#Critique : J’ai vu pour vous "Seule La Terre"


Sorti aux États-Unis en janvier 2017 et en France en décembre dernier le film anglais "God’s Own Country" traduit en français par "Seule La Terre" débarque seulement en Belgique en ce mois de mars. Après avoir vu "Call Me By Your Name", The Melting POP est retourné dans les salles obscures pour découvrir cette autre merveille du 7e art, voici la critique.

Josh O’Connor & Alec Secáreanu - "Seule la Terre"
Josh O’Connor & Alec Secáreanu  les protagonistes de "Seule la Terre" dans les salles belges depuis le 21/03

Deux hommes en milieu rural qui tombent amoureux l’un de l’autre alors qu’ils doivent séjourner ensemble dans une prairie éloignée pour s’occuper d’un élevage de brebis, voici le pitch simplifié de  "Seule la Terre" long métrage du réalisateur Anglais Francis Lee. De prime abord, et c’est peut-être là l’un des seuls points faibles du film, le long-métrage de Lee souffre d’une comparaison directe avec "Le Secret de Brockeback Moutain". Reposant à peu de chose près sur les mêmes ressorts, "Seule la Terre" ne remporte pas la palme de l’originalité. Pourtant, une fois passé ce premier obstacle, le film nous plonge dans une histoire bien différente, celle de deux hommes que tout oppose mais qui vont finir par partager une histoire passionnante et passionnée. D’un côté, Johnny Saxby un fermier anglais perdu et alcoolique. De l’autre, Gheorge Lonescu un immigré roumain venu passer quelques jours dans la ferme des Saxby afin de les aider à redresser la barre. Froid, brutal, semblant intérieurement vide, Johnny est la part sombre du film. Isolé dans une vie qui ne lui plait guère, il noie sa peine dans l’alcool et dans les relations d’un soir tout en travaillant, sans grande passion, dans la ferme familiale dans laquelle vivent également son père et sa grand-mère. Plus doux, plus bienveillant, Gheorge va venir bousculer cette triste routine et pas à pas, il va apprivoiser Johnny, pour faire ressortir en lui, sa part d’humanité. Tout au long du film, le spectateur va observer ce processus sans jamais s’ennuyer, mais aussi et surtout en voyant grandir la flamme que crée l’alchimie de ce duo. D’abord bestiale et virile, leur relation va évoluer en sentiment tout en poussant Johnny à se délester de la glace qui entoure sa personnalité. Un sourire, des gestes tendres, une complicité voilà le sel de "Seule la Terre". Explorant les émotions de ses personnages, le film est une histoire d’amour mais il est également une mise en abyme dans le milieu rural, un environnement bien connu de Francis Lee puisqu’il y a grandi. Personnage à part entière, la ferme des Saxby est la pierre angulaire du long-métrage autour de laquelle, les personnages gravitent et évoluent grâce à une trame scénaristique simple mais efficace.


Incarné par Josh O’Connor et Alec Secáreanu, le tandem Johnny/Gheorge perce l’écran. Fort de ce duo de choc, "Seule la Terre" a été multi-récompensé à travers l’Europe. En offrant, l’une des romances LBGT les plus solides de l’histoire du 7e art, Francis Lee fait presqu’aussi bien que son homologue Ang Lee sur "Le Secret de Brockeback Moutain". Fort, brut, troublant, le film casse les codes du genre en évitant au possible le tragique et le larmoyant. Un film à voir, sans plus tarder.

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