#ITW - Larbalestier : “Mon envie est de me présenter aux gens tel que je suis”


Le 30 avril, LARBALESTIER a sorti son premier EP, un projet sur lequel le jeune artiste se confie sur sa vision du monde. Question de genre, sexualité, amour, renaissance, c’est en anglais, en français et par le biais de mots pointus posés sur des mélodies POP aux influences diverses que l’artiste fait son entrée en scène. Dessinant une frontière entre la chanson française et la soul Américaine, LARBALESTIER entend bien se présenter en étant lui-même et pour cette raison, The Melting POP a décidé de lui poser plusieurs questions pour mieux comprendre son projet et sa musique. 

Larbalestier - Just as a Man



Salut ! Tu débarques bientôt avec ton premier EP, et tu as choisi ton nom de famille pour nom de scène pour quelle raison ? 

Salut ! J'ai choisi mon nom de famille parce qu'on m'a souvent dit qu'on le trouvait joli, et parce que je n'avais pas envie de m'inventer un pseudo. Je préfère me présenter aux gens le plus naturellement possible, sans filtre, tel que je suis. 

Ton premier EP paru le 30 avril est cohérent aussi bien dans les thèmes qu'il défend que dans la production sonore. J'imagine que tu avais déjà un parcours avant de partager ce travail. Tu peux nous en parler ?

J'ai un parcours varié. J'ai chanté dans un chœur gospel, j'ai joué dans des comédies musicales, je suis parti étudier aux États-Unis jusqu'à l'obtention d'un master de littérature anglophone. Donc ma musique est faite de plusieurs influences, tant au niveau des styles que de la langue. J'aime autant l'anglais que le français et c'est inconcevable pour moi de me passer de l'un ou de l'autre. Malgré cette diversité dans mes expériences, on me dit souvent que l'EP est cohérent. Cela vient probablement du fait que je n'ai pas fait appel à une multitude de gens pour le concevoir. On est entre 4 et 6 personnes à avoir travaillé sur chaque titre, mais toujours les mêmes. C'est moi qui ai écrit et composé les 6 chansons. Charles Ferry, lui-même auteur compositeur interprète, a dirigé l'arrangement des 6 titres. Jean-Philippe Verdin (producteur arrangeur de Yael Naim, Ayo, Etienne Daho, La Grande Sophie...) a participé aux arrangements et c'est lui qui a assuré le mixage de tout l'EP. Enfin, Simon Lancelot l'a masterisé.


Tu cites de grands noms de la chanson française dans tes inspirations (Jacques Brel) mais également des figures de la soul (Ella F., Stevie Wonder, ...) comment as-tu fait la balance entre les deux afin d'arriver à créer ton propre son ?


J'ai baigné dans l'univers de Jacques Brel dès l'enfance, avec mon père. Et c'est à l'adolescence, puis lors de mes études que je suis tombé en amour pour la musique noire américaine. L'équilibre s'est fait assez naturellement. Ce qui m'inspire chez Brel, c'est sa volonté de vouloir dire des choses dans ses textes, de faire sens, et non d'employer certains mots juste pour faire joli. Et dans la soul, j'aime la musicalité, le groove, ce jeu permanent entre la voix et la musique, un peu comme si la voix dansait avec les instruments. Selon moi, ce qui lie Brel et Stevie Wonder ou Marvin Gaye par exemple, c'est la force, l'intensité de leur interprétation. Ils vivent leurs chansons. C'est ce que j'aime et ce qui m'inspire.

Ton premier single, "Just As a Man" évoque le genre, les dérives de la masculinité moderne. Pourquoi avoir choisi de te présenter avec ce premier titre. Que représente-t-il pour toi ?

Ça n'évoque pas des « dérives », au contraire. Avec ce titre (et le clip en particulier), j'ai voulu souligner toute la complexité de la masculinité, que l'on commence enfin à reconnaître. Il était temps que l'on se détache du vieux modèle sexiste selon lequel l'homme doit être fort moralement et physiquement, protecteur, leader, pas très enclin à la fantaisie, etc. En résumé, mon message à travers cette chanson c'est de dire : soyons l'homme, ou la femme, ou la personne non-binaire, que l'on est au fond de soi et/ou que l'on veut devenir, sans se laisser polluer par certaines pressions sociales. Comme je l'ai dit tout à l'heure, mon envie est de me présenter aux gens tel que je suis, pas de m'inventer un personnage, donc un premier titre qui défend l'idée d'être tout simplement soi, c'était parfait ! 


Grâce à ce morceau, tu es également soutenu par plusieurs médias Queer et LGBT. As-tu conscience que tu pourrais devenir un porte-parole avec ta musique et, est-ce ton envie ? 

Je serais heureux et fier d'être considéré comme un porte-parole puisque la cause est juste. Depuis la dépénalisation de l'homosexualité en 1981, il y a eu des progrès, certes, mais il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, en particulier concernant la trans-identité. C'est la raison pour laquelle j'ai souhaité que des personnes transgenres ou genderfluid participent au clip de « Just as a Man ». 

Ton second single "Love Ecstasy" est aussi visuellement très revendicateur. Quelle est l'histoire de ce morceau et de son clip ? 

« Love Ecstasy » est un titre qui évoque la sensualité et qui est plutôt léger en apparence, alors que le thème sous-jacent est celui de l'addiction sexuelle ; quelque chose dont j'ai été parfois témoin et que j'ai vécu aussi, d'une certaine manière, à une période de ma vie. C'est la recherche permanente du mieux-être grâce à des rapports sexuels, souvent avec des partenaires multiples que l'on ne prend pas le temps de connaître. Je ne porte pas de jugement là-dessus. Chacun fait ce qu'il veut et c'est très bien comme ça. Mais je crois que cela peut avoir un effet destructeur, parce que cela génère en réalité une grande solitude, parfois des prises de risques au niveau de sa santé, et une insatisfaction perpétuelle, d'où les références à la drogue dans ma chanson. Et le clip, réalisé par 109 Film, un collectif d'artistes brillants diplômés de l’École de la Cité, traduit très bien cette idée. 



Si tu devais définir ton travail, ton EP et le vendre en quelques mots pour que le public se penche dessus. Qu'en dirais-tu ?

Déjà, c'est le fruit d'un long travail, j'ai pris le temps de faire mûrir ce projet, et j'aime profondément chacune des chansons de cet EP. Ensuite, j'ai eu la chance de travailler avec des gens très talentueux, dont j'adore le travail, et qui font les choses avec passion, en donnant le meilleur d'eux-mêmes. Donc, je suis très fier de la façon dont ils ont mis en valeur mes notes et mes mots. Enfin, je dirais que si vous aimez les voix un peu particulières, aux tonalités soul, si vous aimez prêter attention aux textes des chansons, si vous aimez être surpris, entre l'organique, le brut, riche de ses imperfections, et la modernité de certains sons, alors il y a de grandes chances que cet EP vous plaise et vous accompagne un moment. En tout cas, je l'espère.

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