Charlotte OC : en interview pour son single “God, We Tried”

Sur The Melting POP, nous avons découvert Charlotte OC en 2020 lorsque nous sommes tombés, par hasard, sur “Careless People” un album qu’elle avait sorti trois ans plus tôt. Fruit de sa collaboration avec le label Harvest Records, le disque n’était pourtant pas sa première incursion dans l’industrie. De fait, alors qu’elle n’avait que 18 ans, Charlotte avait signé avec Columbia Records pour un contrat de quatre albums. Hélas, après la sortie d’un premier opus paru sous son véritable nom, Charlotte O’Connor et alors même qu’elle avait dû partir aux États-Unis pour développer son projet, l’artiste est remerciée par son équipe. Suite à cela, elle a pensé que tout était fini pour elle et pour joindre les deux bouts, elle est retournée dans sa ville natale pour aider sa mère dans le salon de coiffure familial. Néanmoins, le destin est revenu frapper à sa porte une seconde fois et c’est sur cette nouvelle lancée qu’elle a publié l’album qui nous a permis de la découvrir. Soutenue par la BBC, mais aussi par plusieurs médias français, l’album “Careless People” a permis à Charlotte OC de reprendre confiance en elle. Cependant, c’est seulement lorsqu’elle décide de se lancer en indé avec l’album “Here Comes Trouble” en 2021 qu’elle ne trouve véritablement l’équilibre dont elle avait besoin pour faire vivre son art. Aujourd’hui, alors qu’elle est sur le point de sortir un nouvel EP, Charlotte revient avec “God, We Tried”, un titre qui évoque sa dernière rupture et aussi, le souvenir de son père décédé l’an dernier. À travers ce morceau, Charlotte se débarrasse de ses filtres et, accompagnée de Dimitri Tikovoi (Placebo, Sophie Ellis Bextor, …), elle fend l’armure pour se dévoiler plus vulnérable que jamais. Une nouvelle fois, après de nouveaux doutes, de nouvelles épreuves, l’artiste est retournée dans sa ville natale pour se reconnecter. Un retour et une résurrection qu’elle raconte en interview pour The Melting POP.

Bonjour Charlotte, tu es de retour avec un nouveau single, “God, We Tried”. C’est un titre puissant qui aborde un sujet très personnel. Peux-tu nous en dire plus ?

Je me souviens juste de m'être sentie complètement perdue. Je vivais à Londres à ce moment-là, et tout me semblait trop lourd à porter, j’étais en train de me faire engloutir par tout ça. Je voulais créer quelque chose pour figer cet instant. Pour y mettre un point final, une bonne fois pour toutes. Je crois que commencer à écrire cette chanson m’a vraiment permis d’éclaircir les choses dans ma tête, surtout en ce qui concerne mon bien-être personnel. Je savais que la relation était terminée, et j’ai fini par reconnaître mes propres comportements, et réaliser qu’ils n’étaient pas sains…

La chanson a été écrite juste après le décès de ton père. Avec le recul, quel regard portes-tu sur elle aujourd’hui ?

Pour être honnête, j’en suis fière. Comme je l’ai dit plus tôt, elle m’a aidée d’une manière que je n’aurais jamais cru possible à ce moment-là. Je pense aussi que mon père aurait adoré ce morceau, ce qui m’apporte à la fois de la tristesse et de la joie.

Ce nouveau single marque aussi un nouveau chapitre. Il paraît que tu es retournée dans ta ville natale pour l’écrire. C’était essentiel pour toi ?

C’est la meilleure décision que j’aie jamais prise. D’abord, je n’avais pas d’argent, pas de vrais amis, et plus de management. J’avais besoin de rentrer chez moi, de panser mes blessures un moment, et de retomber amoureuse de la musique. Ça a pris du temps, mais oui, je dois beaucoup à ma famille et à Blackburn. Ils m’ont redonné vie.

J’ai eu la chance d’écouter ton prochain EP, et il semble beaucoup plus personnel et profond que tes précédents projets. Le style musical est également différent. Qu’as-tu voulu transmettre avec ces nouveaux morceaux ?

Je voulais juste m’amuser avec cet EP. Travailler avec Dimitri Tikovoi, c’était une expérience totalement nouvelle en soi. Beaucoup de choses ont été créées de manière naturelle et spontanée, j’ai vraiment eu l’impression d’être enfin dans un état de "flow".

“c’est facile de se dire qu’on ne mérite plus d’être artiste”

crédits - Stewart Baxter

Tu es indépendante depuis la sortie de ton deuxième album. Qu’est-ce que cela représente pour toi ?

Ça a été une expérience totalement différente. Je me souviens de ma première rencontre avec mon label, Embassy of Music, et je suis immédiatement tombée amoureuse de leur approche. Ils m’ont clairement dit dès le départ qu’ils n’interféreraient pas avec mes idées créatives, et qu’ils n’allaient pas me forcer à écrire une chanson "joyeuse" juste pour coller à un format. Tout artiste qui aime explorer l’introspection sait à quel point c’est essentiel d’entendre ça. J'ai vraiment adoré cette liberté. Quand on est signé très jeune par des majors et encore plus quand on vient de se faire lâcher, c’est facile de se dire qu’on ne mérite plus d’être artiste. C’est exactement ce que j’ai ressenti. Mais signer avec un label indépendant m’a apporté tellement plus que ce que ça m’a pris. Et ça va de pair avec le fait d’avoir trouvé le bon management aussi.

Qu’est-ce qui différencie la Charlotte que le public a découverte avec ton premier album en 2017 de l’artiste que tu es aujourd’hui ?

J’ai un peu mûri depuis. Je crois que j’ai enfin accepté l’idée d’être en paix avec qui je suis en tant qu’artiste, et je ne suis plus du tout obsédée par le fait que ça plaise à tout le monde. Quand j’étais plus jeune, ça me préoccupait énormément, mais aujourd’hui, je n’ai tout simplement plus l’énergie pour ça. Cela dit, il y a encore des aspects de moi qui sont restés les mêmes, et j’adore que ces parts-là soient toujours là.

Tu as un lien particulier avec la France. Aura-t-on la chance de te revoir ici bientôt ?

Un lien très spécial. J’ai passé beaucoup de temps en France, donc ce pays aura toujours une place dans mon cœur. Et puis, je m’appelle Charlotte, alors je pense que ça me donne quelques points français en plus ! J’espère vraiment pouvoir faire quelques concerts là-bas très bientôt !