante et pleine de vécu. Nouveau fruit de ses pulsions créatives, le disque sort sans gros single à succès pour le porter dans les charts. Un retour boudé par le public et pourtant ...
Le succès et la célébrité, Sia n’en a que faire. Pour preuve, depuis le succès de “Chandelier” en 2014, l’artiste australienne n’a eu de cesse de n’en faire qu’à sa tête. Toujours très discrète, elle est de ses artistes qui partagent par passion et non par intérêt. En ce sens, après son album “1000 forms of fear”, elle a publié “This is Acting”, un projet composé de titres que d’autres artistes lui avaient refusé. Un album de Noël. Un opus en collaboration avec Diplo et Labrinth (LSD) et aussi “Music”, la bande originale d’un film qu’elle a elle-même écrit et réalisé. Inégaux, pas toujours très bien promus, ces différents projets renferment chacun des singles à succès mais à force de mener de front une carrière décousue et hors des carcans, Sia a peut-être aussi laissé filer entre ses doigt, une partie des médias mais également un certain public qui n’a pas toujours compris ses choix de carrière. Pour cette raison, à l’aube de la sortie de son 10e album, “Reasonable Woman”, on ressent autour du projet et de la chanteuse, une forme de désintérêt général. Déjà défendu par 5 singles qui n’ont pas brillé dans les charts internationaux, le projet se veut pourtant solide et fidèle à l’ADN de la chanteuse. De fait, au détour des 15 pistes qui composent son nouvel album, Sia continue de faire ce qu’elle a toujours fait depuis son explosion mainstream à savoir, tout et n’importe quoi. Loin d’être une critique négative, cette constatation que l’on ressentait déjà à l’époque de la sortie de “This Is Acting”, est devenue l’essence même de Sia. Elle est sa faiblesse, car c’est en partie pour ça qu’elle a aujourd'hui perdu de sa superbe aux yeux du public et des médias mais c’est un élément qui a presque toujours rythmé sa carrière mainstream. Au fond, depuis qu’elle a délaissé ses productions alternatives pour se lancer à corps perdu dans la POP, Sia n’a jamais réellement eu de direction artistique claire dans les projets qu’elle a offerts au public. Au mieux, sa voix, ses textes forts et ses productions haletantes étaient le fil rouge de ses projets mais musicalement, l’artiste a toujours oscillé entre POP radiophonique, électro, balade acoustique, EDM, R&B et parfois même un soupçon de reggae. Sur “Reasonable Woman”, c’est une nouvelle fois ce patchwork et ce mélange des genres qu’il nous ait offert d’écouter. Tantôt touchante sur “Gimme Love”, puissante sur “Champion”, ultra dance sur “Dance Alone” avec Kylie Minogue ou encore dans le second degré lorsqu’elle chante les affres de la célébrité en compagnie de Paris Hilton sur “Fame Won’t Love You”, Sia fait tout et son contraire. Fidèle à elle-même, elle invite aussi sur son album son ami Labrinth qui partage avec elle l'hypnotisant “Incredible”, elle chante son cœur brisé sur “I Had a Heart” avant de laisser parler sa candeur sur le brûlant “One Night". En conclusion, tourner le dos à Sia aujourd’hui et lui reprocher son manque de linéarité revient à renier ce qu’elle a toujours fait. Sur “Reasonable Woman”, on retrouve tous les ingrédients d’un album de Sia. Il y a du bon, du moins bon, du bon, du très bon et finalement, ce mélange se révèle globalement agréable. Le projet ne brillera probablement pas dans les charts autant qu’il le devrait, mais tous ceux qui ont un jour aimé un titre de Sia devraient l’écouter car il y a fort à parier que chacun puisse y retrouver au moins, une piste ou deux pistes à déguster !
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