Critique - MØ : sans fil rouge sur l'album "Plæygirl"
En 2015, MØ était l’artiste sur laquelle toute la scène internationale voulait miser. Sortie du succès colossal de “Lean On” en compagnie de DJ Snake, elle était partout et le meilleur semblait être devant elle. Pourtant, dix ans plus tard, l’artiste est revenue à un écho plus confidentiel. N’ayant pas réellement su confirmer le tir après l’immense carton de “Lean On”, elle a même perdu dans ses propositions artistiques ce qui avait fait le succès critique de son premier album “No Mythologies To Follow”. Aujourd’hui, elle revient avec un quatrième opus intitulé “Plæygirl”... La critique sur The Melting POP.
Singulier, le premier album de MØ avait séduit la critique grâce à un ADN électro et nostalgique maîtrisé de bout en bout. Grâce à ce projet, l’artiste danoise s’était également constituée une jolie fanbase et tout s’est enchainé lorsque le succès de “Lean On” a fait d’elle l’une des artistes les plus écoutés de la planète. Hélas, avec ce titre, de nouveaux enjeux sont entrés en scène et malgré de jolis résultats pour les singles “Final Song”, “Nights With You” ou encore “Kamikaze”, elle n’a jamais réellement réussi à recréer quelque chose d’aussi grand. Pire encore, avec son second album "Forever Neverland" qui a mis du temps à arriver car son label attendait le hit qui pourrait tout lancer, elle s’est enfermée dans un style world-pop qui n’avait pas la même saveur. Décevant, le projet paru en 2018 n’a pas fonctionné et MØ a peu à peu perdu de son aura sur la scène mainstream. Qu’à cela ne tienne, elle a continué sa route et en 2022, c’est avec le plus sombre “Motordrome” qu’elle est revenue. Plus affirmé, l’album renfermait de bons morceaux (“Live To Survive”, “Cool To Cry” “Goosebumps”) mais l’ensemble manquait surement cohérence. Avec “Plæygirl” qui sort ce 16 mai, le constat est identique. De fait, malgré des visuels lo-fi qui semblent lorgner du côté du glam-rock, le disque ne réussit pas réellement à maintenir un cap et à forger sa propre identité. Passant de l’électro (“Knife”, “Vildchild”) à la POP (“Who Said”) et de la balade (“Plæygirl”) à quelque chose de plus rock (“Keep Moving”), il manque au projet une structure, une direction qui lui permettrait d’atteindre son plein potentiel. Ici, on se plait à écouter certaines pistes qui restent plutôt efficaces (“Don’t Lose Yourself”, “Keep Moving”) mais le soufflet redescend sans cesse. Comme si elle avait voulu remplir un cahier des charges, MØ est partout à la fois. Entre featuring décevant avec une star montante de la pop alternative : Big Piig ("SWEET") et hommage mollasson à son ami Avicii ("Wake Me Up"), l’interprète de “Lean On” passe à côté de l’essentiel et on regrette qu’elle n’ait jamais pu, depuis son premier album, retrouver la cohérence et la douceur parfois brutale qui nous avait permis de la découvrir.
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