Craig David : l'ascension et la chute d'un prodige du R&B (critiques, nouvel album 2025)


Ce vendredi 8 août, Craig David publie “Commitment”, le 9e album de sa carrière. Désormais indépendant et loin du faste de ses débuts, l’artiste de 44 ans continue de tracer sa route. Décrit comme un retour aux sources moderne, le projet de 13 pistes est, pour le chanteur, un moyen de célébrer le R&B tout en guidant ses auditeurs vers des sonorités actuelles qui lui sont chères. Pour ce faire, l’interprète de “Walking Away” invite notamment sur cet opus, Tiwa Savage l’une des stars de l’afro-pop mais aussi JoJo, une artiste qui comme lui a marqué le début des années 2000 avant de poursuivre sur une voie plus confidentielle. De grand espoir du R&B à artiste oublié du grand public, qu’est-il arrivé à Craig David et pourquoi a-t-il longtemps disparu des écrans radars ?

CRAIG DAVID - ALBUM 2025

Craig David : un début de carrière prometteur 

Lorsqu’il a débarqué sur le devant de la scène en l’an 2000, Craig David est instantanément devenu un artiste phare du R&B. Tout droit venu d’Angleterre, il s’est imposé sur un marché majoritairement dominé par les artistes américains. Porté par des hits inoubliables tels que “7 days” ou encore “Walking Away”, son premier album “Born To Do It” est aujourd’hui encore considéré comme l’un des meilleurs albums de R&B. Classé numéro 1 en Angleterre et vendu à près de 8 millions d’exemplaires dans le monde, le projet a valu à Craig pas moins de 6 nominations aux Brit Awards en 2001. Malheureusement, et en dépit de critiques très élogieuses, l’artiste est reparti bredouille. Des années plus tard, dans son autobiographie “What’s Your Vibe?”, Craig David écrira avoir été dévasté par cet échec qui lui a fait perdre confiance en lui. Qu’à cela ne tienne, il enchaîne dès 2002 avec un second album. Le premier ayant bien fonctionné aux États-Unis (Top 11 au classement Billboard), ses équipes décident d’américaniser son style pour lui permettre de prendre encore davantage d’ampleur sur le territoire. Plus sophistiqué, plus street, Craig David s’éloigne à ce moment-là de l’image douce et insouciante qui lui avait permis de se faire connaître. Pour le public anglais que l’on sait peu fidèle et rancunier, ce changement de cap est une petite déception. De plus, alors que la presse souligne déjà cette américanisation opportuniste, une émission de parodie va enfoncer le clou. Intitulé “Bo’ Selecta”, le show qui met en scène des célébrités sous forme de marionnettes présente alors Craig David comme un artiste un peu simplet qui n’a pas d’autres ambitions que de percer aux USA.

Critiques, parodies : son obsession américaine a tout chamboulé

Aujourd’hui, quand les médias (presse, youtubeurs …) s’intéressent à ce qui a détruit la carrière de Craig David, c’est cette émission et le changement qui est survenu entre les deux premiers albums qui sont mentionnés. Néanmoins, malgré des ventes plus faibles (3,5 millions d’exemplaires vendus), le second album de Craig David a, lui aussi, été un succès. En Angleterre, en France, en Australie, “Slicker Than Your Average” a d’ailleurs obtenu plusieurs certifications. Là où le bât blesse, c’est aux États-Unis. En effet, alors même qu’il avait été pensé pour ce territoire, l'album a déçu sans jamais atteindre les chiffres du premier. Avec ce résultat, et s’il avait tenu compte des critiques et des parodies, Craig David aurait dû voir les signes. Toutefois, pour son 3ᵉ album “The Story Goes” qui sort en 2005, il quitte son petit label anglais pour rejoindre Warner avec toujours, une ambition américaine. Néanmoins, une fois l’album enregistré, le label ne croit pas du tout au potentiel du projet et celui-ci ne sera d’ailleurs pas officiellement distribué en Amérique. Réussissant quand même à convaincre l’Angleterre et la France, Craig David écoule 500.000 exemplaires de son 3ᵉ album mais le mal est fait et l’étiquette du flop lui colle désormais à la peau. À la conquête des États-Unis qui ont déjà Usher et Justin Timberlake dans un registre similaire, l’artiste se noie dans la masse. Sans jamais totalement s’arrêter, et hormis une pause entre 2010 et 2016 pour se consacrer à sa passion pour le fitness, Craig David va continuer à publier des projets. Plus POP, plus dance son 4ᵉ album sera descendu par la critique et sa carrière n’aura plus jamais la même résonance. Comble d’ironie, alors qu’il avait tout quitté pour partir s’installer aux USA en 2009, l’Angleterre est encore aujourd’hui son marché principal. Malgré des ventes plus confidentielles, il a toujours, sur ses terres, réussi à rester connecté avec son public. Dans son autobiographie parue en 2023, il déclare avoir mal vécu les critiques qui le désignaient comme une personne opportuniste et arrogante. Concernant l’émission “Bo’ Selecta” qui se moquait ouvertement de lui, il indique avoir vécu cela comme du harcèlement et c’est ce qui aurait motivé sa décision de partir plus tard, s’installer en Amérique... En conclusion, la carrière de Craig David a donc été stoppée par son rêve américain. Paradoxalement, les premières critiques concernant ce rêve sont arrivées bien avant qu’il ne prenne vraiment forme. S’il devait refaire l’histoire, il y a fort à parier que Craig David ne prendrait pas les mêmes décisions…

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