#Critique : Natalia Kills/Teddy Sinclair s’affirme et s’émancipe sur « +30 mg » le 1er EP de Cruel Youth
N.B: Si vous suivez ce blog régulièrement ou que vous me connaissez personnellement, vous connaissez la profonde affection que j'éprouve pour l'univers mélancolique de l'artiste en question. Difficile donc d'être totalement objectif. Cependant, je vais essayer à travers cet article de ne pas faillir à ma mission en vous proposant, une critique précise et relativement neutre.
Plus d'un an après l'affaire "X-Factor NZ" qui lui a valu d'être la cible préférée des internautes en manque de bouc-émissaire et presque 3 ans jour pour jour après la sortie de son 2e album "Trouble", Natalia Kills est de retour ! Enfin presque... En effet, fini Natalia Kills place désormais à Cruel Youth, un projet présenté comme un trio féminin, dont la seule figure révélée à ce jour est celle de l'interprète de "Saturday Night", aussi connue en tant que Teddy Sinclair. Toute cette succession d'appellations étant relativement compliquée, intéressons-nous au plus important, la musique avec la critique du 1er EP de Cruel Youth.
Depuis ses débuts en 2011, Teddy Sinclair a fait du chemin. Si son premier album "Perfection" produit par Will.I.Am était un condensé de sons d'électroniques entêtants, mais parfois surproduits, son deuxième album "Trouble" enregistré avec Jeff Bhasker, s'était dirigé vers des sonorités POP-alternatives maîtrisées. Sur le premier EP de Cruel Youth baptisé "+ 30 mg", l'artiste continue sa mue alternative tout en gardant en toile de fond, sa singulière noirceur et ses textes saturniens. Composé de 6 titres, majoritairement produit avec son époux Willy Moon, ce nouveau chapitre musical emmène l'auditeur sur différents chemins. Présenté par la chanteuse comme la rencontre entre son univers sombre et le R'n'b des années 60, " + 30 mg " se veut nourri d'influences diverses qui tendent tantôt à servir le projet, tantôt à le dénaturer. Ainsi, si le tubesque premier single "Mr Watson" - écouté plus d'un million de fois sur Spotify - se veut être LA piste de l'EP grâce à sa Soul puissante et aérienne, les autres pistes, bien qu'elles soient toutes de qualité plus ou moins égale, ne suivent pas le même créneau. Bourré de bonnes idées (guitares électriques, utilisation du microphone, …) certaines pistes se noient parfois dans la surenchère. D’une part, sur "I Don't Love You" où l'artiste dévoile avec surprise et talent un phrasé Rihannesque qu'on ne lui connaissait pas, on regrettera la production légèrement surchargée. D'autre part, "Florida Blues" - qui fait tristement penser à une piste oubliée d'un album de Lana Del Rey – contraste avec le reste de l’EP. Sans être considérablement mauvais, le titre aux influences west-coast, fait figure d’OVNI sur le projet autant que dans la discographie de son interprète. Dommage…
Malgré ses petites failles, l'artiste captive sur l'excellent et torturé "Hatefuck" qui fait office – et on comprend tout à fait - de 3e single. Elle étonne également avec brio sur "Alexis Texas" une piste aussi psychédélique que planante, tandis que "Diamond Days" déjà connu des fans, peaufine l’ l'EP de manière honnête grâce à sa mélodie old-school teintée de blues et de pop.
Toujours plus troublée dans ses textes, plus affirmée dans sa manière de chanter, celle qui a écrit pour Madonna, Rihanna ou plus récemment Alicia Keys, semble avoir joui sur ce projet d’une plus grande liberté artistique. Pour cause, totalement libérée des codes radiophoniques qui ne lui ont jamais été d’un grand secours, elle propose un EP singulier, certes pas tout à fait accompli, mais qui laisse présager de belles choses. Avec « + 30 mg » elle obtient aussi le dernier mot sur ceux qui prédisaient la fin de sa carrière. Comme quoi, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
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