Peut-on encore faire de bons slashers ? (“La Nuit des Clowns”, “Souviens-toi l’été dernier”)
Ces derniers mois, impossible pour les fans de cinéma d’horreur de ne pas trouver leur bonheur dans les salles obscures. Bien représenté, le genre surprend, et ce, notamment avec des œuvres conceptuelles telles que “Weapons” ou encore “The Substance”. Outre le fait d’être des succès critiques, ces deux films ont été des cartons au box-office et ils ont prouvé que le cinéma d’horreur pouvait encore faire venir en salles un autre public que celui déjà acquis. Néanmoins, du côté du slasher qui continue aussi de vivre et de se développer, les succès sont moindres et une question se pose : peut-on encore faire un bon slasher ?
Le slasher en 2025 : encore la fin d'un cycle ?
On ne va pas retracer toute son histoire, ni même tous ses codes, mais historiquement, le slasher est un genre qui a connu plusieurs vies et qui a évolué à mesure des époques en gardant dans sa structure des éléments clés. Victimes plus ou moins innocentes, vengeurs masqués, courses poursuites et violences graphiques, le slasher apparu pour la première fois dans les années 70 a traversé le temps en s'adaptant toujours plus à son époque. Ainsi, s'il a pu revenir au sommet à la fin des années 90 après une longue période de vaches maigres, il a reperdu de sa superbe avant de connaître un nouveau sursaut il y a quelques années. Principalement composé de reboot, de legacy-quel et de suites en tous genres, ce dernier acte semble toucher à sa fin. En effet, après l’échec commercial du dernier “Souviens-toi l’été dernier” qui n’a pas réussi à convaincre autant qu’espéré, force est de constater que la recette tourne en rond. Certes, les suites et reboots ravivent la nostalgie des fans de la première heure, mais elles ne ramènent plus avec elles, l’émotion et les sensations que pouvaient procurer les épisodes originaux. Quand il ressuscite des sagas, le slasher devient un adepte du fan-service qui semble rouler en pilote automatique. Malgré quelques twists comme dans le dernier “Destination Finale” qui a essayé de jouer avec la temporalité pour ne pas répéter sa recette, le slasher s'essouffle et rien ne présage cette fois une nouvelle renaissance.
Où sont passés les personnages iconiques ?
Si les sagas de slashers sont en crise, Hollywood pourrait décider de miser sur le renouveau. Toutefois, aucune nouvelle franchise n’a réellement réussi à émerger avec succès depuis longtemps. Malgré des tentatives (“Heart Eyes”, “Thanksgiving”,...), le résultat est toujours le même, le slasher souffre de ses propres codes. Ainsi, si le genre a toujours mis en scène des personnages caricaturaux, il n’arrive plus aujourd’hui à nous faire susciter pour eux une once d’empathie. En ce sens, si l’on se moque des personnages, difficile de faire monter la tension et donc d’instaurer une ambiance angoissante. En salles cette semaine, le film “La Nuit des Clowns” est un bon exemple de ce phénomène. Dans ce film, où les jeunes d’une petite ville américaine sont pris à partie par des clowns vengeurs, aucun personnage n’a de substance. Antipathiques, à la limite du détestable, surjoués, ils errent dans le film en attendant simplement de subir le sort fatidique. Certes, c’est pour cette raison que l’on va voir les slashers, mais il n’y a désormais plus rien d’appréciable chez les nouveaux protagonistes. Là où les premiers “Scream” et “Souviens-toi l’été dernier” avaient réussi à nous faire apprécier des personnages tels que Tatum ou encore Helen Shivers qui sont énervantes, mais iconiques, rien de tout ça ne se passe avec les personnages actuels. Pire encore, les héros manquent également de caractère, de profondeur et ceux-ci se suivent sans jamais rester dans les mémoires. Si tout le monde connait les noms de Sidney Prescott et de Laurie Strodes, qui est capable de dire ceux des héroïnes qui ont porté les œuvres récentes ?
Un problème avec la formule ?
Si les personnages et leur développement sont le gros point noir des slashers modernes, ils ne sont pas les seuls responsables de sa chute. En effet, l’autre défaut des slashers est qu'ils ne réussissent plus à surprendre visuellement. Dans les slashers des années 70, le tueur était souvent muni d’une arme blanche ou d’un objet iconique (tronçonneuse, hache) et tout ou presque reposait sur cet élément. Ensuite, le genre a évolué et les mises à mort sont devenues plus graphiques. Une porte de garage, une échelle, l'environnement le plus banal pouvait devenir une arme fatale. Aujourd’hui, les slashers tentent toujours de jongler entre les deux formules. Néanmoins, la surprise n’est plus la même. Est-ce parce que l’on a déjà tout vu ou parce que les effets visuels sont devenus moins inventifs ? Peut-être un peu des deux. Avant l’arrivée des effets spéciaux, les réalisateurs et les équipes de maquillage redoublaient d’efforts pour créer des visuels qui se rapprochaient au maximum de la réalité. Aujourd’hui, tout semble surfait et quasiment irréel. Comme en témoigne le succès de “Terrifier” (qui va parfois un peu trop loin) le spectateur veut du vrai, du gore, du fait main. En allant voir un slasher, on s’attend à être surpris. On veut détester l’antagoniste, ne pas comprendre ses motivations et surtout s’inquiéter pour le sort des pauvres victimes. La formule a l’air simple, mais les studios et les nouveaux réalisateurs ont perdu la maîtrise.
Commentaires
Enregistrer un commentaire