#Critique : Megan Thee Stallion poursuit sa conquête du rap-game avec “Traumazine”

Son album menaçait de fuiter et c’est donc dans l’urgence que Megan Thee Stallion a décidé de sortir “Traumazine” son second opus. En plein conflit avec son label (A 1501 Certified Entertainment / 300 Entertainment) qui lui impose des conditions de travail trop contraignantes, la nouvelle star du rap souhaite plus que jamais se libérer de ses chaînes. En effet, malgré le succès de son premier album “Good News” et bien qu’elle soit l’une des rappeuses les plus populaires du moment, son label l'empêcherait de sortir sa musique afin de la garder un maximum de temps dans son écurie. Prisée par de grandes majors suite à son succès, Megan paye aujourd’hui au prix fort les termes du contrat qui la lie aux équipes qui lui ont donné sa chance. Signée chez eux pour plusieurs albums, elle est à leur merci mais la rappeuse a du caractère et elle le prouve sur le piquant “Traumazine”.

Megan Thee Stallion - Traumazine

Megan Thee Stallion : son histoire, ses débuts et la guerre avec son label

Originaire de Houston au Texas, Megan Thee Stallion est la revancharde du rap-game Américain. Fille d’une rappeuse indépendante, elle trouve rapidement sa voie dans le rap. L’ADN de ses premiers textes, la revanche, le sexe et l’affirmation de soi. D’abord signée sur le petit label de sa mère (Holly-Wood), elle grimpe les échelons un à un et très vite, un label indépendant décide de s’intéresser à elle. Bingo, le style de Megan fait mouche, le succès s’accumule et de Nicki Minaj à Beyoncé, tout le monde veut collaborer avec l’étoile montante du rap US. Résultat, lorsqu’elle sort son premier album “Good News” en 2020, la popularité de Megan est à son paroxysme. Porté par les singles “Girls in the Hood” ou encore “Cry Baby”, l’album et la patte de Megan vont faire le tour du monde et Megan Thee Stallion commence à rêver plus grand. A ce moment-là, Roc Nation, le label de Jay-Z lui propose un meilleur contrat mais ceux qui lui ont donné sa chance refusent de la laisser partir. Empêtrée dans un contrat contraignant, Megan Thee Stallion semble donc condamnée à rester aux côtés des équipes qui lui ont offert son premier contrat. Après des mois de batailles judiciaires, elle est toujours signée 300 Entertainment mais le bout du tunnel semble assez proche puisqu’elle a réussi in extremis, à libérer les droits de sortie de son second album “Traumazine”, un projet encore plus solide que le précédent. 


“Traumazine” : la review

Sorti en catimini pour éviter les leaks mais aussi dans une grande période de conflits entre Megan et son label, “Traumazine” débarque donc sans plan promotionnel et sans réelle stratégie commerciale. Ainsi, si c’est d’abord “Sweetest Pie” son duo POP avec Dua Lipa qui a servi de lead-single, la rappeuse a ensuite livré “Plan B” un titre qui reprend les codes du rap rétro, un genre cher à l’artiste depuis ses débuts. Néanmoins, et même si elle semble tiraillée entre ses envies personnelles et les contraintes de son label, Megan Thee Stallion réussit à livrer une œuvre concrète qui est aussi le témoignage d'une belle évolution artistique. Ainsi, entre “Good News” et “Traumazine”, on ressent une réelle envie d’avancer et de proposer quelque chose de fort, de profond, de marquant. Sans jamais se perdre Megan conserve son ADN trashy sur “Nasty” ou encore “Red Wine” tout en livrant des beats plus musclés sur “NDA”, ou encore “Gift & A Curse”. Cependant, et c’est certainement son gros point fort, lorsqu’elle laisse tomber le masque sur “Flip Flop” ou encore “Anxiety”, sa vulnérabilité et les blessures de sa vie (elle a perdu son père, puis sa mère, elle a souffert d’un manque de crédibilité de la part de l’industrie à ses débuts.) viennent mettre en lumière son talent et sa singularité. Du côté des réussites de l'album, n'oublions pas non plus de citer “Scary”, le surprenant “Star” ou encore l’addictif “Not Nice”. Quoi qu’il en soit, et même si l’album est un peu long (18 titres) et que certaines collaborations n’apportent pas grand-chose à l’ensemble malgré le talent des artistes présents (Latto, Jhene Aiko), Megan Thee Stallion s’impose et poursuit sa conquête du rap-game féminin. Là où Cardi B a un peu perdu de sa superbe en explosant trop vite, Megan se sert de son évolution et de son apprentissage pour mieux poser les bases d’une carrière durable. On dit OUI !



La note: 15,5/20 - le meilleur album de rap féminin de l’année (en attendant le nouveau Nicki Minaj)

Les titres à écouter en boucle : “NDA”, “Flip Flop”, “Scary”, “Star”, "Her". 

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