#Critique : MØ se retrouve sur l’album “Motordrome”
Être à la tête d’un immense succès n’est pas uniquement gage de prospérité. Au sommet en 2015 avec le tube “Leon On” aux côtés de Major Lazer et DJ Snake, la Danoise MØ était promise à un avenir radieux sur la scène mainstream. Ses équipes avaient senti le filon et s’est tout naturellement qu'elles s’y sont engouffrées pour produire par la suite, une multitude de sons reprenant les codes de “Leon On”. Hélas, la recette n’a pas aussi bien fonctionné et le second album de la chanteuse paru en 2018 n’a pas rencontré le succès escompté. Aujourd’hui revenu à quelque chose de plus simple, l’artiste publie “Motordrome”, un troisième album sur lequel elle tente de se retrouver.
Interrogée quelques jours avant la sortie de son nouvel opus, MØ qualifiait son album de retour à quelque chose de plus clair. Ayant intitulé son projet “Motordrome”, elle déclare que l’idée lui est venue après la sortie de son second album “Forever Neverland”. Paru 3 ans après le carton de “Lean On”, l’opus surfait sur la vague “Tropical House” qui avait fait le succès du titre et il suivait également un enchaînement de concerts et de festivals qui ont épuisé la chanteuse. Vivant à 100 à l’heure et ayant l’impression de ne plus être maître de ses décisions, elle déclare s’être sentie comme un hamster enfermé dans une cage qui passe sa journée à tourner dans sa roue. “Motordrome” est donc, une figure de style un peu plus badass pour imager ce qu’elle a ressenti. Portée aux nues à la sortie de son premier album “No Mythologies to Follow” et considérée comme l’une des étoiles montantes de la scène alternative, l’artiste s’est perdue. Avalée par la scène mainstream et par un business qui souhaite agir avant de réfléchir, elle déclare ne rien regretter et assure être fière de ses succès mais il est aujourd’hui temps pour elle de se retrouver afin de revenir à un son qu’elle aime réellement.
Loin de la frénésie, c’est chez elle au Danemark que MØ est partie se ressourcer. Entourée de sa famille, c’est après de longues discussions avec sa mère qu’elle a commencé à écrire les premiers titres de son nouvel album. Son objectif ? Se retrouver et soigner les anxiétés qui avaient pris possession d’elle-même au cours des dernières années. Revenue à un son plus personnel, l’artiste laisse derrière elle, la pop estivale et c’est souvent avec force et vulnérabilité qu’elle tente de se reconstruire. Savant mélange d’énergie et de nostalgie, “Motordrome” déroute car il n’a rien en commun avec “Forever Neverland” mais l’artiste ne revient pas non plus à l'univers mystique et envoûtant de son premier album. De fait, on a l’impression, avec ce nouvel opus, que l’artiste tente d’explorer un nouveau pan de sa personnalité artistique. Plus claire dans ses productions mais plus sombre dans ses textes, l’artiste donne naissance à une pop-hybride le plus souvent synthétique (“Brad Pitt”, “Youth Is Lost”) mais aussi parfois plus musclée avec l’utilisation de guitares et de batteries (“Cool to Cry”, “Punches”) qui viennent donner un côté parfois plus crépusculaire au projet. Quoi qu’il en soit, il émane de ce nouvel opus, une force et une singularité qui n’avaient pas habités la musique de MØ depuis de nombreuses années. Sans égaler son premier opus, l’artiste danoise nous livre un projet qui lui ressemble et sa voix vient tisser l’ensemble de fil rouge, on valide !
La note : 15/20 - une ère digne de ce nom et de l’artiste
Les titres à écouter en boucle : “Live To Survive”, “Goosebumps”, “Cool To Cry”
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