CHAiLD en interview pour son EP “Urgent Care” : “J’ai toujours été un battant”


On parle très souvent de POP ici. On pourrait même aller jusqu’à dire que la POP féminine représente 80% de notre ADN sur The Melting POP. Pourtant, la scène masculine regorge aussi de talents. Parmi les noms les plus connus, on peut citer The Weeknd, Harry Styles mais c’est en fouillant sur la scène indépendante qu’on fait nos plus belles découvertes. Sébastien Delage, COBALT, Chéri, voici une poignée d’artistes que nous aimons et que nous défendons sur The Melting POP. À cette petite liste, on peut également ajouter CHAiLD, un jeune artiste luxembourgeois. Installé en Belgique, ce jeune prodige de la POP évolue dans un univers alternatif soigné et surprenant. À la tête d’une douzaine de singles qui lui ont permis de faire ses armes sur la scène musicale, il fait aujourd’hui le grand saut avec un premier EP. Intitulé ‘Urgent Care”, le projet permet à l’artiste de définir les contours de son univers tout en lui ouvrant de nouvelles portes. Angoisses, créations, inspirations, on a discuté avec l’artiste qui nous confie ses secrets musicaux.


CHAILD - CHANTEUR - INTERVIEW


Salut CHAiLD, tu as récemment sorti ton tout premier EP après avoir publié uniquement des singles. Que représente ce projet pour toi ?

Ce projet représente un vrai début, une concrétisation. Je suis si heureux de pouvoir raconter l’histoire d’’Urgent Care” du début à la fin et d’en avoir une trace définitive. La création de l’EP s’est faite naturellement, et sa sortie tout autant. Je pense tout simplement qu’il était temps et aujourd’hui, je n’ai plus qu’une envie : continuer à raconter des histoires.

C'est un projet sur lequel tu essayes de faire face à l'anxiété. Quelles sont tes angoisses et comment la musique t'aide-t- elle à y remédier ?

Mes angoisses sont liées à beaucoup de choses, et surtout des choses sur lesquelles je n’ai souvent aucun contrôle malheureusement. Je suis toujours à fleur de peau, et pour l’expliquer, je dis souvent que je suis fait d’eau et que j’ai du mal quelquefois à naviguer sur la terre ferme de ce monde si solide et ferme. Pendant que j’écrivais “Urgent Care”, tout me semblait impossible à surmonter. J’étais arrivé à un point où mes angoisses devenaient presque irrationnelles. Se lever le matin était devenu un calvaire, et étant une personne qui fonctionne très fort à l’espoir, le fait de ne plus beaucoup en avoir m’irritait énormément. Le fait d’aller en studio me donnait, premièrement, une raison de me lever, mais surtout, l’acte de création me redonnait espoir. La plus belle chose était de transmuter des sentiments si négatifs en quelque chose de beau, d’émouvant. J’ai reconnecté avec l’ado de 13 ans que j’étais qui écrivait de la musique simplement pour exprimer son mal-être et ses sentiments, et non pas pour des raisons performatives.


La pochette de l'EP, c'est une manière pour toi de représenter les démons qui t'entourent ? 

Au contraire (Rires) ! J’ai grandi avec les animes comme Pokémon, Digimon, Yu-Gi-Oh. Je trouve que j’en ai gardé une grande influence dans mon esthétique. La pochette de l'EP représente exactement ça, pendant que je suis assis par terre, le regard dans le vide, assumant complètement ma vulnérabilité, mon « monstre » me protège. Il prend le relais pendant que je reprends des forces.

CHAILD - URGENT CARE


Musicalement, tu évolues dans un univers électro-POP dark et planant à la fois. D'où te vient ce style musical ? 

J’essaye de ne pas trop me casser la tête afin de définir mon style. Je pense que ma voix et mon émotion sont le vrai fil d’Ariane du projet. Mais de manière générale, je reste pop, c’est que j’ai toujours aimé. J’aime la pop dans tout son spectre, de Troye Sivan et Julia Michaels à Woodkid. De plus, de par mes origines, j’ai grandi plongé dans la culture italienne, avec la musique de ce pays. Je pense que cela se reflète dans ma manière de chanter. Concernant l'EP, en le réécoutant, j’ai vraiment perçu un côté cinématique qui s’alterne avec des moments de grande intimité (aussi dans la manière d’enregistrer et d’arranger). J’en suis vraiment fier, c’est exactement le son que j’envisageais pour ce projet.

En tant qu'artiste indépendant, quel regard portes-tu sur ton parcours et ton évolution dans l'industrie depuis tes débuts ? 

Ce n’est pas facile (Rires) ! Mais je suis d’avis que mon parcours jusqu’à maintenant m’a tellement fait grandir. Mon projet a vite pris de l’ampleur. En 2019, j’ai vécu beaucoup de beaux moments au niveau national. Ensuite, il y a eu le Covid qui m’a fait ouvrir les yeux sur la difficulté d’être artiste aujourd’hui. J’y ai appris à être résilient. J’ai toujours été un battant. Depuis que j’ai décidé de faire de la musique mon métier alors que j’étais encore adolescent, mais ce que je réalise maintenant, c’est que je n’aurai jamais fini d’apprendre. À la fin, ce qui compte vraiment, c’est l’artiste, sa musique et son public. Faire de la musique qui touche et à laquelle les gens arrivent à s’identifier, et le reste viendra. J’essaye de penser à cela en premier lieu, car l’industrie est assez compliquée comme ça (Rires) .

Ton nom de scène, la stylisation de celui-ci, "CHAiLD", ça signifie quoi pour toi ?

Je suis d’avis qu'il est tellement important de continuer à voir le monde avec les yeux d'un enfant en grandissant, et de ne pas devenir amer ou cynique avec l'âge. Parfois, je me surprends en train de rêvasser ou à m'émouvoir pour des choses que la plupart des gens considéraient comme insignifiantes, mais qui ne le sont pas vraiment. Nous sommes tous tellement habitués à passer notre vie avec des œillères que nous oublions comment vraiment et intrinsèquement ressentir nos émotions. CHAiLD naît du désir de vivre pleinement chaque émotion. La stylisation du mot est née de l’injection de la première lettre de mon nom « Adriano », comme rappel que je dois toujours rester moi-même. Et surtout, je suis un enfant de mon temps, gen z, la volonté de s’exprimer et de briser les dogmes qui nous en empêchent.


Tu es d'origine luxembourgeoise. On connaît finalement peu l'ADN musical de ce petit pays. Tu peux nous en dire plus ? 

La question de mon ADN est toujours particulière à répondre. Je suis née au Luxembourg de parents immigrés italiens et Portugais. J’ai grandi avec mon propre bagage culturel lié à mon ADN, mais aussi avec celui de ce pays dans lequel j’ai grandi et qui m’a tant aidé avec le développement de mon projet. Ensuite, j’ai vécu en Angleterre et maintenant, je suis à Bruxelles. J’ai plusieurs endroits que je considère comme une maison, et j’adore cela. Quant au Luxembourg, je dirais que c’est un pays avec énormément de talent. Un pays dont le secteur musical est en pleine ébullition et dont je suis si fier de faire partie. Ce qui est impressionnant, c’est la multitude de styles musicaux concentrés en un si petit territoire, sans parler de nos infrastructures et initiatives créatives, culturelles et musicales !

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