Affaires Slimane et Nekfeu : Nouveau #MeToo ou tribunal médiatique ?


En moins d’une semaine, Slimane et Nekfeu, deux artistes majeurs de la scène musicale francophone ont été respectivement accusés de harcèlement et d’agression sexuelle. Pour l’heure, les deux artistes sont présumés innocents et si le premier a décidé de ne pas s’exprimer, le second, accusé par son ex-femme, a publié un communiqué de presse dans lequel il fait état d’accusations infondées qui le mettent dans une situation humiliante. Après le chanteur Naps qui a été cet été incarcéré et mis en examen pour viols et alors que le milieu du rap se déchire sur l’affaire P.Diddy, une question se pose : sommes-nous en train d’assister au #metoo de la scène musicale francophone ou alors, à un nouveau tribunal médiatique hâtif et douloureux ?

Slimane - Nekfeu - Accusations


Fin octobre, lorsque Le Parisien a publié un article annonçant qu'une plainte pour harcèlement sexuel avait été déposée à l’encontre de Slimane, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe. Ultra-populaire auprès de tous les publics, le dernier représentant de la France à l’Eurovision était, en début d’année, classé à la 12ᵉ position du classement des chanteurs préférés des Français. En ébullition, les réseaux sociaux ont comme souvent fait leur justice avant l’heure, mais lorsqu’il est apparu vainqueur sur la scène des NRJ Music Awards quelques jours plus tard, le chanteur a démontré que sa popularité était inébranlable puisqu’il a reçu de nombreuses acclamations de la part du public. Soutenu par ses équipes, mais également par TF1 et NRJ qui ont maintenu sa présence à la cérémonie, le chanteur n’a pas directement évoqué le sujet. Toutefois son émotion, très vive, était peut-être plus forte que n’importe quel discours ou mea-culpa. Qui plus est, avant que les faits ne soient avérés ou non, la justice devra faire son travail et, en attendant, l’artiste est libre et innocent.

Hasard ou effet domino, quelques jours après Slimane, c’est le rappeur Nekfeu qui a fait la Une de la presse francophone. Accusé d’agression sexuelle par son ex-femme, l’artiste est, lui aussi, devenu un sujet brûlant sur les réseaux sociaux. Considéré par ses fans comme un rappeur engagé, il était en début d’année le 18ᵉ artiste préféré des 18-28 ans et son art est bien souvent considéré dans le milieu du rap comme féministe et éloigné de la misogynie ambiante à cette scène. Pour cette raison, les accusations portées par son ex-femme ont choqué l’opinion publique et dans un article paru ce 5 novembre sur le site de Mediapart, le journal numérique a titré : “Nekfeu : le mythe bien toxique du mec bien. Dans cet article, Mediapart revient sur les accusations portées à l’encontre du rappeur tout en avançant le fait que le pire peut se cacher derrière les beaux visages et les belles paroles. À charge, l’article puise ici et là dans la carrière et les textes du rappeur comme pour démontrer qu’il existait déjà des raisons de se méfier de lui. En somme, Mediapart prend parti pour la victime, un fait respectable que l’on pourrait saluer, mais qui participe peut-être un peu trop à ajouter de l’huile sur le feu en évitant abondamment la nuance et l’objectivité. Loin d’en être à son premier coup, Mediapart avait déjà publié une enquête quelques jours plus tôt en avançant que Slimane avait été protégé par TF1 et France Télévision afin de garantir et de protéger l’image de The Voice et de l’Eurovision. Ayant supposément eu lieu en début d’année 2023, les faits reprochés à Slimane auraient été dissimulés volontairement par les deux groupes. Si elles se révèlent vraies, ces accusations sont gravissimes et elles pourraient, en cas de condamnation de Slimane, réveiller un réel débat dans la société. Cependant, rien n’est pour le moment vérifié et la publication de tels propos contribue aussi tôt dans une affaire judiciaire à attiser la haine et à stimuler les complots. Importante, la parole des victimes doit toujours être sacralisée, mais les médias se doivent aussi, à l’ère des réseaux sociaux, de ne pas être les vecteurs d’un engrenage sans limites qui rend des jugements tranchants en oubliant l’objectivité au profit de la bienpensance. Depuis l'annonce de l'affaire, le journal Le Parisien a publié pas moins de huit articles consacrés à Slimane et dans ceux-ci, on peut, à chaque fois, entre les lignes ressentir la suspicion et la subjective... Un constat qui en dit long. 

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