#Critique : Kesha en électron libre sur l’album “Gag Order”


En ce vendredi 19 mai 2023, Kesha publie “Gag Order” son cinquième album studio. 3 ans après “High Road, l’artiste américaine poursuit sa route et quand ce nouveau projet sera sorti et que la promotion sera terminée, elle sera définitivement libérée de son contrat avec Dr.Luke. Connu pour être le producteur qui l’a découverte mais aussi celui qu’elle accuse de viol et d’agression sexuelle, Dr.Luke a toujours tenu a conserver Kesha dans ses rangs malgré les différents procès qui les opposent depuis 2015. Bientôt libre, Kesha pourra sans nul doute démarrer un nouveau chapitre de sa carrière dans le futur mais avec “Gag Order”, elle prouve déjà toute sa singularité… La critique à découvrir maintenant sur The Melting POP.

KESHA - GAG ORDER - REVIEW

Gag Order : un projet brutal, expérimental et primitif 

Au sein de l’écosystème POP contemporain, Kesha a l’une des histoires les plus tragiques. Pourtant, elle est aussi celle qui a su avancer avec ses blessures pour faire de son art, un écrin singulier qui ne ressemble à aucun autre. Spectaculaire, son évolution musicale est l’une des plus réussies de l’industrie de la musique et “Gag Order” en est la preuve. Inspiré par ses émotions les plus sombres et conçu durant la pandémie, ce cinquième album est pour l’artiste, un moyen de laisser derrière elle son passé. Pour y arriver, la chanteuse a donc déconstruit tout son univers et c’est en partant à la recherche de sa propre spiritualité, qu’elle a tenté de faire le vide dans son esprit. Pour cette raison, “Gag Order” peut donc sembler à bien des égards, brut et imparfait. En effet, tout au long du projet qui comporte 13 pistes, l’artiste tente de retrouver son chemin sur des productions alternatives qu’elle tente d’explorer et de dompter dans un même temps. Risquée, cette double mission place Kesha au cœur d’un monde brutal où les expérimentations musicales deviennent le reflet d’un combat pour exorciser ses peines. Ainsi, comme en témoignaient déjà les deux premiers extraits “Eat the Acid” et “Fine Line”, Kesha lutte à tous les instants pour trouver l’équilibre entre sa part d’ombre et sa lumière. En plein affrontement, elle donne alors naissance à un projet presque primitif qui ne pourra être apprécié de tous, mais qui révèle ses secrets et sa beauté truculente à mesure des écoutes.


Gag Order : la spiritualité pour s'éloigner du chaos

À travers le chaos et sur le chemin de sa quête spirituelle, Kesha raconte à travers ses textes, les raisons qui l’ont poussé à chercher une nouvelle forme de lumière. De la piste d’ouverture (“Something To Believe") qui évoque le fait de ne pas savoir ce que l’on cherche avant de le trouver, en passant par la poésie chaotique de “All I Need Is You”, c’est souvent avec une douceur déconcertante qu’elle raconte ses pires expériences. Paradoxale, l’épopée de l’artiste devient donc une œuvre contrastée, où la paix côtoie la peur et où le mal côtoie le bien. Enterrant sur son chemin, la popstar rebelle qu’elle était à ses débuts, l’artiste se mue au fil de son projet et grâce à sa collaboration avec le rappeur/rockeur Rick Rubin, en une sorte de muse alternative qui gère aussi bien l’électro ("Peace & Quiet”, “The Drama”) que des propositions plus POP (“Only Love Can Save Us Now”) et dépouillées (“Hate me Harder”). Également accompagné de sa mère sur certains textes de son projet, Kesha se livre. Sans fard, elle chante parfois ses envies de tout arrêter, sa peur de ne plus être à la hauteur. Pourtant, plus elle avance, plus son vécu sert sa maturité et plus l’artiste se défait des codes. Électron libre, Kesha est désormais une femme qui tente de trouver le bonheur là où il existe. Dans la foi, dans la liberté, elle se guérit et comme un dernier clin d'œil à celui qui sera bientôt son ex-producteur, elle termine sa route avec le titre “Happy”, une piste où elle imagine une autre réalité…



La note : 17/20 “Une résilience humaine et artistique !” 


Les titres à écouter en boucle : “Eat The Acid”, “The Drama”, “Only Love Can Save Us Now”, “Something to Believe In”

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