Rita Ora, Bebe Rexha, Anne-Marie, Ellie Goulding & Co. Chanteuses POP & DJ’s : les collaborations empoisonnées.


Ce vendredi, Rita Ora est de retour avec “You Only Love Me, le premier extrait de son 3e album studio. 5 ans après la sortie de son second album “Phoenix, la chanteuse n’est pas restée inactive dans l’industrie de la musique. En effet, outre un EP de quatre titres parus en 2021, elle a multiplié plusieurs collaborations avec des DJ’s venus de tous horizons et parfois, elle a même décroché quelques tubes. Cependant, et comme c’est le cas de nombreuses autres artistes POP adeptes des collaborations de ce genre, sa côte est loin d’être au plus haut. De Rita Ora à Bebe Rexha en passant par Anne-Marie, Ellie Goulding ou encore Ella Henderson et Becky Hill, The Melting POP tente de comprendre le problème qui se pose pour ces quelques chanteuses POP qui malgré des gros succès dance n’arrivent pas à rassembler un large public en solo ! 

Rita Ora - You Only Love Me


Bebe Rexha : Le cas le plus concret 

Elles ont des voix, des tubes et pour la plupart, un très joli CV dans le monde de la POP. Connues de tous et de toutes, elles n’ont peut-être pas l’aura d’une Lady Gaga ou d’une Madonna mais elles sont assez populaires pour parler au plus grand nombre. Pour cette raison, il n’est pas rare de les voir poser leur voix sur des productions dance réalisées par les plus grands DJ du moment. Très fréquemment, ces productions cross-over entre chanteuse POP et DJ trustent le haut des rotations radios et les scores en streaming sont souvent assez impressionnants. Dernier exemple en date, le carton mondial de “I’m Good (Blue)”, qui voit David Guetta s’entourer pour la énième fois de la chanteuse Bebe Rexha. Gros succès de l’année 2022, le morceau a fait le tour du monde et lors du Nouvel An, le titre s’est même payé le luxe d’être le morceau le plus streamé sur Spotify. Face à ce succès, Bebe Rexha a donc annoncé en trombe sur ses réseaux sociaux, la sortie du lead-single de son 3e album studio. Hélas, après plusieurs jours de promo sur TikTok, les snippets ont été supprimés et la sortie repoussée à une date ultérieure. Le label et les équipes de la chanteuse ont-ils eu peur de reproduire l’échec du second album de Bebe qui malgré des titres forts tels que “Sacrifice” ou encore “Break My Heart Myself” n’a pas rencontré son public ? N’ont-ils pas confiance en la capacité de Bebe Rexha à séduire en solo ? La question se pose …

Trouver/créer un tube pour porter un projet 

Si Bebe Rexha est l’exemple le plus parlant, ses consœurs ne sont pas en reste. Ainsi, alors que la chanteuse Ellie Goulding devait sortir son nouvel album “Higher Than Heaven” le 3 février prochain, la sortie a été remise au 24 mars. Officiellement, la chanteuse prépare de grosses surprises à son public. Officieusement, les deux premiers extraits de l’album n’ont pas rencontré leur public malgré une efficacité évidente et pour remédier à cet échec, le label de l’artiste a décidé de l’envoyer en studio avec Calvin Harris afin de décrocher un tube. La recette sera-t-elle suffisante ? Pas sûr, puisque sur son précédent album “Brightest Blue” paru en 2020, l’artiste n’a pas rempli sa mission en termes de ventes et ce même si toutes les collaborations du projet ont été des tubes en streaming. Au mieux, le succès de sa collaboration avec Calvin Harris pourrait lui permettre de sauver les meubles en total de streams mais niveau charts, la bataille sera plus compliquée.



Pourquoi ces artistes somme toute assez talentueuses ne réussissent pas à s’imposer durablement lorsqu’elles sont en solo ? Certes, certains de leurs titres personnels ont très bien marché, mais depuis quelques années, elles cumulent les échecs ou (et c’est le cas d’Anne-Marie) peinent à dépasser les frontières de leur propre pays. Connue pour avoir collaboré avec Clean Bandit, David Guetta ou encore Marshmello, Anne-Marie sauve toujours plus ou moins les meubles en Angleterre où son dernier single “PSYCHO” a atteint le TOP 10 mais dans le reste du monde, la chanteuse n’a pas vraiment l’aura du grande popstar, et ce même si tout le monde connaît son nom, sa tête, et certains de ses tubes. Actuellement en train de teaser la sortie de “Sad B*tich”, son prochain single, la chanteuse utilise fortement TikTok pour s’assurer une certaine viralité mais la recette de marche pas à tous les coups et il faudra certainement plus qu’un buzz single pour porter son futur album dans les classements mondiaux…


Cercle vicieux et cadeau empoisonné 

Alors : qu’est-ce qui bloque ? Pour le comprendre, penchons-nous quelques instants sur Ella Henderson et Becky Hill. Contrairement à Bebe Rexha, Rita Ora & Co, leurs noms vous évoquent peut-être moins de choses. En effet, les deux chanteuses anglaises n’ont pas le pedigree des artistes préalablement citées. Pourtant, elles ont elles aussi collaboré avec une pluie de DJ’s et sur Spotify, leur total de streamers n’est pas si mauvais. Hélas, en dehors de leurs tubes dance, difficile de décrire ou de parler de l’univers des deux artistes. Le cœur du problème est donc là. À force de cumuler les collaborations avec des DJ’s, les petites stars de la POP se perdent dans un créneau marketing et au final, elles n’apparaissent plus comme des artistes, mais simplement comme des voix interchangeables qui servent juste à apporter une caution féminine à une production bien souvent efficace mais banale. De plus, sur le marché hyper-concurrentiel de la POP féminine, les radios et les diffuseurs vont très souvent considérer qu’elles n’auront pas assez d’impact lorsqu’elles sont en solo. Par conséquent, leurs morceaux ne seront pas diffusés, les streams seront moins conséquent et par la force des choses, elles seront considérées comme des artistes qui floppent…


Kelly Rowland, Sia, Katy Perry et RAYE : exemples et contre-exemples 

Consciente de ce problème, l’ex-Destiny-Child Kelly Rowland (l'une des pionnières du genre) a longtemps regretté ses collaborations euro-dance avec David Guetta. En effet, en partant sur ce créneau, la chanteuse a essuyé de gros échecs aux États-Unis et une partie de son public R&B lui a, à ce moment-là, tourner le dos. Taillées pour pulvériser les charts, les collaborations de chanteuses pop avec des DJs sont de véritables cadeaux empoisonnés car en dépit de la lumière qu’elles apportent aux artistes féminines, elles ne sont pas assez structurantes pour faire d’elles de véritables popstars. Longtemps enfermée dans ce créneau et forcée par son label à travailler avec des producteurs dance, la chanteuse RAYE a du mettre un terme à son contrat pour pouvoir enfin se libérer de ses chaînes et proposer la musique qui lui plaît. Aujourd’hui en haut des classements avec le titre “Escapism”, l’industrie et le public soulignent enfin sa singularité. Pour ce faire, elle a néanmoins dû prendre le risque de tout perdre. Bien sûr, il existe des contre-exemples puisque Sia continue de cartonner malgré ses nombreuses collaborations mais sa voix et sa plume l’aident grandement à se démarquer. De son côté, de plus en plus souvent associée à des productions dance, Katy Perry suit quant à elle le chemin inverse et après avoir été une grande popstar, elle se dirige lentement vers des grosses collaborations afin de faire oublier les échecs de ses derniers albums. Advienne que pourra !

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