#Édito : faut-il boycotter les artistes produits par Dr.Luke (ft. Nicki Minaj, Jennifer Lopez, Doja Cat & Kim Petras)


C’est la question qui affole la toile. La question qui divise les fans et les amateurs de POP. Dr.Luke, c’est l’homme derrière les succès de Kelly Clarkson, Jessie J, Doja Cat, Katy Perry. C’est aussi celui qui est accusé depuis plusieurs années par la chanteuse Kesha, d’avoir abusé de son pouvoir et de sa position dominante pour lui infliger des violences sexuelles. Jusqu’ici, la justice américaine a toujours donné raison à Dr.Luke et ce, au détriment de Kesha qui continue de se battre pour récupérer sa liberté artistique. En effet, malgré ses plaintes, Kesha est toujours signée sur le label de celui qu’elle accuse et même s’il semble lui avoir laissé une certaine liberté artistique sur les projets “Rainbow” et “High Road”, Kesha reste pieds et poings liés à son bourreau. De son côté, Dr.Luke continue de produire de nombreux autres artistes et pour celles qui acceptent de collaborer avec lui, car c’est surtout les femmes qui sont pointées du doigt, elles sont en quelque sorte complices du malheur de Kesha. Nicki Minaj, Doja Cat, Kim Petras, elles sont nombreuses à continuer leur collaboration avec le célèbre producteur et cela pose question : faut-il boycotter les artistes qui travaillent avec Dr.Luke ?

DR LUKE
Nicki Minaj, Doja Cat, Kim Petras, Jennifer Lopez : boycottées à cause de Dr.Luke ? 

"Super Freaky Girl" : le cas Nicki Minaj 

Ce vendredi, Nicki Minaj a publié son nouveau single, l’entêtant “Super Freaky Girl”. Déjà en tête sur TikTok et Shazam avant même sa sortie, le titre a ensuite pulvérisé le record du meilleur démarrage pour une rappeuse en solo sur Spotify avec plus de 3 millions de streams en seulement 24h. Hélas, derrière ce démarrage en trombe, une polémique : le titre est produit par le controversé Dr.Luke. Aux yeux de certains, cette collaboration de Nicki Minaj avec le producteur est une véritable honte. Sur les réseaux sociaux, Nicki Minaj est accusée de promouvoir les violences sexuelles et pour ses détracteurs, sa collaboration avec 6ix9ne ou encore son mariage avec Kenneth Petty, tous deux condamnés pour violences sexuelles, sont un parfait parallèle. Messages remplis de haine, appel au boycott, l’histoire fait les choux gras de Twitter et si Nicki Minaj ne s’est pour l’instant pas exprimée sur le sujet, d’autres critiquent une industrie à géométrie variable. 


Jennifer Lopez, Kim Petras, Doja Cat : qui ne dit mot consent ?


Depuis que l’affaire a éclaté entre Kesha et Dr.Luke, beaucoup se sont exprimés et certains ont pris parti. Ainsi, Kelly Clarkson et Marina Diamandis ont toutes deux confirmées les comportements professionnels parfois assez bruts de Dr.Luke avec qui elles ont collaboré par le passé. De son côté, Katy Perry a quant à elle mis un frein à leur collaboration dès le début du procès et ce même si Dr.Luke lui avait produit ses plus grands succès. Malgré tout, d’autres artistes ont continué à faire confiance à Dr.Luke, à leurs risques et périls. En effet, collaborer avec le producteur est pour certaines personnes un véritable affront à la douleur de Kesha. Dans l’industrie, la première victime de cette justice “sociale” n’est nulle autre que Jennifer Lopez. En effet, en 2016, alors que les tensions sont vives entre Kesha et Dr.Luke, la star américaine signe le tube “Ain’t Your Mama”. Gros succès en Europe et notamment en France, le titre sera totalement boycotté par les grandes radios américaines, la raison : le titre est produit par Dr.Luke. Dans le cas de J.Lo, le boycottage est évident mais il peut aussi être attribué à l'âgisme dans l’industrie musicale, une tendance très présente aux États-Unis. Cependant, pour une partie du public, et c’est là où il y a géométrie variable, d'autres artistes subissent les critiques et le boycott au prix fort. Dans ce registre, on peut citer Kim Petras. Repérée et produite par Dr.Luke, la jeune artiste allemande est très souvent prise à parti par les détracteurs du producteur. D’un autre côté, pour les fans de la chanteuse, le manque de succès de ces titres est dû au fait que sa collaboration avec Dr.Luke serait néfaste pour sa carrière. Malheureusement pour eux, il existe le contre-exemple Doja Cat qui a réussi malgré ses liens très étroits avec Dr.Luke à décrocher une carrière mainstream impressionnante. Cependant, Doja Cat pointe très souvent du doigt, les conditions de travail qui lui sont imposées et là, les détracteurs de Dr.Luke s’en donnent à cœur joie pour nourrir les rumeurs de pratiques abusives de la part du producteur envers ses poulains…


Vous l’aurez compris, la réponse à la question principale n’est pas simple. Au sein de l'écosystème musical américain, Dr.Luke est un producteur qui compte. Il a la puissance financière mais aussi la réputation d’être un hit-maker de talent. Pour l’heure, il n’est pas condamné et pour cette raison, libre à chacune des artistes qui le désirent de collaborer avec lui. En réalité, boycotter une production Dr.Luke ne changera pas la donne pour Kesha. Moralement, on peut en effet se dire qu’elle n’est pas soutenue par les artistes qui décident de le faire mais est-ce que tout le monde à arrêter la fast-fashion en apprenant les scandales en Chine et au tiers-monde ? A-t-on mis à l’arrêt l’industrie agro-alimentaire après les déboires à répétition ? La réponse est non … Lorsqu’un système nous dépasse, il est impossible d’en connaître tous les tenants et les aboutissants, le boycott et la haine n’y changeront rien … CQFD !

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