#Critique : Gin Wigmore plus mature mais moins poignante sur "Ivory"
Trois ans après son excellent troisième album "Blood To Bone" la rockeuse Néo-Zélandaise Gin
Wigmore est de retour avec "Ivory" son 4e opus. Déjà
annoncé fin 2016 par le single "Dirty Mercy" puis par le projet "Girl
Gang" qui avait pour but, au travers de différents morceaux, de rendre hommage
à des femmes qu’elle admire, l’album arrive discrètement dans les bacs en ce
mois d’avril 2018. Alors est-il aussi efficace que ses prédécesseurs ? The
Melting POP l’a écouté pour vous et voici la critique.
Une voix rocailleuse associée à un
univers rock, puissant et écorché, c’est grâce à cette recette que Gin Wigmore
est devenue l’une des artistes les plus populaires de son pays natal. C’est
aussi grâce à ça qu’elle a réussi à s’imposer durablement dans l’industrie
musicale. Utilisées dans de nombreuses séries télés (Weeds, Grey’s Anatomy ,
Revenge, …) mais aussi pour la publicité et le cinéma, ses chansons puissantes
lui ont permis de continuer sa route et de poursuivre sa quête artistique.
Ainsi, si ses trois premiers opus étaient des chapitres illustrant sa vie
personnelle et son parcours sentimental, "Ivory" se positionne dans
l’écriture comme une quête de renouveau. Beaucoup moins torturée qu’auparavant,
l’interprète de "Saturday Smile" livre ici un album déterminé sur lequel
on retrouve ses caractéristiques artistiques singulières, à savoir sa voix
puissante et son rock mordant. Malgré tout, les histoires racontées sur l’album
sont dans l’ensemble moins personnelles puisqu’elles abordent pour la plupart
des thèmes moins génériques. En traitant des sujets tels que la misogynie, l’industrie
du disque, la femme et la féminité ("Odeum", "Girl Gang", "Hallow Fate", …), l’artiste se
met volontairement en retrait sur ce nouvel album et on ne la voit d’ailleurs
quasiment pas dans les vidéos qui servent à promouvoir le projet.
Souhaitant concevoir son album d’une
autre manière, souhaitant s’éloigner des diktats du marketing, elle propose un
album certes plus mature mais qui se voit amputé d’une qualité essentielle à
son univers, l’émotion. Très présent dans la voix de Gin qui dégage une aura
singulière et vigoureuse, ce sentiment est moins présent dans les textes et par
conséquent, même si l’ensemble reste musicalement très qualitatif et très
efficace, le projet manque parfois un peu d’âme. Heureusement, pour ne pas
totalement laisser les fans de la première heure sur leur faim, l’artiste propose
sur la deuxième partie de l’album, les titres "Fall Out Of Love" et "Head To Head", deux pistes qui renouent avec ses origines et qui
seront sûrement celles que l’on retiendra en parlant de ce quatrième opus.
Déstabilisant, lorsqu’on connaît
l’artiste depuis ses débuts, "Ivory" reste un album bourré d’énergie
et les amateurs de rock et de voix puissantes ne bouderont pas leur plaisir à l’écoute
de "Cabrona", "Hallow Fate" ou encore "Dirty Mercy".
Pour les autres, il faudra se contenter d’un album un brin moins poignant qu’à
l’accoutumée et espérer que Gin, maman depuis quelques mois, nous reviendra
vite avec des textes qui seront inspirés de son histoire et de son ADN brute et
touchante.
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